L’élection d’un premier chef racisé d’un parti fédéral est historique.
Mais ces militant-e-s disent également que cette victoire est importante parce qu’il a gagné l’élection avec les promesses modérées concernant les politiques sur le logement. Dans Burnaby-Sud, comme à Vancouver, il y a un haut taux d’occupation des logements. C’était l’enjeu principal dans la partielle. Mais, ses promesses étaient très timides : éliminer les impôts fédéraux pour la construction des logements abordables, et créer un crédit impôt pour les gens qui dépensent plus que 30 % de leurs salaires sur leur logement.
Ces mesures ne devraient pas être une surprise pour celles et ceux qui ont suivi son travail comme chef adjoint de l’aile parlementaire du NPD en Ontario. Le NDP-Ontario a défendu des mesures minimales, comme une réduction d’impôt sur les frais d’électricité, ou la réduction de 10 % des assurances-auto privées, plutôt que des politiques progressistes.
La victoire dans Burnaby-Sud aurait dû être facile. Le siège s’est libéré quand Kennedy Stewart, l’ancien député du NPD, a démissionné, pour se présenter comme maire de Vancouver. Le parti a mis toutes ses ressources dans la campagne pour gagner. La candidate libérale a dû démissionner au départ, et a été remplacée par Richard Lee. Le scandale de SNC-Lavalin a joué un rôle pour diminuer la popularité du Parti libéral.
Stewart a gagné par seulement 500 voix en 2015, avec une participation de 60% des électeurs. Singh a gagné par presque 3000 voix, mais le taux de participation a été de 30% seulement.
Loin de son caucus à Ottawa, il était clair que Singh avait des problèmes avec ses collègues élus avant sa victoire. La position qu’il a prise par rapport au Venezuela, par exemple, a été contredite par la députée responsable des Affaires étrangères, Hélène Laverdière. Il y avait des tensions concernant la façon dont Singh a géré les plaintes contre le député Erin Weir, de Regina. Singh l’a mis à la porte et Weir siège actuellement comme indépendant.
Est-ce que ces tensions sont toutes liées au fait que Singh n’était pas encore un député, ou est-ce qu’il y a d’autres problèmes au sein du parti ?
Il existe de profonds problèmes au sein du NPD. Depuis des années, le parti a mis de l’avant des positions timides en dépit de la montée en popularité des politiques de gauche sous l’influence des compagnes de Bernie Sanders aux États-Unis et Jeremy Corbyn dans le parti travailliste de Grande-Bretagne.
Avant l’élection de Singh, le virage à droite était remarquable. C’est peut-être trop facile de dire que les politiques timides sont la faute de Singh. Comme l’a noté le militant syndicaliste Dave Bush : « … il serait injustifié de laisser porter tout le blâme sur Singh. Il existe un réel danger qu’un blâme uniquement porté envers Singh puisse ouvrir la porte à des conclusions racistes par rapport au premier chef racisé d’un grand parti au Canada. Dès le départ, pendant la course à la direction il y avait eu des récriminations au sein du NPD concernant les nouveaux visages et les adhésions volatiles dans le parti.”
Mais eu même temps, Singh a gagné avec un appui enthousiaste des nouveaux membres, et des jeunes membres. Il semblait que Singh n’a pas trouvé une façon d’assurer qu’ils et elles puissent s’impliquer dans le parti. Le niveau des dons et le nombre des membres sont en recul. Et, deux mandats après le vague orange, il y a plusieurs député-e-s qui ne se représentent pas en octobre.
Il n’y a aucun doute ; le chemin vers la victoire pour le NPD va passer par la gauche.
Mais ni Singh, ni son parti n’ont montré qu’ils sont capables d’aller assez loin pour prendre le contrôle du message politique en automne 2019. Il a été le candidat du centre pendant la course à la chefferie pour le parti. En disant ça, rappelons que le retour de Svend Robinson, connu pour être de l’aile de gauche du NPD, peut signaler qu’une renaissance d’une gauche est possible, même si cela n’est pas probable.
À Burnaby-Sud, le nouveau parti de Maxime Bernier a recueilli 11% des voix. C’était clair que Bernier pose un problème à Andrew Scheer, chef du Parti conservateur. Si Bernier divise les votes des Conservateurs dans un assez grand nombre circonscriptions, la possibilité que Scheer puisse gagner est menacée par la popularité de Bernier. On ne sait pas comment Trudeau va se sortir de la controverse avec SNC-Lavalin et son ancienne Procureure Générale, Jody Wilson-Raybould, mais c’est évident que les Canadiens ont besoin du NPD pour se voir offrir des politiques clairement à gauche.
Est-ce que Singh est capable de guider son parti vers le gauche ou est-ce qu’il pense que lui et son équipe suivent le bon chemin. Pour tourner à gauche, c’est vraiment maintenant ou jamais.
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