Publié le 24 septembre 2018 Denis-Daniel Boullé
La campagne électorale ne vous a pas fait vraiment rêver ? Pour celles et ceux qui rêvent d’un projet de société, d’un futur qui rassemble une population, un peuple, un pays, nous devrons attendre. Entre saupoudrage de promesses pour que les Québécois.es moyen.ne.s ait un peu plus d’argent dans leur portefeuille selon le premier mi-nistre sortant Philippe Couillard et le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), et des réponses à la pièce selon le public rencontré, l’éducation, la santé, rien ne nous garantit que l’on se réveillera plein d’espoir le 1er octobre passé.
Rarement une campagne n’aura vu autant de candidat.es ouvertement LGBTQ et ceci tout parti confondu, 27 en tout. La palme revient à Québec Solidaire avec 12 candidat.es. Et plus, puisque des personnes trans se sont présentées. On pense bien entendu à Michelle Blanc dans Mercier pour le PQ ou à Caroline Trottier-Gascon dans Vimont pour QS.
Si tous les partis ont leur candidat arc-en-ciel, c’est qu’indépendamment du genre ou de l’orientation sexuelle, il n’y a pas une vision politique, économique et sociale partagée par nos communautés. On le voit bien dans Sainte-Marie-Saint-Jacques où se trouve le Village. Pour déloger la députée sortante, Manon Massé, le PQ présente une femme non-binaire, Jennifer Drouin, et l’on a tassé du côté du PLQ la candidate pressentie, Anna Klisko pour la remplacer par un candidat bien connu dans le communautaire LGBTQ, l’avocat Louis Charron. Une bonne stratégie ? Le 1er octobre nous le dira. Il faut tenir compte que la majorité des LGBTQ ne vivent pas dans ou autour du Village.Il est vrai qu’il n’y a jamais eu d’études menées pour connaître l’orientation politique des personnes LGBTQ. Et le fait que QS présente une majorité de candidat.es arc-en-ciel ne peut être un indicateur des intentions de vote de nos communautés. Présent.es dans tous les partis, on peut y voir une communauté hétérogène quant aux enjeux sociaux et économiques actuels. D’autant que les grands dossiers autour de la reconnaissance sociale et légale de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre sont en voie de règlement ou font partie des prochains chantiers et ce quelque soit le prochain gouvernement élu.
Une bonne chose en fait qui prouve que contrairement aux discours de certain.es chroniqueur.es, les personnes LGBTQ ne sont pas intéressées qu’aux sujets qui les concernent en tant que minorité. Comme le reste de la population, ses centres d’intérêts sont beaucoup plus larges, et plus diversifiées. Elles travaillent, elles sont des familles, elles sont jeunes, elles sont des aînées ; fonctionnaires ou ayant leur propre entreprise, elles ont des besoins en santé, en éducation, et ont aussi des inquiétudes écologiques. Aucune différence.
D’autant plus que les grands partis en lice nous aiment. Il est à peu près sûr que le plan national de lutte contre l’homophobie mis en place par le gouvernement sortant continuera. Au mieux, il sera bonifié mais sans grand changement.
Ce que l’on peut souhaiter alors du prochain gouvernement, c’est une plus grande implication des autres ministères dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Le plan en place dépend du ministère de la justice mais serait dans les textes intermi-nistériels. Des sources ont confirmé qu’au cours des cinq premières années de l’existence de ce programme, des ministères comme ceux de la santé, de l’éducation, entre autres, ne se sont pas trop manifestés. Le secrétariat aux aîné.es a été plus un peu plus actif, à l’initiative de la ministre en poste à l’époque, Marguerite Blais.
Reste aussi une demande réité-rée depuis plus de 20 ans, c’est un meilleur financement des organismes communautaires, pas seulement en aide financière, mais une aide logistique pour les plus petits organismes qui peinent à accomplir leur mission. Le bénévolat a ses limites.
Enfin, tous les programmes de sensibilisation et d’information pour lutter contre l’homophobie et la transphobie sont tournés vers la population en général, en milieu de travail, en éducation, envers les professionnels de la santé et des services sociaux, il serait bon aussi que de tels programmes soient proposés en direction de nos communautés. Les manifestations transphobes, sérophobes, lesbophobes, sexis-tes et racistes proviennent aussi de nos communautés et démontrent que l’intolérance et le rejet ne sont pas l’apanage des cisgenres hétérosexuels.
Même si nos souhaits ne sont pas des urgences ou des prio-rités dans les programmes des grands partis, il faudra toutefois rester vigilant et ne pas s’empêcher de rappeler nos élu.es au pouvoir de ne pas s’endormir face aux enjeux LGBTQ.
Quels sont les partis les plus ouverts aux questions LGBTQ ?
Québec solidaire, qui a toujours soutenu les minorités sexuelles ?
Le Parti québécois, qui a été l’artisan de l’union civile pour les conjoints de même sexe en 2002 ?
Le Parti libéral du Québec qui, après de grandes consultations avec les organismes, a mis en place le Plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie ?
La CAQ ? Si le parti devait former le prochain gouvernement, il devrait faire ses preuves dans ce domaine. Contrairement aux autres partis, aucun candidat de la CAQ n’a en charge les dossiers LGBTQ, mais il serait surprenant (j’ose espérer) en cas de victoire que la Coalition ne s’enligne pas sur la tendance actuelle, de faire un peu plus attention à nous.
Et peut-être aussi, demander au prochain gouvernement élu de faire de la sensibilisation et de l’information auprès de la chro-niqueuse du Journal de Montréal, Lise Ravary, qui encore récemment dans une chronique sur la Fédération des femmes du Québec qui n’a émis aucun communiqué de presse pour rendre hommage à Lise Payette, en a profité pour étaler sa transphobie chronique.
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