En réduisant leur production, les producteurs d’aluminium visent à faire grimper les prix. Si on ajoute le fait qu’Hydro-Québec est dans l’obligation d’acheter l’énergie non consommée par ces installations, quelle meilleure occasion pouvait représenter le lock-out pour non seulement diminuer ses stocks en récupérant sur les salaires, mais en encaissant des sommes importantes pour la vente d’électricité dont la société d’État n’a même pas besoin ? Un chausson avec ça ?
Les effets de la diminution de production se font déjà sentir puisque le prix de l’aluminium a augmenté de 300 $ la tonne, ce qui représente pour l’ensemble des usines de RTA un bénéfice supplémentaire d’un milliard de dollars pour 2012. Tout laisse croire que l’employeur avait bien planifié son coup.
Nous avons de quoi nous indigner, d’abord parce que Alcan, le bon citoyen corporatiste qu’il est, joue avec l’économie de la région, comme on joue une grosse partie de poker : en sacrifiant une main pour encaisser davantage en bout de piste. Ensuite, parce que comme citoyens du Québec, propriétaires de notre société d’État, nous subventionnons cette arnaque à même nos tarifs d’électricité, car n’en doutons pas, le manque à gagner se traduira par une diminution du revenu net d’Hydro-Québec.
Je vous avoue qu’il devient de plus en plus complexe pour le représentant syndical que je suis de composer avec les continuelles demandes d’efficiences qui nous sont adressées à l’intérieur des murs d’Hydro-Québec, alors qu’on impose à la société d’État de lancer l’argent par les fenêtres en faisant l’acquisition d’énergie dont elle n’a pas besoin. Il y a un flagrant manque de cohérence, sans doute le résultat de cette trop grande proximité du gouvernement dans les choix stratégiques d’Hydro-Québec et ses relations devenues presque incestueuses avec les multinationales. Quand cesserons-nous d’agir en colonisés ?
Réjean Porlier, président provincial du Syndicat des technologues d’Hydro-Québec (SCFP 957)
Sept-Îles, le 14 mars 2012