Un autre ministre conservateur, Christian Paradis, avait pourtant affirmé, à l’arrivée du premier contingent de l’armée au début mai, que celle-ci resterait aussi longtemps qu’il le faudrait. Monsieur Paradis se disait préoccupé par le moral des citoyens et il souhaitait que les soldats continuent leur « beau travail ». C’est avec regret que les citoyens ont vu partir plusieurs dizaines de soldats après un retrait « temporaire » des eaux. Et si leur retour en force a été très apprécié à la suite des reprises des inondations, on est très déçu, non seulement chez les sinistrés, mais aussi partout au Canada, que le gouvernement ne les autorise pas à continuer ce « beau travail » de soutien aux populations pendant les opérations de nettoyage.
En visite sur le terrain à la fin mai, le chef du NPD, Jack Layton a parlé de la nécessité de redéfinir le rôle de l’armée afin de mieux répondre aux urgences. « Je vais demander au gouvernement de changer le mandat (de l’armée) parce qu’on a besoin d’une certaine flexibilité », a indiqué M. Layton en point de presse.
La population québécoise est depuis longtemps préoccupée par l’orientation militariste du gouvernement conservateur. Les opérations de combat de l’armée canadienne en Afghanistan impliquent la participation d’environ 950 militaires, et celles en Libye en mobilisent environ 500. Il s’agit de missions guerrières, qui en plus de menacer la vie des soldats et de nombreux civils, engagent des fonds publics pour plusieurs milliards de dollars.
Sur le site de la Défense nationale du Canada, on peut lire : « L’Armée de terre protège les Canadiens, le Canada et leurs intérêts (...) en aidant les pouvoirs provinciaux et autres lors de catastrophes naturelles, comme des tremblements de terre, des tempêtes, des incendies de forêt ou d’autres urgences ». Mais le peu d’intérêt du gouvernement Harper pour appuyer les sinistrés canadiens démontre clairement que les conservateurs préfèrent… combattre à l’étranger.
Avec un budget annuel de près de 23 milliards $, l’armée dispose de ressources plus que suffisantes pour jouer un rôle crucial dans le soutien aux victimes de catastrophes naturelles. Aider les vivants et construire, plutôt que participer à des missions de guerre qui tuent et détruisent, voilà ce à quoi une majorité de Canadiens et de Québécois aspire.
Ici, ce ne sont pas les soldats qui sont à blâmer, mais bien le gouvernement qui définit leur rôle. Et à l’évidence, les Canadiens n’ont pas la même vision que M. Harper et ses ministres quant au rôle que peut et doit jouer notre armée.