En 2017, l’agrandissement du Port de Québec représente une aberration complète. Pour Québec solidaire, il est inconcevable d’agrandir un port pétrolier et polluant situé au centre-ville de notre capitale nationale. L’alternative est claire : miser sur des activités portuaires récréotouristiques, améliorer l’accès au fleuve pour la population, protéger le paysage et déménager progressivement les activités de transit industrielles vers des lieux plus appropriés. Au lieu du projet “Beauport 2020”, défendu par l’élite politique municipale, provinciale et fédérale, la population invite à un développement plus respectueux de ses droits.
La mauvaise réputation du Port n’est plus à démontrer. Depuis plus de 40 ans, le Port émet consciemment des poussières toxiques sur la population du centre-ville et dans le fleuve. Le Plan Nord des Libéraux a empiré : le transit de métaux lourds cancérigènes a augmenté dans les 10 dernières années. Qui n’a pas entendu parler des épisodes répétés de poussière rouge dans le quartier Limoilou à Québec ?
Il aura fallu une mobilisation avec une expertise scientifique citoyenne pour forcer les institutions à bouger. La réponse du Port n’a pas été la hauteur des demandes : après avoir nié le problème, il s’est contenté d’arroser les tas de minerais concentrés, ce qui n’empêche pas d’avoir des dépassements des normes et de continuer de polluer les quartiers voisins. Pourtant, un grand nombre de villes dans le monde ont forcé leur port à faire le transbordement de vrac minier sous couvert, ce que le Port de Québec refuse de faire.
Aujourd’hui, le Port de Québec ose parler d’agrandissement. Ses dirigeants ont reconnu publiquement qu’ils ont mal géré et entretenu leurs infrastructures. L’agrandissement serait vital pour financer l’entretien qu’ils n’ont pas fait, il c’est le gouvernement qui devrait ouvrir ses coffres pour financer l’agrandissement du Port dans le St-Laurent. La population aura à vivre avec les conséquences : augmentation du trafic de vrac solide mais aussi de matières dangereuses comme du pétrole et des produits chimiques.
Les autorités du Port veulent profiter des infrastructures déjà présentes, et particulièrement des voies ferroviaires. Le réseau de chemin de fer est pourtant déjà surchargé de trains pétroliers à Québec. Ces bombes sur rails, qui ont fait des ravages au Lac-Mégantic, roulent à travers la ville, à proximité de plusieurs écoles et au cœur de quartiers résidentiels.
Les élus, au lieu de tendre l’oreille aux préoccupations des gens qui subissent déjà les conséquences, se sont rangés avec enthousiasme du côté du Port. Le maire Labeaume a affirmé qu’il « s’opposera à tous ceux qui s’opposent ». Le député libéral des quartiers environnant le port, André Drolet, assure que celui-ci adopte les « meilleures pratiques ». Rappelons-lui que le gouvernement du Québec est pris dans un débat juridique, puisque le Port refuse d’appliquer les lois québécoise. À Ottawa, le ministre des Transports, Marc Garneau, a déclaré qu’il « voit ça de façon très, très positive, l’agrandissement du Port de Québec ». Du côté de la population, deux recours collectifs sont en cours contre le Port.
Au lieu de cet appui sans réserve aux lobbys portuaire, pétroliers et minier, il est temps que les élus écoutent la population et rappellent le Port à ses devoirs en l’obligeant à faire le transbordement minier actuel sous couvert et en l’obligeant à développer ses installations portuaires industrielles à l’extérieur du centre-ville. Il est temps de faire le choix d’activités portuaires dignes du 21e siècles, d’appuyer le développement récréotouristique au centre-ville, d’améliorer l’accès au fleuve pour la population et de déménager progressivement les activités de transit industrielles vers des lieux plus appropriés.
Il en va de la sécurité, de la santé et de la qualité de vie de la population.
Sébastien Bouchard, co-porte-parole de Québec solidaire Jean-Lesage
Manon Massé, députée de Sainte-Marie-St-Jacques et co-porte-parole de Québec solidaire