Voilà plus de deux ans que la Coalition pour l’accessibilité aux services des CLE (CASC) demande au Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale d’agir pour que des agentEs d’aide financière soient ajoutéEs dans les CLE de manière à ce que toutes les personnes sans emploi puissent avoir accès à des services adéquats. Le 11 novembre dernier, le Syndicat de la fonction publique du Québec a aussi fait appel à la Ministre Julie Boulet pour qu’elle permette à l’Agence d’Emploi-Québec d’embaucher du personnel.
Plus tôt cet automne, la CASC rencontrait à nouveau Julie Boulet. La Ministre a alors renouvelé son engagement à ce que toute personne qui en fait la demande puisse rencontrer unE agentE d’aide financière à son CLE. La CASC s’interroge sur la sincérité de cet engagement vu l’état de la gestion du personnel dans les CLE. Le nombre d’agentEs qui s’occupent de l’accompagnement des personnes à l’aide sociale y a significativement diminué au cours des années : goûtant à la médecine libérale, 6 agentEs sur 10 qui quittent pour la retraite ne sont pas remplacéEs.
Le contact avec les agentEs est pourtant essentiel pour faciliter l’accès à l’aide sociale. Peu de personnes sont au courant du nombre impressionnant de documents, à la nature parfois extravagante, qu’il faut fournir au gouvernement pour être admissible à cette aide. Quand il en manque un, le chèque est retenu et le dossier de la personne peut être fermé. La personne qui désire des précisions sur les documents à fournir ou qui a besoin d’une extension du délai pour les remettre doit donc pouvoir contacter rapidement son agentE, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Par manque de temps ou pour respecter leurs consignes, les agentEs refusent de plus en plus de rencontrer les personnes à l’aide sociale qui ont des interrogations sur leur dossier. De plus, la communication par téléphone est ardue, car les numéros de poste des agentEs sont tenus secrets. Plusieurs prestataires ne réussissent pas à les rejoindre à temps pour éviter une annulation de leur chèque. Jasmin, un ex-résident d’une ressource d’hébergement pour jeunes en difficulté, témoigne de sa mauvaise expérience : « Moi je trouve ça dommage qu’il n’y ait pas plus de rencontres avec les agents. Le premier mois et demi, j’étais vraiment tout seul et je ne comprenais rien à ce système là ! » Rappelons que pour être admisE à l’aide sociale, les prestataires doivent avoir épuisé l’ensemble de leurs économies. En cas de retard dans l’arrivée du chèque, les prestataires ne possèdent aucune marge de manœuvre et sont d’autant plus à risques de se retrouver à la rue. L’itinérance, les problèmes de santé et la détresse psychologique qui peuvent en découler entraînent une violation de plusieurs droits fondamentaux des personnes. La CASC demande à la Ministre de respecter ses engagements et d’être cohérente : la réduction de la taille de l’État ne peut continuer de se faire sur le dos des personnes les plus appauvries de notre société.
La Coalition pour l’accessibilité aux services des centres locaux d’emploi (CASC) s’est formée à l’automne 2004, à la suite d’une réorganisation des services à la Sécurité du revenu. La CASC a pour mandat la défense des droits des personnes qui reçoivent de l’aide de dernier recours, l’amélioration des communications aux prestataires et l’humanisation des services du MESS.
Pour la CASC :
Maxime Boucher, Intervenant en action collective au Regroupement des Auberges du cœur du Québec
Marie-Ève Duchesne, porte-parole pour le Front commun des personnes assistées sociales du Québec
Florence Richer, organisatrice communautaire à Projet Genèse