Un important enjeu de société à Québec est l’avenir « nourricier » des Terres des Sœurs de la Charité (TSC). Cette congrégation y a opéré pendant plus d’un siècle une ferme associée à l’ex-Centre hospitalier Robert-Giffard. Enclavées dans une agglomération de 600 000 habitants, ces terres de qualité sont cultivées en continu depuis 350 ans.
Aberration pour les « développeurs » d’une époque révolue, cette situation présente pourtant des avenues extraordinaires : sécurité alimentaire, circuits courts, reconnexion ville-agriculture, lutte contre les changements climatiques, éducation et patrimoine, autant de valeurs qu’incarne cette propriété de quelque 200 hectares.
En partie grâce à une mobilisation citoyenne, un agrandissement du périmètre d’urbanisation incluant les TSC a été rejeté par le gouvernement du Québec en 2019, amenant la Société Terres d’espérance à récemment les rétrocéder à la congrégation.
Ce retournement de situation donne lieu à diverses réflexions pour bâtir un consensus quant à leur vocation future. Mais un avenir « nourricier » n’est pas acquis. Il manque un projet fédérateur, ralliant les bonnes volontés autour de l’objectif d’une vocation agricole de proximité pour, dans un premier temps, mener à une acquisition, vraisemblablement par une fiducie agricole. Ces terres y seraient définitivement à l’abri de la spéculation et préservées pour les générations futures. La démarche devrait déboucher sur leur mise en valeur en tant que site exceptionnel d’agriculture urbaine. Avec ce modèle unique le Québec ferait parler de lui !
Des partenaires essentiels
Pour passer à l’acquisition et à la mise en valeur, le soutien du gouvernement québécois et de la Ville de Québec apparaît essentiel. Un projet « TSC-Nourricier » crédible, novateur et susceptible d’attirer les investissements requis devra s’intégrer à une véritable stratégie d’agriculture urbaine de la Ville de Québec, et être sécurisant et motivant pour les Sœurs de la Charité.
Certains faits justifient un engagement du gouvernement :
Il a refusé d’inclure ces terres zonées agricoles dans le périmètre d’urbanisation de l’agglomération de Québec.
Depuis plus d’un an, il incite fortement les Québécois à l’achat local.
Son ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation reconnaît que « les terres des Sœurs de la Charité, par leur qualité agronomique et leur localisation unique, sont des terres agricoles exceptionnelles qui constituent un patrimoine inestimable pour la population québécoise. » 1
L’avenir des TSC sera un enjeu de la campagne électorale à Québec ; un parti s’est déjà engagé2
. Nous souhaitons une unanimité autour de cette question pour que l’administration municipale tourne définitivement le dos à l’urbanisation.
Soyons clairs : nous ne demandons pas aux pouvoirs publics d’acquérir cette propriété mais cette option est possible. Des contributions financières significatives de leur part seraient normales. Le gouvernement et la Ville pourraient aussi aider en accompagnant une démarche vers une agriculture de proximité multiforme.
Enfin, les religieuses pourraient faciliter un retour à la collectivité de ces terres patrimoniales en acceptant de considérer une offre d’achat compatible avec une vocation agricole.
Les TSC ont acquis une valeur de symbole quant à la résistance face à une conception dépassée de l’aménagement urbain. Il faut maintenant qu’elles deviennent emblématiques d’une intégration réussie de l’agriculture en ville pour faire de Québec un leader en cette matière.
Nombre de signataires : 160, dont 30 groupes et 129 citoyens et citoyennes
Institut Jean-Garon et Voix citoyenne (initiateurs)
Syndicat UPA Québec-Jacques-Cartier
Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale-Côte-Nord
Union paysanne
Protec-Terre
Les Urbainculteurs
Craque-Bitume
AmiEs de la Terre
Au coin de ma rue, une forêt qui nourrit
Les Incroyables comestibles de Charlesbourg
Croque mon potager - Maizerets
Chantier se nourrir concertation en sécurité alimentaire à Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge
Forêt Charlesbourg
Organisme citoyens Croque ton quartier
Mouvement pour une ville Zéro déchet
Transition Capitale-Nationale
Table citoyenne Littoral Est
1 Réponse du ministre André Lamontagne à une pétition déposée à l’Assemblée nationale en février 2021
demandant l’achat des TSC par le gouvernement du Québec – mars 2021
2 Bruno Marchand promet un immense jardin sur les terres des Soeurs de la Charité | JDQ (journaldequebec.com)
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