Ces professionnel-les en soins dénoncent non seulement les coupes budgétaires imposées au réseau depuis quelques années, mais également de nouvelles pratiques de gestion des effectifs qui font en sorte qu’elles se sentent de moins en moins valorisées et écoutées. Elles sont de plus en plus appelées à travailler dans des départements qu’elles ne connaissent pas. Elles sont de plus en plus obligées de faire des heures supplémentaires. La surcharge de travail devient intenable. De plus, la situation est lourde sur le plan émotionnel puisqu’elles sont de plus en plus nombreuses à terminer leurs journées de travail avec le sentiment qu’elles n’ont pas pu tout faire de façon satisfaisante à cause de facteurs sur lesquels elles n’ont aucune emprise. On note une hausse importante des arrêts de travail : en trois mois, plus de 10 % des membres du SPSIC-CSN ont eu recours à l’assurance salaire de courte durée.
« Ça ne peut pas durer, explique la présidente du syndicat, Sophie Leclair. À cause de notre engagement et de nos convictions, nous réalisons des petits miracles chaque jour pour assurer le maintien de la qualité des soins, mais si la situation continue de se détériorer, ce ne sera simplement plus possible. Toutes celles qui travaillent ici depuis longtemps savent à quel point la situation s’est dégradée ces derniers mois. Nous sommes convaincues que les solutions existent dès maintenant et que celles que nous proposons sont réalisables à court terme. »
Le syndicat propose notamment trois pistes de solution :
– Redonner de la stabilité d’emploi aux professionnel-les en soins ;
– Remplacer le personnel en absence dont les tâches retombent souvent sur le personnel en soins infirmiers, par exemple, le travail des préposé-es aux bénéficiaires et du personnel administratif ;
– Embaucher davantage d’infirmières auxiliaires et valoriser leur rôle afin de limiter la surcharge de travail des infirmières.
Un pas dans la bonne direction
En ce qui a trait au rôle accru des infirmières auxiliaires, le syndicat a remporté une petite victoire cette semaine, car la direction du CHU Sainte-Justine a procédé à l’embauche de 15 nouvelles infirmières auxiliaires, ce qui permettra de s’attaquer à la surcharge de travail des infirmières. Le syndicat entend toutefois maintenir la pression afin qu’on aille plus loin dans la recherche de solutions.
« C’est vrai que de tels problèmes ne sont pas uniques au CHU Sainte-Justine, poursuit Félix-Olivier Bonneville, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), lui-même infirmier au CHU Sainte-Justine. On voit bien que le personnel est à bout de souffle, partout au Québec. Au CHU Sainte-Justine, nous avons toujours été particulièrement fiers de notre capacité à offrir ce qu’il y a de mieux aux enfants du Québec. Nous allons continuer, au niveau national, à tout mettre en œuvre pour convaincre le gouvernement de l’urgence de réinvestir dans le réseau et de changer les orientations ministérielles, afin de valoriser tous les acteurs du réseau. Mais les établissements ont aussi la responsabilité de voir à ce que leurs décisions de gestion contribuent à rendre le travail attrayant en soins infirmiers et à assurer un environnement et des conditions de travail optimales au personnel afin qu’il puisse se consacrer entièrement au mieux-être de tous les enfants qui lui sont confiés. Actuellement, ce n’est pas du tout ce que nous voyons à Sainte-Justine. »
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