Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

50 ans après la naissance de Playboy. La tyrannie du nouvel ordre sexuel

Les années 1990 ont connu une explosion de la production et de la consommation de pornographie. Le territoire pornographique, qui était confiné auparavant dans le privé et le caché, s’affiche publiquement (Authier, 2002 ; Deleu, 2002) avec arrogance même. La pornographie fait « chic » (Pittet, 2002), branchée et moderne ; elle squatte la publicité et les médias.

tiré de : entre les lignes et les mots 2017 - 40 - 14 octobre : notes de lecture, textes, annonces et pétition

Certaines marques de luxe utilisent des images qui flirtent avec le sadomasochisme ou la zoophilie (Authier, 2001), d’autres, comme Dior, adoptent « l’esthétique » de la « tournante »1, appellation du viol collectif en France (Remy et al. 2001). La libération sexuelle des années soixante a accouché d’une vaste industrie libre-échangiste du sexe tarifé. En fait, le capitalisme a récupéré le sexe et a trouvé « vocation […] à marchandiser le désir, notamment celui de la libération, et par-là même à le récupérer et à l’encadrer » (Boltanski et Chiapello, 2002 : 226). Nous assistons à une inflation iconique (Debray, 1994 : 455), marquée par une sexualité exhibitionniste, agressive, hyperréaliste et frénétique, ponctuée d’actes sexuels de plus en plus extrêmes2 : gang bang, double et triple pénétration, zoophilie, bukkake, ondinisme, fisting, etc. Selon le hardeur et producteur de pornographie, HPG (2002), la simple pénétration vaginale ne suffit plus pour exciter les consommateurs.

L’objectif de cet article est d’examiner l’état actuel de l’industrie pornographique et de tirer un bilan des connaissances sur les effets de la consommation de la pornographie.

L’industrie pornographique aujourd’hui

L’industrie de la pornographie contemporaine a pris son essor au début des années cinquante, avec la création de Playboy (1953) et, depuis, a investi tous les moyens de communication moderne. Selon Dusch (2002 : 101), le chiffre d’affaires mondial de la pornographie « s’élève à près de 52 milliards d’euros »3. C’est la troisième industrie du Danemark. La vidéo pornographique représente à elle seule un marché de 19 milliards d’euros4 (Dusch, 2002 : 101). L’industrie hôtelière est complice : à chaque film visionné dans une chambre, elle reçoit 20% du prix de location. Les États-uniens dépensent entre 1 et 2 milliards de dollars US par le biais des cartes de crédit pour obtenir du matériel sexuel explicite via Internet (Lane III, 2000 : 34). En 1997, on dénombrait approximativement 22 000 sites Web proposant un contenu pornographique en accès libre ; en 2000, ce chiffre était passé à 280 000 sites (Hugues, 2001 : 28). Une enquête a dressé, en 1999, une liste de 30 000 sites pédophiles sur un total estimé à 4,3 millions de sites sur le Web (Guttman, 1999).

La vente de magazines à contenu sexuel diminue à mesure que les consommateurs se tournent vers la vidéo et Internet : les ventes du magazine Penthouse sont passées de plus de 3,5 millions par mois dans les années quatre-vingt à environ 850 000 aujourd’hui (CMESCE, 2002) ; les ventes du magazine Playboy poursuivent leur déclin en 2000, avec une baisse de 12% par rapport à l’année précédente (CMESCE, 2002). Par contre, les sites pornographiques font l’objet de plus de 27 millions de requêtes par jour (Hugues, 2001 : 41). De plus, « la croissance explosive de la diffusion de la pornographie, la commercialisation agressive […] piègent les internautes contre leur volonté » (Flores cité par Hugues, 2001 : 44), ce qui implique que la pornographie s’impose même à ceux qui ne désire pas la consommer.

En Californie, où se trouvent la majorité des infrastructures états-uniennes de production, l’industrie pornographique déclare employer 20 000 personnes et reverser 31 millions de dollars US en taxes à l’achat pour le seul secteur des ventes de vidéo (Hugues, 2001 : 38). En 2000, 11 000 vidéos pornographiques ont été produites aux États-Unis (Rich, 2001) et l’industrie du sexe en ligne a enregistré un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars (Hugues, 2001 : 38).

L’industrie internationale de la pornographie enfantine ou pédopornographie est, aux États-Unis, l’une des plus grandes « industries artisanales ». D’après des estimations d’experts, le chiffre d’affaires de la pornographie enfantine atteindrait aux États-Unis entre deux et trois milliards de dollars US par an (Ellengeber, 2002). Les producteurs de pédopornographie auraient filmé un million d’enfants seulement aux États-Unis (CMESCE, 2002). En 1996, le Premier Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle d’enfants à des fins commerciales, tenu à Stockholm, rappelait qu’un million d’images pornographiques et 40 millions de pages Internet étaient consacrées à la pornographie enfantine. La tendance est depuis à la hausse. En Allemagne, la police estime à 130 000 les enfants qui seraient contraints à des pratiques pornographiques (Ellenberger, 2002). Selon une enquête menée à l’Université de Pennsylvanie, entre 300 000 à 400 000 enfants sont contraints chaque année en Amérique à la prostitution, à la pornographie ou à d’autres formes d’exploitation sexuelle (CMESCE, 2002). Katrin Hartmann, secrétaire générale de l’Organisation contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, estime la situation encore plus grave dans les États de l’ex-Union soviétique : des organisations mafieuses ont découvert le commerce lucratif de l’exploitation des enfants (Ellenberger, 2002).

Peu coûteux et facilement accessible, Internet est utilisé comme « une vraie maison de vente par correspondance », non seulement pour le matériel pornographique, « mais également en vue de réellement vendre des êtres humains » (Walraet, 1999 : 32). Via Internet, les trafiquants proposent des guides spécialisés en ligne pour les touristes sexuels et les clients de la prostitution. La pornographie infantile ou pseudo-infantile (kiddie ou chicken porn) sur Internet constituerait, en 1995, 48,4% de tous les téléchargements des sites commerciaux pour adultes (Rim, 1995 : 1918). Bien que cette dernière étude soit contestée, le nombre de sites proposant des photos ou des films mettant en scène des « teenagers », des « young teens », des « schoolgirls », des « écolières » ou des « lolitas », indique une prédilection pour ce genre de pornographie. Les images créées pour assouvir les fantasmes des consommateurs de la pornographie infantile et qui sont produites à partir d’enfants, de pré-adolescents et d’adolescents sont très souvent le résultat d’abus sexuels. En fait, la pornographie mettant en scène des enfants est, en elle-même, un crime (Sellier, 2003) : « La pédopornographie est presque toujours l’enregistrement d’un crime en train d’être commis. Les enfants que l’on voit sur ces photos ont été, au moment où elles ont été prises, exposés à des actes dégradants et humiliants de caractère criminel. Sur certaines de ces images, ils sont battus ou brûlés ou sont exposés aux pires actes de dépravation sexuelle. Ils font l’objet d’une manipulation psychologiquement éprouvante pour les amener à poser de façon obscène avec d’autres personnes, y compris d’autres enfants. Aucune image pornographique d’un enfant n’a été produite sans que l’enfant souffre », peut-on lire dans un document déposé au deuxième Congrès mondial contre l’exploitation des enfants à des fins commerciales tenu à Yokohama (ECPAT, 2001). De plus, la pornographie est employée comme moyen pour faire accepter aux enfants des relations sexuelles avec un adulte aussi bien que de les amener à consentir à se prostituer (MacKinnon et Dworkin, 1997 ; Poulin, 1994 : chapitre II). La pornographie, dont l’un des effets est de banaliser la prostitution, est utilisée par des proxénètes pour enseigner aux filles les actes à exécuter dans la prostitution (Silbert et Pines, 1984).

En 2003, les enquêteurs américains ont retracé 250 000 pédophiles présumés à travers le monde à l’aide d’informations concernant des cartes de crédit colligées sur des sites de pornographie infantile. Dans le cadre de cette enquête, en janvier, les forces policières canadiennes dévoilaient l’arrestation de 42 Ontariens et indiquaient que plus de 2 000 Canadiens, dont 400 Québécois, étaient des suspects (Béraud, 2003).

Le sexe tarifé à la mode

Cette industrie mondiale et tentaculaire vise aujourd’hui la reconnaissance, proclame sa légitimité et s’achète une vertu. Elle a sa presse spécialisée, ses festivals de films, ses salons, ses chaînes spécialisées de télévision, ses créneaux horaires sur les chaînes généralistes, ses sites Internet qui foisonnent et qui sont dans les plus rentables de la toile mondiale (Lane III, 2000 : 34). En outre, elle a ses apologistes. Fière d’être une hardeuse, Ovidie, publie son Porno manifesto (2002), dans lequel elle prône une nouvelle culture du « féminisme pro-sexe »5, dénonce les « méfaits du féminisme moderne » comme un « faux féminisme » et légitime la pornographie, considérée comme libératoire. Sa pratique, c’est-à-dire sa consommation et sa production, serait une activité épanouissante6(6). Est-ce que, aujourd’hui, la pornographie peut être considérée comme un symbole de libération sexuelle, une contestation de l’ordre sociale, grâce, entre autres, à sa réappropriation par des femmes ? On peut en douter. « [L]a sexualité n’est plus interdite, mais c’est la dictature du code qui parle aujourd’hui le langage de la liberté », écrivait déjà en 1977, Bruckner et Finkielkrault. Dans l’univers du capitalisme libéral, où la norme sociale est si importante, la pornographie et ses images sont devenues des modèles, comme s’il ne s’agissait plus de savoir ou non aimer mais seulement consommer, autrement dit « baiser ». Cette obsession du plaisir à tout prix – une tyrannie selon Guillebaud (2001) – se traduit dans une sorte de course à la conformité, où le corps, féminin avant tout, subit de multiples transformations physiques (piercing, tatouage, chirurgie plastique) qui relèvent à la fois de la mode et de codes sociaux.

Pour Guillebaud (2001 : 16) « un extraordinaire tapage sexuel colonise aujourd’hui jusqu’au moindre recoin de la modernité démocratique », pour Krahenbuhl (2002), le sexe est à la mode et « les confessions sans culotte aussi ». C’est dans ce climat propice à l’exhibition que paraissent plusieurs récits de « hardeurs » (Anderson, 2001 ; HPG, 2002) qui bénéficient d’une médiatisation très importante7 et deviennent des vedettes grand public. Toutefois, les témoignages « explicites » de « hardeurs » ne sont pas nouveaux. Il y a en eu un certain nombre déjà, dont le plus pathétique est sans doute celui de Linda Marciano (1981), alias Linda Lovelace, la star du film culte Deep Throat – Gorge profonde – produit en 1972. Ce qui est nouveau, c’est la « pornographisation » – c’est-à-dire le recyclage d’archétypes pornographiques – de la publicité, de la littérature, de la télévision, de la presse écrite, des comportements sexuels, des fantasmes sexuels, etc. Cela est particulièrement évident dans les romans et dans les autofictions contemporains et au cinéma. Selon Xavier Deleu (2002 : 8), « la littérature connaît une vogue intimiste-obscène ». Pour Christian Authier (2002 : 13) « une nouvelle écriture féminine s’est emparée du sexe »8. Ces produits n’ont pas nécessairement la prétention d’être érotiques ou pornographiques, mais relèvent, selon l’expression de Bertrand et de Baron-Carvais (2001 : 199), du « porno parcellaire » : les scènes pornographiques occupent une place d’importance variable, mais ne sont nécessairement pas le fil conducteur du récit. Le sexe y est traité de façon (hyper)réaliste. Est-ce là une stratégie relevant du simple racolage pour percer dans un marché saturé ? Le fait est que jamais n’a-t-on été aussi proche de la description organique, qui est celle du X, où la chair est montrée de manière chirurgicale, voire gynécologique. De telles convergences ne sont pas fortuites : dans cette époque marquée par la marchandisation généralisée et la vénalité triomphante9, dans cette ère de l’extimité, c’est-à-dire de l’intimité surexposée (Tisseron, 2002), il y a un souci de rendre acceptable et banale la représentation pornographique. À tout le moins, la frontière entre le X et le non X n’est plus très claire, la pornographie s’ébat de plus en plus, avec succès, hors de son ghetto, en proposant de nouvelles normes sexuelles de plus en plus extrêmes. Aussi, des magazines destinés aux adolescentes, comme Vingt ans (dont le lectorat a en fait 16 ans), font écho à l’imagerie pornographique et la banalisent incroyablement. Un test dudit magazine range dans trois catégories les lectrices : « 1° La super extra-salope : « C’est bien, tu vas peut-être un peu loin, mais tu as de l’humour » ; 2° La salope normale : « Tu es fille de ton temps, moderne, c’est bien : tu as des aventures et un peu de sentiment, mais tu ne te laisserais pas avoir par ton mec s’il faisait la même chose » ; 3° La ringarde, le dinosaure présoixante-huitard comme il en existe encore, et dont se plaignent beaucoup les journalistes ». La journaliste du magazine féminin donne ses conseils. Et si la jeune fille n’entre pas dans les catégories prédéfinies majoritaires, c’est qu’elle est coincée. « C’est une plume prétendument très émancipatrice, mais qui en fait dicte des règles avec une éloquence putassière », commente Christian Authier (2001). Ce prosélytisme – car c’est de cela qu’il s’agit – est basé sur l’ordonnance de normes à suivre, lesdites normes étant étroitement liées à l’imagerie pornographique.

La pornographie n’est donc plus réservée aux ghettos des sex-shops et des salles spécialisées. Elle est désormais une industrie mondiale, massivement diffusée et totalement banalisée. En France, les chaînes hertziennes, câblées et par satellites proposent chaque mois 840 diffusions de films X (Ozanam, 2002)10. Par le câble ou le satellite, au Canada, les téléspectateurs ont accès à des dizaines de chaînes spécialisées dans la pornographie. Il existe même une chaîne canadienne d’informations en continu, Naked News, qui fait présenter l’actualité par des femmes et des hommes nus. Depuis l’arrivée massive des cassettes vidéo dans les années quatre-vingt, du téléphone rose et enfin de l’Internet, ce ne sont plus seulement les adultes qui consomment de la pornographie, mais également les adolescents, voire les pré-adolescents. Selon Denise Stagnara, la moitié des enfants français de 10-11 ans ont déjà vu un film X (Ozanam, 2002)11. Une enquête réalisée en 1998 en France auprès des lycéens révélait que « 86% avaient déjà regardé un film X » (Chaleil, 2002 : 79). Dans de telles conditions, « quelles seront les valeurs et les références des enfants qui auront grandi dans une telle société ? » demande Christian Authier (2001) qui met en évidence l’apparition de nouvelles formes de délinquance en France – notamment les viols collectifs – et l’explosion du nombre des mineurs mis en examen pour des viols ou des agressions sexuelles (ainsi que l’augmentation parallèle du nombre de mineures victimes de ces agressions). Ces nouvelles formes de délinquance sexuelle ne seraient-elles pour rien en rapport avec le conditionnement pornographique général ? Lors de récents procès de mineurs impliqués pour des viols collectifs, les confrontations entre victimes et accusés ont montré qu’outre l’effet d’entraînement du groupe, la représentation de la sexualité dans les films pornographiques avait biaisé leur perception de la sexualité (Ozanam, 2002). Pourtant, il y a toujours négation de l’influence qu’un tel étalage et matraquage audiovisuel peuvent avoir sur les individus, et en particulier sur des enfants et des adolescents. Deux journalistes branchées du Québec, Collard et Navarro (1996 : 73), soutiennent que « personne ne peut faire la preuve de liens entre la violence et la pornographie »12 et s’opposent en conséquence aux féministes dites « orthodoxes » qui affirment que la pornographie constitue une atteinte aux droits des femmes, aussi bien que « la déshumanisation, l’exploitation sexuelle, la prostitution et la violence physique » (O’Toole et Schiffman, 1997 : 388). D’autres soutiennent même que la pornographie n’a qu’un effet aphrodisiaque : elle alimenterait les fantasmes de personnes – surtout les mâles – qui aiment se masturber (Kutchinsky, 1991 : 62). Enfin, pour certains, la pornographie n’aurait que des effets bénéfiques : elle servirait à protéger les femmes des agressions sexuelles mâles et, même, permettrait une plus grande harmonie sexuelle dans le couple ! À l’évidence, les analyses sur la pornographie et ses effets sont éminemment contradictoires. Qu’en est-il réellement après plus de trente de libéralisation pornographique ?

Les effets de la consommation de la pornographie

À la fin des années soixante, des commissions d’enquête gouvernementales sur la pornographie et l’obscénité ont conclu que la pornographie était inoffensive. Elles n’ont trouvé aucune preuve à l’effet que l’exposition à du matériel sexuel explicite jouait un rôle significatif pour provoquer des comportements criminels (Kutchinsky, 1991 : 47). Le rapport de la Commission présidentielle américaine sur l’obscénité et la pornographie (1971) est encore considéré comme l’une des références fiables sur la question relative à l’absence de conséquences néfastes dues à la consommation de pornographie. Un grand nombre de livres universitaires d’introduction à la sociologie, produits en Amérique du Nord, s’appuient toujours sur ce rapport. Or, les méthodes de recherche utilisées par les chercheurs appointés par la Commission américaine ont été, depuis, largement critiquées et déconsidérées par les spécialistes (Russel, 1983). Il a été prouvé que des chercheurs de la Commission ont même supprimé certaines découvertes qui tendaient à démontrer des liens entre consommation de pornographie et violence sexuelle. Mais surtout, les présupposés guidant les recherches prétendaient, entre autres, que les femmes étaient moins stimulées sexuellement par la pornographie que les hommes à cause de leurs « inhibitions sociales et culturelles ». De façon tendancieuse, ils ne tenaient pas compte des messages livrés par ce matériel sexuel. Peut-être que ce n’est pas sans raison que les femmes en consomment moins que les hommes !

Lorsque, au Canada, il y a eu la tenue d’une enquête importante sur la pornographie et la prostitution (Comité spécial d’étude de la pornographie et de la prostitution, 1985), aucune véritable recherche n’a été commandée sur les effets de la consommation de la pornographie.

Seule une minorité de psychologues prétend que la pornographie mène à la violence sexuelle (O’Toole et Schiffman, 1997). L’idée que la pornographie affaiblit les inhibitions masculines face à la violence sexuelle et que la pornographie conditionne l’orgasme masculin est au cœur de certaines analyses sur les liens entre la consommation de pornographie et le viol (O’Toole et Schiffman, 1997). Les psychologues qui sont persuadés de l’existence d’un rapport entre la pornographie et la violence sexuelle s’appuient, entre autres, sur ce qu’ils appellent « les réactions positives des victimes » dans la pornographie (Schlesinger et Revitch, 1997 ; Odem et Clay-Warner, 1998). Selon cette perspective, puisque la pornographie met en scène des femmes qui semblent aimer vivre une situation dégradante et subir la violence et la domination sexuelles, les hommes finissent par croire que les femmes aiment la domination et la violence sexuelles. En conséquence, des hommes agissent violemment pendant des rencontres sexuelles. (Schlesinger et Revitch, 1997 ; Odem et Clay-Warner, 1998).

Au cours des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, des psychologues, lors d’expériences en laboratoire, ont montré que la consommation de pornographie banalisait, chez les sujets exposés, le viol et stimulait l’agression (Feschbach et Malamuth, 1978 ; Donnerstein, 1980 ; Russel, 1998 ; O’Toole et Schiffman, 1997). D’autres recherches en laboratoire ont conclu que la pornographie, dans certaines circonstances, peut créer des effets spécifiques chez les hommes : on a constaté, entre autres, un renforcement de la croyance que les femmes sont insignifiantes et sans valeur, une acceptation plus importante des mythes du viol ; on a assisté également à une augmentation du nombre d’hommes qui pensaient pouvoir commettre un viol dans certaines circonstances (Russel, 1998 ; O’Toole et Schiffman, 1997 ; Kimmel et Linders, 1996 ; Bauserman, 1996 ; Bergen et Bogle, 2000). Bref, même si ces recherches ne prouvent pas que la pornographie cause le viol ou que la pornographie n’a aucun rôle dans la violence sexuelle, une bonne partie des études conclue que la pornographie crée des changements d’attitude chez des hommes qui en consomment. Un grand nombre d’études ont conclu que la pornographie pouvait jouer un rôle dans la violence sexuelle, mais soulignent que ce rôle varie énormément selon les hommes ; en conséquence, il est impossible de définir les facteurs précisément qui influencent cette violence (Bauserman, 1996). En effet, si méthodologiquement on tente d’isoler un seul facteur pour comprendre les comportements humains violents, on en arrive toujours à de telles conclusions, car ces comportements dérivent d’une constellation de facteurs, dont la consommation de la pornographie n’est certes pas le moindre.

Des études hors laboratoire ont tenté de mesurer la corrélation entre le taux de violence sexuelle dans des villes et la consommation de pornographie. Certaines enquêtes n’ont trouvé aucune différence significative dans les taux de violence sexuelle avant et après la légalisation de la pornographie (Kutchinsky, 1991 ; Bauserman, 1996 ; Kimmel et Linders, 1996 ; Winick et Evans, 1996). Ces mêmes études ont constaté que, dans des villes où la pornographie semble être liée à de hauts taux de violence sexuelle, il existe d’autres facteurs, comme celui de « l’hypermasculinité », qui expliquerait à la fois les nombreux crimes sexuels et le haut taux de consommation de la pornographie (Kutchinsky, 1991 ; Bauserman, 1996 ; Kimmel et Linders, 1996 ; Winick et Evans, 1996). L’univers idéologique masculin dans la pornographie est régi par le concept de virilité. Ce concept renvoie à ceux de puissance sexuelle et de réussite sociale, de possession et de domination (Poulin, 1993 : 43). Pour posséder et dominer les femmes, pour prouver leur virilité, des hommes violent. « Hypermasculinité », virilité, puissance et domination sexuelle sont des questions étroitement liées dans la pornographie. Comment séparer l’une de l’autre et expliquer l’une par l’autre ? Ces questions doivent être considérées comme un semble, comme une constellation de facteurs explicatifs de comportements sexuels pouvant mener à la violence.

Un certain nombre de recherches ont porté sur les attitudes et les pratiques de contrevenants sexuels comparées à celles d’hommes non-contrevenants. Il semble que les prédateurs sexuels n’ont pas eu plus tôt que les hommes en général ni de façon anormale des expériences avec la pornographie (Bauserman, 1996). La différence entre les deux populations tiendrait au fait que les hommes reconnus coupables de viol aiment à la fois les images de relations sexuelles consenties et non consenties, comparativement aux autres hommes qui préfèrent surtout les images où il y a consentement. Selon Winick et Evans (1996), les contrevenants sexuels sont plus enclins à aimer la pornographie violente que la pornographie non violente. Des recherches ont également montré que plus de violeurs ont consommé de plus grandes quantités de pornographie que l’échantillon d’hommes non-contrevenants et qu’après consommation de pornographie violente, ils ont senti un plus grand désir de réaliser les scènes vues (Winick et Evans, 1996).

La conclusion qui résulte de ces dernières études sur les consommateurs est que la pornographie n’aurait aucun effet sérieux et durable sur la population masculine générale ; elle n’aurait d’effets que sur des hommes particuliers, à savoir des hommes enclins à la violence sexuelle, des hommes souffrant d’« hypermasculinité ».

Mais si l’on change la perspective de recherche et on s’intéresse aux personnes qui subissent la violence sexuelle, alors là les résultats révèlent une autre réalité.

Une enquête réalisée à San Francisco, en 1978, estimait que 10% des femmes avaient été « indisposées par des hommes qui, ayant lu quelque chose dans un médium pornographique, ont essayé de les amener à faire ce qu’ils avaient vu » (Russell, 1983 : 256-260). Ce pourcentage est une estimation minimale puisque de très nombreuses femmes peuvent ignorer que leur partenaire consomme de la pornographie. Ce pourcentage augmente de façon importante (à 74%) quand les femmes échantillonnées ont été victimes de viol (Russel, 1983 ; Cramer, McFarlane, Parker, Soeken, Silva et Reel, 1998). Selon une enquête de Bergen et de Bogle (2000), 32% des femmes victimes de viols enregistrés à la police ont été obligées par leurs abuseurs de poser à des fins pornographiques. Dans une étude de Cramer, McFarlane, Parker, Soeken, Silva et Reel (1998), 24% des prostituées qui ont été violées ont fait mention de l’utilisation par leur assaillant de pornographie au cours de l’assaut. L’enquête du Centre-Femmes de Beauce (2002 : 32-33), La pornographie n’est pas sans conséquences, révèle que 13% des femmes ont subi des pressions de la part de leur conjoint et 8% ont posé des gestes contre leur gré ou qui les ont rendues mal à l’aise en rapport avec la pornographie. Une étude californienne a révélé que 57% des délinquants sexuels interrogés ont pratiqué sur leurs victimes des actes vus dans des films pornographiques. Enfin, en France, l’anthropologue Daniel Welzer-Lang (1988) a tiré des conclusions similaires à la suite de son enquête auprès d’hommes accusés de viol.

Selon une étude de Farley et de Barkan (1998) 64 des 130 prostituées interrogées (49,2%) ont participé à une production pornographique et 42 (32,3%) ont subi une ou plusieurs tentatives de clients de les contraindre à reproduire ce qu’ils avaient vu dans la pornographie. Quelque 56% des prostituées interrogées en Afrique du Sud, 48% en Thaïlande et 47% en Zambie ont également subi des tentatives de contrainte dans le but de reproduire des scènes pornographiques prisées par les clients (Farley et al, 1998). Selon Silbert et Pines (1984), 38% des 200 prostituées interviewées ont été l’objet d’une utilisation pornographique dans leur enfance. Dans l’étude de Weisberg (1985), c’était également le cas de 27% des adolescents mâles.

Un inspecteur de police du département de Los Angeles a estimé que, sur l’ensemble des 700 abuseurs d’enfants arrêtés pour crimes sexuels extra-familiaux à l’égard d’enfants durant les dix dernières années, plus de 50% étaient en possession de matériel pornographique impliquant des enfants et approximativement 80% possédaient de la pornographie d’adultes ou d’enfants (Panepinto, 2000). L’organisation Childwatch, basée en Angleterre, a constaté que sur 27 agresseurs sexuels d’enfants reconnus coupables entre 1986 et 1988, 23% utilisaient leurs victimes pour faire de la pornographie et que presque tous possédaient de la pornographie enfantine (Healy, 1996). Plusieurs études ont également fait apparaître des liens très étroits entre la prostitution d’enfants et la production de pédopornographie (Taylor, Quayle et Holland, 2001).

Des liens évidents existent entre la prostitution enfantine, le tourisme sexuel impliquant des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Parmi les pays dans lesquels ces pratiques sont courantes, plusieurs deviennent d’importantes sources de nouveau matériel pornographique mettant en scène des enfants. La traite d’enfants à des fins sexuelles est très répandue dans certains pays. On estime que 200 000 filles népalaises de moins de 14 ans sont réduites à l’esclavage sexuel en Inde, 10 000 enfants de 6 à 14 ans sont prisonniers des maisons de prostitution au Sri Lanka, 600 000 enfants thaïlandais ont été vendus à des proxénètes et quelque 15 000 filles cambodgiennes ont été vendues comme esclaves sexuelles entre 1991 et 1997 (Unicef, 2003). Au cours des dernières années, la Russie est devenue l’un des plus grands pays producteurs de pornographie mettant en scène des enfants, le deuxième après les États-Unis. À la suite de la progression du tourisme sexuel impliquant des enfants dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, on a vu apparaître des images d’enfants d’Asie et d’Europe de l’Est, à mesure que les exploiteurs filmaient leurs actes criminels à des fins commerciales.

Un certain nombre de psychiatres travaillant en milieu carcéral n’hésitent plus, aujourd’hui, à dénoncer, chez certains, un comportement addictif à la pornographie, et le rôle de cette dépendance dans leur passage à l’acte. Pour le docteur Bernard Cordier, membre d’un groupe de travail interministériel santé-justice en France, le rôle conditionnant de l’image de violence sexuelle tombe sous le sens : « Les théories les plus élémentaires sur l’apprentissage et le conditionnement montrent que plus on entretient une appétence au niveau du fantasme, plus elle est forte ». Même son de cloche chez le docteur Michel Dubec, expert près la Cour d’appel de Paris : « Il ne fait aucun doute que la pornographie est, d’une manière générale, un facteur incitatif en matière de criminalité sexuelle. » (Guyénot, 2000)

Selon une enquête faite dans les prisons, 77% des pédophiles ayant molesté des petits garçons et 87% de ceux qui ont molesté des petites filles ont admis que de la littérature pornographique sur leurs pensées et leurs comportements avaient joué un rôle déterminant. D’autre part, Ken Lanning, spécialiste de la pornographie au FBI, a révélé devant la commission Meese que lorsque des policiers perquisitionnent chez un délinquant sexuel, ils trouvent presque toujours chez lui une abondance de matériel pornographique. Un rapport de la police du Michigan a montré que dans 40% des crimes sexuels, le criminel a avoué avoir utilisé du matériel pornographique juste avant de passer à l’acte (Poulin et Coderre, 1986 : 87-108).

On constate que les hommes demandent de plus en plus à leur partenaire de pratiquer la sodomie, cette demande étant liée au développement des fantasmes pornographiques. Le fantasme de la sodomie, qui est en plein développement, est le fantasme des trois quarts des hommes qui appellent le téléphone rose en France (Chaleil, 2002 : 242-243).

Une étude de Cramer, McFarlane, Parker, Soeken, Silva et Reel (1998) basé sur un échantillon de 198 femmes agressées, a révélé que 40,9% des femmes rapportent une consommation pornographique chez leur agresseur ; la majorité de ces femmes ont été invitées ou forcées à regarder des scènes ou à poser pour des scènes pornographiques. Explorant les liens entre violence et pornographie, Bergen et Bogle (2000) ont présenté des données recueillies dans un centre d’aide aux victimes de viol. Les résultats ont montré qu’à la connaissance des femmes violées, 28 % des agresseurs consommaient de la pornographie et que, pour 12% des femmes, la pornographie était présente durant l’agression.

À l’inverse du nombre élevé des études sur les liens entre médias et violence, les études sur l’influence des contenus pornographique des médias sur le comportement sexuel des jeunes demeurent rares (Brown et Newcomer, 1991) Les études disponibles relatent un lien entre les contenus diffusés par les médias et les valeurs adoptées par les adolescents (Brown et Steele, 1995 ; Strasburger, 1997). Film, télévision, musique, Internet, les messages sexuels deviennent plus explicites dans le dialogue et dans le comportement. Certains adolescents considèrent les médias comme sources d’instruction sexuelle au même titre que l’école (Kaiser Family Foundation, 1996). Un adolescent moyen dans le monde occidental verra 14 000 références sexuelles par an à la télévision, dont 165 seulement à propos de contraception ou du risque de MTS (Harris, 1988 ; Lowry et Shidler, 1993). Les médias offrent actuellement aux enfants prépubères et postpubaires un accès à la pornographie dans toutes manifestations. Cependant, les conséquences a venir d’une telle exposition ne sont pas connues (Rédaction, 2002).

L’Internet offre un accès incomparable à la pornographie (Strasburger et Donnerstein, 1999). Un enfant naviguant sur Internet peut être piégé dans un site pornographique par des moyens simples et efficaces. Une recherche menée en juin 2000 par l’organisme américain Crimes against Children Research Center (Finkelhor et Hashima, 2001), basée sur 1 501 interviews d’adolescents âgés de 10 à 17 ans, a montré que 20% des adolescents ont été sollicités sexuellement sur Internet durant l’année écoulée et un adolescent sur trente a été sollicité de façon pressante.

L’étalement pornographique

Il y a trente ans, il était peut-être possible de ne pas subir l’imagerie pornographique ; aujourd’hui cela semble impossible. Radio, clips, bande dessinée, télé, Internet montrent le corps, le sexe et la jouissance. Cet empire des images régit les représentations. Un adolescent a, aujourd’hui, accès à tout le visuel accessible. Cela nourrit son imaginaire, avant même son entrée dans l’âge de la sexualité.

Non seulement le capitalisme libéral est-il devenu un nouveau régime libidinal faisant la promotion d’un nouvel imaginaire sexuel, basé sur l’érotisation outrancière et la consommation sexuelle, mais il y a un nouveau régime des images. Ce régime d’images, fixes ou animées, s’avère de plus en plus dégradant, extrême et violent tant psychiquement que physiquement : les gens qui produisent des films pornographiques ont déjà tout montré. Qu’est ce qu’il leur reste à montrer ? Des femmes prises par trois hommes, puis quatre, puis cinq, puis jusqu’à six en même temps ! Des gang bang où des dizaines, voire des centaines d’hommes pénètrent de toutes les façons possibles une femme et éjaculent sur elle, de préférence sur sa figure13. La pornographie déréalise les atrocités qu’elle engendre (Mayné, 2001 : 37).

Ce nouvel ordre sexuel traduit, à l’aube du XXIe siècle, les paradoxes d’une libération sexuelle des plus équivoques. Si les scènes de nudité et d’accouplements sexuels envahissent les moyens de communication, de toute évidence, ces images ne participent pas à une libération sexuelle, mais plutôt à l’enfermement de la sexualité dans des rapports de sujétion. Pour Tony Anatrella (1992), « [l]a révolution sexuelle n’a pas eu lieu dans le sens d’un plus grande qualité dans les relations entre les hommes et les femmes : elle a surtout libéré la sexualité infantile, celle des pulsions partielles – l’exhibitionnisme, le voyeurisme, le masochisme, le sadisme, […] ».

La pornographie est une industrie à la poursuite de fantasmes et de névroses. La pornographie ne dérange pas l’ordre social, elle ne fait que le renforcer ; elle intensifie plus particulièrement l’ordre marchand et l’ordre sexiste. Elle est un facteur de renforcement de « l’homogénéité sociale » (Mayné, 2001 : 23). Aussi longtemps que l’ordre marchand et sexuel sera florissant, des trafiquants en tout genre s’ingénieront à l’alimenter de chair fraîche, car là où il y a d’énormes bénéfices disparaissent les sentiments humains. La métamorphose des fantasmes sexuels en transactions commerciales ne laisse pas de place à la philanthropie.

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Département de sociologie, Université d’Ottawa

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