Édition du 15 octobre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Manifestation nationale à Québec le 3 octobre dernier

Les Fonds Publics pour le Filet Social

Le 3 octobre dernier, la Coalition Main Rouge, le RÉPAC-03-12, le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale et le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN ont réuni près de 1000 personnes dans une grande manifestation à Québec pour dénoncer les politiques de coupures et de privatisation du gouvernement Legault. Ces manifestant-e-s provenaient de diverses régions du Québec : Montréal, Longueuil, Estrie, Lanaudière, Trois-Rivières, Mauricie, Rive Sud de Québec et Capitale-Nationale.

Les personnes présentes ont voulu dénoncer, en ce deuxième anniversaire de la CAQ au pouvoir, « les décisions de la CAQ qui favorisent les riches et le secteur privé : privatisation croissante, centralisation des pouvoirs en santé et en éducation, financement insuffisant du logement social, baisses d’impôts qui profitent aux plus fortunés, etc. Ces choix creusent les inégalités, entraînent plus de souffrance sociale, des files d’attente aux banques alimentaires et une augmentation des personnes en situation d’itinérance. La fiscalité doit redistribuer la richesse, pas la laisser s’accumuler dans les poches d’une minorité. La CAQ détourne les fonds publics et privatise nos services. Ça suffit ! »

Les manifestant-e-s ont demandé une meilleure redistribution de la richesse en scandant « Justice fiscale, justice sociale ! »

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Vous le savez, le Québec traverse une crise du logement sans précédent

Nous reproduisons ici dessous, l’intervention de Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui a bien voulu nous faire parvenir l’intervention qu’elle a faite dans le cadre de cette manifestation.(PTAG !)

Il manque de logements locatifs partout. Ceux qui sont disponibles à la location se louent à des prix exorbitants.

La spéculation immobilière augmente. En l’absence d’un contrôle obligatoire des loyers, les loyers explosent. Les logements neufs et les condos locatifs qui se construisent et qui sont présentés comme une solution à la crise sont carrément hors de prix.

Des logements à 2500 $ à Montréal, à Québec, à 1600 $ à Trois-Rivière, à Chicoutimi, à Drummondville, c’est complètement déconnecté de la réalité des gens avec qui on travaille, de nos collègues, nos voisin.es. nos parents des familles monoparentales, des aînés

Il y a une banque alimentaire de l’autre côté de la rue… qui déménage temporairement pour aggrandir. Les kings vont être la demain

Il y a des files à tous les mois. Parce qu’après avoir payé le loyer il reste plus grand-chose à bien du monde.

L’itinérance augmente. Des campements s’érigent un peu partout au Québec et les ressources ne parviennent pas à répondre à la demande.

Est-ce que c’est le genre de société dans laquelle on veut vivre ?

Le désespoir est palpable partout au Québec et l’absence d’alternatives aux logements trop cher y contribue grandement.

Il est évident que la maigre part de 10,5% occupée par le logement social au sein du parc locatif n’est pas suffisante pour répondre aux besoins de plus en plus criants.
Combien de familles doivent vivent dans un logement trop petits faute de mieux ? Combien de personnes aînées sont chassées de leurs milieux ? Combien de personnes nouvellement en situation d’itinérance étaient inscrites sur une liste d’attente pour une habitation à loyer modique ? Combien de femmes victimes de violence conjugale, pourtant prioritaires pour obtenir un tel logement, doivent encore attendre pour y accéder ? Trop !
La crise du logement et la crise de l’itinérance exposent dramatiquement l’insuffisance de notre filet social.

POURQUOI On en est là ?

Parce qu’on a sous-financés nos programmes sociaux pendant des années.
Le logement social est financé au compte goutte depuis 25 ans !

On a laissé les listes d’attente pour un logement social grossir, grossir, atteindre pratiquement 40 000 ménages !

On ne prend pas la lutte à la pauvreté au sérieux ! Le chèque d’aide sociale permet à peine de couvrir le prix d’un 3 ½ au Québec. Ici à Québec, c’est rendu 909$ le loyer moyen pour un 3 ½. 721$ pour un studio….

Sans parler du salaire minimum qui condamne de plus en plus de gens à consacrer 50, voire 80% de leur revenu au loyer !

Est-ce que c’est acceptable dans une société riche comme la nôtre ?

Même si on obtient des petites augmentations de salaire, les gens dans nos milieux s’appauvrissent à la vitesse grand V avec la cherté des logements

Le filet social c’est un rempart contre l’appauvrissement, contre l’exclusion sociale de membres de nos communautés.

Et c’est pas vrai qu’on peut confier nos programmes sociaux à des philantropes et sous-traiter la job de l’État sans que ça ait des conséquences. Maintenant qu’elle a reconnu la crise, la CAQ privilégie des solutions qui ne sont pas réellement structurantes. Avec les fonds publics, on finance à la pièce et sans transparence des projets de logements abordables à l’extérieur de programmes. La ministre préfère la flexibilité du hors programme. C’est grave !
 
Plusieurs des logements qu’on qualifie d’abordables qui ne le sont pas vraiment n’ont pas les mêmes retombées sociales que les logements sociaux et communautaires construits avec des programmes sociaux qui se suffisent à eux-mêmes.

Alors qu’on traverse une grave crise du logement c’est de plus en plus difficile d’avoir accès aux services publics au Tribunal adminsitratif du logement. C’est pratiquement impossible pour certaines personnes d’exercer leurs recours.

Le désengagement de l’État met une charge immense sur les comités logement et les associations de locataires qui, comme de nombreux organismes communautaires, ceux en itinérance par exemple manquent de ressources.

La crise du logement est une des illustrations de ce filet social troué qu’il est urgent de racommoder avant qu’encore plus de monde passe au travers. Ça nous concerne tous et toutes. C’est pour ça qu’on est ensemble aujourd’hui et qu’on parle d’une seule voix.
 
C’est une question de choix d’investir dans les programmes sociaux et les services publics, et il faut le faire de toutes urgence pour nous protéger collectivement contre les crises actuelles et à venir.

Il faut cesser de laisser les inégalités se creuser ! Le 1 % dont font aussi partie certains joueurs de hockey a les moyens de contribuer davantage, revoyons la fiscalité, ça presse !

C’est maintenant que ça se passe. Il faut s’unir contre la dépossession …

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Véronique Laflamme

Organisatrice communautaire au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

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