Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Vive le gaspillage ! Vive le privé !

Il n’y a pas que les infirmières d’agence qui coûtent cher, en 2021-2022, le CISSS de la Montérégie-Ouest a dépensé 22 millions de dollars pour des préposés aux bénéficiaires venus d’agences privées. C’est 46 fois plus que six ans auparavant ….

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16 février 2023

Est-ce que cela a permis de résoudre un tant soit peu la pénurie de Préposées ? Pas une miette, la pénurie demeure entière, les surcharges de travail aussi.

Tiens donc., le recours au privé n’est pas un miracle et ce n’est pas moins cher…. C’est la CAQ qui va être surprise !

Je continue…cette fois dans l’est de Montréal. Le coût des travailleurs sociaux d’agence a été multiplié par 15 en 5 ans seulement.

Est-ce que l’on a réglé les listes d’attentes des personnes qui ont besoin de services de travailleurs sociaux. NON ! En fait les listes d’attentes sont encore plus longues qu’il y a 5 ans… Quelle surprise…, depuis des années les syndicats crient que le privé en santé ça coûte plus cher et que ça mine les services, mais la CAQ se situe dans la droite lignée des libéraux et mise sans compter, c’est peu dire, sur le privé.

C’est pas fini…le gouvernement est pressé de privatiser puisque « le privé c’est tellement plus efficace » comme le disent si bien les propriétaires d’entreprises….

Puisqu’on on manque de gardiens de sécurité dans le réseau de la santé, on se dépêche d’avoir recours au privé plutôt que d’embaucher, alors, entre 2019 et 2022 les coûts ont explosé passant de 72 millions à plus de 263 millions une explosion (c’est pas sécuritaire !) de plus de 360% en 3 ans…. Y’a pas à dire le privé c’est efficace… mais surtout pour vider les coffres du public.

Et c’est comme ça dans presque tous les métiers du secteur public jusqu’à engloutir plus de 3 milliards d’argent public dans le secteur privé pour, au bout du compte avoir encore moins de services.

Un vrai gaspillage.

Il ne faut pas se surprendre de la décrépitude du réseau car, pour chaque infirmière, préposée, gardien, travailleur social, psychologue, analyste informatique ou autre, qui sort volontairement du secteur public pour obtenir de meilleures conditions et souvent de meilleurs salaires, nous avons inévitablement deux conséquences :

1- Le secteur public a une personne de moins pour donner les services
2- La charge de travail et le temps supplémentaire obligatoire vont augmenter pour le personnel restant et les conditions de travail se détériorer un peu plus dans le réseau public.

Il faut une malhonnêteté intellectuelle absolue pour suggérer que le privé va coûter moins cher, c’est mathématiquement impossible.

Le privé attire en payant des salaires parfois supérieurs. À cela, il faut ajouter que le privé a ses propres bâtisses à payer et à entretenir, son personnel administratif interne et ses dirigeants à rémunérer, ses taxes à payer, et surtout ses profits mirobolants qu’il faut assurer.

Ne vous inquiétez pas pour eux, tout cela s’additionne tout cela sera refilé au gouvernement sur une facture bien salée.

Un gaspillage d’autant plus odieux, quand on sait que le gouvernement ose se présenter comme étant « le parti de l’économie » un titre qu’il souhaite soutirer aux libéraux.

Les belles déclarations sur le caractère « responsable » du gouvernement servent uniquement lorsqu’il est question de refuser des salaires adéquats et de bonnes conditions de travail aux syndiqués du secteur public. Là le gouvernement joue à fond la carte du « on n’a pas les moyens de payer »

Par contre quand c’est le temps de laisser le privé se graisser la patte aux dépens des fonds publics alors là, ce n’est plus le même disque et on aboutit à 3 milliards envoyés en pur gaspillage dans les coffres du privé.

À voir les milliards gaspillés en 6 ans dans les agences, le gouvernement aurait intérêt à jeter le vieux disque déjà usé à la corde par les libéraux et les péquistes avant eux et il devrait relever sérieusement les salaires et les conditions de travail du secteur public surtout des petits salariés, agentes administratives (toujours ignorées, malgré que l’hôpital tourne grâce à elles), les gens des services : entretien ménager, buanderie, cuisines, métiers. laboratoires etc...

La sous-traitance

Il y a autre gouffre dont on n’a pas encore parlé celui de la sous-traitance de l’entretien des hôpitaux car il en faut des électriciens, des plombiers, des mécaniciens du bâtiment, des menuisiers et autres métiers pour entretenir hôpitaux, CHSLD et autres édifices, mais le gouvernement préfère remplacer ses employés, lentement mais surement, par des firmes privées. Avec ces firmes le coût de l’entretien est multiplié par 3, par 4 et parfois encore plus.

Les syndicats s’époumonent depuis des années à le crier mais le privé a tellement la bonne cote avec le gouvernement…

Vivement il faut un retour au public des emplois, des tâches et des travaux qui ont été sortis du giron public. La qualité des services à la population, le maintien d’un secteur public à même de fournir des services à toute la population (pas juste ceux qui ont les moyens de payer) et la saine gestion des fonds publics en dépendent.

Jean-Pierre Daubois, syndicaliste

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