C’est ce qui ressort de l’intervention d’Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), devant la commission parlementaire sur la vaccination obligatoire aujourd’hui.
Plusieurs questions soulevées
Le président a rappelé que la Centrale intervient depuis des mois pour que ses membres de la santé, de l’éducation et de la petite enfance soient vaccinés en priorité. Cependant, l’obligation vaccinale soulève de nombreux enjeux qui doivent trouver réponse rapidement, et, pour la CSQ, l’adhésion plutôt que l’imposition demeure une avenue efficace.
D’ailleurs, il est important de rappeler l’excellente couverture vaccinale des travailleuses et travailleurs de la santé des installations publiques de toutes les régions du Québec, dont près de 90 % sont adéquatement vaccinés.
« Aujourd’hui, on se penche sur le vaccin, mais on ne peut pas mettre tous nos œufs dans le même panier. La vaccination, c’est important, mais si elle devenait obligatoire, cela ne pourrait pas se traduire par un allégement des mesures de prévention et de contrôle des infections », soutient le président.
« Comment les instances officielles pourraient-elles justifier l’allégement des mesures de prévention et de contrôle des infections en raison, notamment, des taux élevés de vaccination et, simultanément, vouloir imposer la vaccination à l’ensemble du personnel de la santé en raison des risques de contamination ? De telles incohérences soulèvent bien des préoccupations chez nos membres », ajoute Éric Gingras.
Nous devons vivre avec l’incertitude, que la vaccination soit obligatoire ou non. Pour la CSQ, le respect des règles sanitaires à long terme passe nécessairement par la cohérence des décisions en matière de santé publique. Aussi, l’imposition de mesures mal expliquées pourrait nous desservir, collectivement, à plus ou moins long terme.
Des droits à protéger
La vaccination obligatoire de certains travailleurs représente une atteinte aux droits de nos membres, mais le gouvernement peut, en contrepartie, démontrer qu’elle se justifie vu les circonstances dans le cadre d’une société libre et démocratique tout en aménageant des exceptions afin que l’atteinte soit minimale. Il est essentiel de se questionner sur les exceptions qui seront prévues, notamment pour les personnes qui ne peuvent se faire vacciner pour des raisons légitimes liées à leur santé.
De plus, toute mesure coercitive soulève des questions sur l’application de mesures disciplinaires : le gouvernement entend-il miser sur une gradation des mesures de protection envers le public ou ira-t-il sur une gradation des mesures disciplinaires ? Les pouvoirs exceptionnels octroyés par l’état d’urgence ont un caractère temporaire ; or, les mesures disciplinaires peuvent avoir un caractère permanent.
Des dommages collatéraux à surveiller
Il faut également s’assurer de garder les réseaux de la santé, de l’éducation et de la petite enfance fonctionnels dans le contexte de surcharge qui sévit à tous les niveaux. Est-ce que l’obligation vaccinale pourrait exacerber la pénurie du personnel ? Les dommages collatéraux d’une telle mesure doivent être pesés sérieusement.
En terminant, le président rappelle que le gouvernement doit se pencher rapidement sur d’autres aspects de la prévention de la COVID-19. « Nous sommes toujours en attente d’un portrait exact et complet de la situation de la qualité de l’air dans nos écoles et du plan d’action qui en découlera. Pour la CSQ, des mesures correctives doivent être déployées sans tarder dans les établissements où les tests de qualité de l’air ne sont pas conformes », conclut Éric Gingras.
Pour consulter le mémoire de la CSQ, cliquer ici.
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