En préliminaires aux travaux, des étudiants du Mexique, de Porto Rico et du Québec ainsi qu’un représentant d’Occupy Wall Street ont présenté leurs luttes contre la marchandisation de l’éducation. Il est frappant de noter que Porto Rico a vécu, en 2010, des événements semblables à ceux du printemps au Québec, incluant une loi spéciale que leur gouverneur a vantée comme une façon de garantir l’accès à l’éducation. Charest n’a rien inventé ! On a ensuite procédé au lancement de la deuxième édition du livre Magister Changarrization de Maria-Teresa Lechuga et d’Arturo Ramos. Cet ouvrage montre comment la mar- chandisation déprécie l’éducation supérieure et crée une nouvelle classe où les précaires sont majoritaires et deviennent ainsi ce qu’on appelle le « nouveau sujet social ».
La loi spéciale, on s’en câlisse !
J’ai présenté le travail du conseil central en appui à la mobilisation étudiante et expliqué comment nos structures favorisent une action concrète sur le terrain en même temps que la réflexion sur la privatisation du social. Cela se réalise aussi par notre travail sur le rôle des fondations privées. Il fallait voir les participants à la plénière arborant tous le carré rouge et scandant : « La loi spéciale, on s’en câlisse ! ».
Yo soy 132
Les camarades mexicains nous ont expliqué le mouvement yo soy 132 (Je suis le ou la cent trentedeuxième). Lors d’une assemblée électorale en mai dernier, le président mexicain Enrique Pena Nieto, alors candidat, a été confronté par un important groupe d’étudiantes et d’étudiants à ses agissements douteux du passé. Le lendemain, il déclarait que c’était un petit incident de seulement quelques personnes. Aussitôt, 131 étudiants se sont filmés sur YouTube, montrant leur carte d’identité et indiquant qu’ils étaient là pour témoigner de l’inconfort du candidat dans la contestation. Depuis, tout le monde qui appuie les déclarations des étudiants et qui s’oppose au président Nieto s’affiche comme étant le cent trente-deuxième du groupe.
Un camarade du Wisconsin, pour sa part, est venu expliquer comment son organisation syndicale a dû recontacter tous ses membres, puisqu’il n’y a plus de cotisation perçue à la source. Dans cette opération, le syndicat a réussi à recruter 1 200 membres de plus. La situation les oblige à avoir une activité constante sur les lieux de travail afin de se rendre visibles. L’importance d’internationaliser les luttes est souvent revenue dans les discussions. Une invitée coréenne a montré que, chez elle aussi, les directions universitaires encouragent la compétition pour attirer des clients au détriment d’une main-d’oeuvre aux conditions de travail précaires.
La délégation du Québec, composée de la FNEEQ et du conseil central de même que des syndicats de chargé-es de cours de l’Université de Montréal et de l’UQAM, a insisté pour que soient reconnues les particularités de chaque pays (Mexique, Porto Rico, États-Unis, Canada ainsi que le Québec) dans la déclaration finale. Le congrès s’est conclu sur une ouverture à avoir une participation internationale encore plus grande et à joindre les luttes des enseignantes et des enseignants précaires à celles des étudiants, qui seront désormais invités à participer aux travaux de la COCAL.
Francis Lagacé 2e vice-président du CCMM-CSN