Les objectifs des responsables sont clairs et ambitieux :
« faire renaître la capacité à discuter et à élaborer ensemble pour que s’ouvre – à la lumière de nos expériences multiples qui se sont souvent frottées les unes aux autres – une large discussion pour faire de la révolution une utopie concrète, pour permettre des synthèses ».
Les deux premiers numéros (23 janvier 2024 ; 15 mars 2024), contiennent de précieuses contributions sur des enjeux d’actualité, la guerre en Ukraine ou en Palestine/Israël, sur des questions davantage théoriques comme les divisions de la gauche internationale, le concept d’« impérialisme multipolaire » ou la « coopération antagoniste » entre la Chine et les États-Unis, ou d’anciens textes, mais toujours d’actualité, de militant.es socialistes.
Ils offrent également un regard « décalé » ou « décentré » comme par exemple de passionnantes études sur l’histoire des luttes féministes en Iran. Celles-ci ouvrent des riches perspectives d’analyses sur les effets systémiques de la marginalisation plus ou moins délibérée des contradictions de « classes de sexe » par la gauche anti-impéraliste, au nom de la lutte contre « l’ennemi principal ».
Ce regard « décentré » c’est également celui de militant·es russes qui produisent un manifeste pour un « Monde durable » dans lequel ils et elles détaillent assez précisément, ou du moins juridiquement, les conditions d’une paix durable avec l’Ukraine et le fonctionnement souhaité des institutions internationales comme l’ONU.
À l’heure où le fascisme, le sexisme, les impérialismes (« grands » ou « petits »), les multinationales sont « à l’offensive partout sur la planète » et où la gauche québécoise et canadienne, notamment, sont silencieuses ou profondément divisées sur la lecture des événements internationaux, cette nouvelle revue offre effectivement un riche matériau pour ouvrir une « large discussion » et tenter de dépasser certaines contradictions.
Reste que pour qu’une telle discussion puisse aujourd’hui avoir lieu, il faudra peut être « renouveler » nos habitudes et trouver « comment, dans l’action, concilier l’intransigeance de la conviction ferme avec la tolérance et le respect de « celui qui pense autrement » réclamé́ autrefois par Rosa Luxembourg ? », pour reprendre un extrait du texte de Victor Serge publié dans le dernier numéro d’Adresses.
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