La vision assez myope, ou plutôt saturée, incapable de s’étonner devant les barbaries quotidiennes, est surement à l’origine de cette appréciation, peu novatrice, sur l’étude, et ce qu’elle nous dit n’aura pas la répercussion qu’elle devrait avoir.
Cette étude sur « Le féminicide et l’impunité en Bolivie » réalisée par la clinique internationale des droits humains (IRHC) de Harvard, a été faite à la demande du groupe féministe Mujeres Creando. Elle analyse 200 cas de procédures pour féminicide, se concentre sur 10 d’entre elles comme exemples et les résultats devraient embarrasser ceux qui sont responsables de garantir et d’appliquer la justice.
Dans ce court article, et dans quelque journal que ce soit en Bolivie, il est difficile de résumer les résultats de ce document qui, entre autres choses, alarme sur le fait que la police et ceux qui sont chargés des analyses légistes se contentent du strict minimum quand il est question de preuves fondamentales, ils n’en font pas assez et souvent trop tard.
En plus, le coût de tout le processus d’expertise policier et judiciaire est à la charge des parties prenantes, ce qui est inenvisageable dans le cas de familles de victimes en situation de pauvreté. Il n’y a pas de personnel compétent, tout se fait sous un regard machiste, les institutions ne garantissent pas la justice.
L’étude recommande : d’appliquer le loi et les normes existantes, d’assigner des recours légaux, de supprimer les barrières de langue (racisme) et de genre (sexisme), que le processus se fasse au bon moment et dans les délais, que ceux qui sont en charge des affaires y soient formés correctement, d’affronter la corruption et, finalement, de travailler conjointement avec les organisations spécialisées en la matière.
D’une part il est question de demander une information suffisamment complète et rigoureuse sur tout le processus qui suit un acte de féminicide et sur les difficultés à saisir la justice. Ce devrait être de la même manière que dans le cas d’un assassinat, renforcé par l’idée de discrimination de genre, au lieu de culpabiliser la victime, comme c’est le cas à chaque étape de la procédure.
D’autre part, on parle de situations fréquentes. Par exemple, « tout le monde sait qu’il y a du laxisme dans le travail de la police » et qu’il existe une étude sérieuse qui démontre ces déficiences. Le fait que ces carences apparaissent tout au long du processus, quelques soient les cas précis, démontre qu’il est urgent de prendre conscience de la gravité de la situation.
Le plus préoccupant est ce manque de considération avant les drames, cette banalisation de l’insupportable qui normalise tous ces cas. En dépit du fait que, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, on alarme sur la gravité des féminicides en Bolivie, le nécessaire n’est pas fait, même pas le minimum pour diminuer ce type de meurtres et pour que les victimes obtiennent justice ou au moins une forme de dédommagement pour les enfants et la famille.
L’étude reconnaît que ces dernières années des lois et des normes ont été votées contre les violences machistes ; néanmoins il y a un monde entre la loi et son application, la preuve en est de tous ces meurtres de femmes assassinées pour leur féminité, bien plus nombreux que sur le reste du continent.
Ce gouvernement et les suivants devraient prendre en compte cette étude et appliquer des politiques rigoureuses contre les violences machistes et pour accorder justice aux victimes. Ils devraient le regarder en face, comme un miroir, et essayer d’agir avant de telles horreurs.
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