Édition du 25 mars 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

Entre regain de la mobilisation et recul de la grève féministe, comment s’organiser pour gagner ?

Cette année encore, la manifestation féministe du 8 mars à Bruxelles était une belle réussite. Si la presse n’a relayé que l’estimation de la police (10.000 personnes), la réalité devait s’approcher davantage de la participation à la manifestation syndicale du 13 janvier (30.000 personnes) puisque le parcours en boucle autour de la gare centrale était rapidement saturé. Le mouvement féministe belge démontre ainsi qu’il reste mobilisateur depuis sa remise en forme ces sept dernières années.

Tiré de la page web de la Gauche Anticapitaliste
https://www.gaucheanticapitaliste.org/8-mars-2025-comment-s-organiser-pour-gagner/?fbclid=IwY2xjawJMpGlleHRuA2FlbQIxMQABHTfo8oEFLql8E0GpU_mN30HDDmwdW7ji1ALGItd-WeMZ_8lHS8Hupq04mg_aem_iM4YBk9Ng1v7WMFJSvyh5g

Cependant, il peine toujours à concrétiser un saut qualitatif qui permette de dépasser les mobilisations qui, bien qu’impressionnantes et motivantes, restent ponctuelles et symboliques. Face aux lourds enjeux de la période actuelle, il est indispensable que la résistance sociale parvienne à passer à la vitesse supérieure pour obtenir, le plus vite possible, la chute de l’Arizona et arrêter ainsi la casse sociale et écologique. Et le mouvement féministe, en s’appuyant sur ses forces, a certainement un rôle important à jouer à cet égard.

Une légitimité conquise

Désormais, malgré un ralentissement pendant la période Covid, les 8 mars en Belgique sont systématiquement synonymes de « grève féministe ». La réussite des éditions successives a petit à petit poussé les directions syndicales à s’engager à couvrir les actions du 8 mars avec un préavis de grève, ce qui ne se faisait pas avant 2019. Mais cela s’entend dans une application toute mécanique de ce principe : en se bornant à déposer un préavis pour cette date symbolique uniquement (même si ça tombe un samedi ou un dimanche) et sans investir dans une mobilisation conséquente pour faire de cette grève une réussite. Aujourd’hui encore, les syndicats mobilisent essentiellement pour le 8 mars autour de leurs campagnes propres, décidées et menées en interne (sur l’écart salarial, les pensions, la conciliation vie privée-vie professionnelle, …) qui se clôturent généralement à travers une action symbolique le 8 mars, le plus souvent en articulation avec la Marche mondiale des femmes (MMF).

La grève féministe du 8 mars et la manifestation contre les violences du 25 novembre se sont aujourd’hui imposées comme des journées de mobilisation incontournables, rassemblant un nombre toujours croissant de personnes. Cependant, à ce jour, la grève féministe en Belgique n’est jamais parvenue à égaler l’ampleur des grèves féministes de l’Etat espagnol ou de la Suisse (où les féministes organisent cette grève le 14 juin avec jusque 300.000 personnes mobilisées dans tout le pays). La collaboration avec la MMF et ses composantes plus institutionnalisées, notamment les syndicats, reste compliquée. Mais la rivalité et le sentiment de compétition, qui se ressentaient très fortement les premières années, ont progressivement laissé davantage de place à une forme de complémentarité, la MMF conservant l’organisation logistique du village associatif et de la manifestation, le C8M poursuivant la mobilisation de jeunes féministes à travers des assemblées, ateliers « papotes », collages et tractages. En termes d’analyses et de revendications, les deux initiatives se rejoignent en grande partie, bien que le C8M soit davantage attentif à la construction d’un féminisme inclusif, en défense des droits des minorités de genre.

Une grève féministe 2025 qui rate le coche mais une manifestation encourageante

Tous les ans, à l’approche du 8 mars, des membres de collectifs locaux du C8M se retrouvent ponctuellement au sein du C8M national, mais sans mandat clair et à travers une coordination assez aléatoire. Cette année en particulier, le C8M national a adopté un mode de fonctionnement, des revendications et des ambitions fort similaires à ceux de la MMF, avec des réunions moins fréquentes et surtout destinées aux permanentes syndicales, avec peu d’efforts mis en oeuvre afin d’élargir l’invitation aux réunions aux autres actrices du mouvement féministe. Les revendications se sont faites davantage “mainstream”, évitant par exemple d’aborder l’ignominie des politiques migratoires ou le danger des politiques sécuritaires et répressives. Si le mot d’ordre est resté l’appel à la “grève féministe”, la volonté des organisations syndicales de limiter l’appel à la grève à la journée du 8 mars, en déposant une seule journée de préavis pour le samedi, n’a pas été remise en question. Le C8M national s’est contenté d’appeler à la manifestation et au village féministe du samedi, quitte à neutraliser fortement l’outil de la grève puisque de nombreuses salariées ne travaillent pas le weekend. Ces quelques éléments de critique ne sont pas exhaustifs et doivent s’inscrire dans une réflexion plus large sur la nécessité d’une démocratie la plus large au sein du mouvement féministe, un travail que nous fourniront ultérieurement.

Heureusement, le C8M de Bruxelles a mobilisé autour de revendications davantage à la hauteur des enjeux, établissant clairement les liens avec le programme de l’Arizona, l’extrême droitisation du paysage politique, la solidarité internationale et la nécessité d’articuler les revendications et actions féministes au plan d’action syndical à renforcer dans la perspective de faire tomber le gouvernement. Dans cet esprit, le C8M Bruxelles a tenté de convaincre les organisations syndicales de déposer une deuxième journée de préavis un jour de semaine, notamment à travers une pétition bilingue qui a rassemblé près d’un millier de signatures. Malheureusement, ces tentatives ont échoué. Les directions syndicales ont préféré conserver leur propre routine en vue du 8 mars, isolée des autres actions syndicales envisagées contre l’Arizona. Ces dernières s’élaboraient dans un flou certain, ce qui a compliqué la prise de position des centrales par rapport à un éventuel préavis de grève sectoriel le 7 mars. Les centrales y étaient déjà peu enclines sur le principe et, dans ce contexte, elles ont préféré concentrer leurs efforts sur les actions syndicales organisées contre l’Arizona.

Le vendredi 7, le C8M Bruxelles a néanmoins organisé un tour d’actions symboliques en « grévibus » et en vélo, avec le soutien de Commune Colère. Cette initiative, moins suivie que les autres années en l’absence de préavis syndical, a tout de même permis de mettre en lumière et de relier les luttes des étudiantes de l’ULB et de la Cambre, des travailleuses des plannings, maisons médicales et CPAS, des mamans solo ou des femmes sans papiers. C’était aussi l’occasion de marquer la solidarité internationaliste avec les femmes d’Iran, de Palestine ou du Congo. Mais il s’agit clairement d’une occasion manquée de renforcer le plan d’action syndical en s’appuyant sur une grève féministe interprofessionnelle qui aurait pu se concentrer sur les attaques des gouvernements de droite contre les droits des femmes à tous les niveaux (conditions de travail, revenus et allocations, IVG, violences, travail reproductif, …), et servir de moment de mobilisation assumé pour la grève générale du 31 mars.

Le vendredi 7 mars, les étudiant·es de l’ULB organisaient également une grève étudiante et une mobilisation sur leur campus. Comme les années précédentes, iels étaient présent·es dès la nuit pour bloquer le campus du Solbosch et sensibiliser les étudiant·es aux raisons de la grève. Malgré des difficultés, le blocage a tenu plusieurs heures, permettant l’organisation de prises de parole et de témoignages, dont celui d’un·e membre des Jeunes anticapitalistes, actif·ve·s sur le campus et dans l’organisation de cette mobilisation. Cependant, cette journée de lutte a aussi été marquée par plusieurs événements préoccupants. Dans la matinée, l’ULB a menacé·es de couper les chaînes, ce qui a finalement conduit à la levée du blocage des bâtiments, illustrant une fois de plus la manière dont l’institution tente de briser les mouvements étudiants et d’étouffer toute contestation. À cela s’ajoute un acte encore plus grave : deux de nos camarades ont été agressé·es physiquement et verbalement par un homme tenant des propos misogynes. Malgré ces obstacles, la mobilisation a montré la force de la solidarité étudiante : lors d’une descente d’auditoire, iels ont convaincu une classe entière, ainsi que son professeur, de rejoindre le piquet et d’y donner cours, permettant ainsi de socialiser la connaissance.

Le samedi 8 mars, en raison du préavis de grève déposé un jour où de nombreuses femmes ne travaillent pas et de l’absence d’une véritable mobilisation au sein de la plupart des centrales, ce sont essentiellement les travailleuses du commerce qui ont pu se mettre en grève pour organiser une action syndicale à Bruxelles le matin avec la Centrale nationale des employés, et le soutien du C8M Bruxelles et de Commune Colère. Grâce à cette action, quelques dizaines de personnes ont pu aller à la rencontre des travailleur·euses des commerces de la rue Neuve et du City 2 dans une ambiance conviviale et combative. Nous avons ainsi pu échanger sur la grève du 8 mars, mais aussi mobilisé pour la grève générale du 31 mars à venir. Ces échanges ont permis de renforcer les liens avec les travailleur·euses du secteur et d’échanger sur les menaces qui pèsent sur elleux en particulier face à l’Arizona. Le groupe de militant·es a ensuite formé un petit cortège de la place de la Monnaie à la place de l’Albertine pour rejoindre le village associatif.

Si, dans ces circonstances, la « grève féministe » en tant que telle a été décevante, la manifestation nationale du samedi 8 à Bruxelles était, par contre, une réelle réussite, au niveau de la participation en tout cas. Près de 30 000 personnes ont arpenté les rues de Bruxelles par un soleil flamboyant : toutes les associations du secteurs (Vie Féminine, la marche mondial de femmes, Furia, Greenpeace, Abortion Right, …), les syndicats (FGTB, CSC, CGSP, CNE, Metallos) des groupes de solidarité internationale (Femmes, Vie, Liberté, des militant·es en solidarité avec les la Palestine, ou le Congo, …), des organisations de gauche (PTB, PSL, Gauche anticapitaliste, …) constituaient un cortège dynamique, qui rappelait la force de la manifestation du 8 mars 2019. Cette combativité du cortège contrastait néanmoins fortement avec la faiblesse du contenu politique : les hégémoniques “Nous sommes fortes, fières, féministes, radicales et en colère”, naïvement déclamatoire alors que l’extrême droite progresse partout dans le monde, ou le “solidarité avec les femmes du monde entier”, essentiel mais manquant de substance, envahissaient un espace marqué par l’absence de prise de paroles contre l’Arizona, et d’appel à la grève du 31 mars. La manifestation donnait l’impression d’un étrange “business as usual”, alors que la conjoncture politique, en Belgique et ailleurs, est l’une des plus préoccupantes depuis plusieurs décennies à l’égard des femmes et des minorités de genre.

Notons également la présence décomplexée de plusieurs personnalités du MR avec des pancartes à la manifestation. Pointant du doigt leur hypocrisie et leur antiféminisme (notamment de par leur présence dans le gouvernement Arizona et l’extrême-droitisation du parti), plusieurs manifestant·es ont alors scandé des slogans afin de les marginaliser et les inviter à quitter la manifestation à laquelle elles n’étaient pas bienvenues. Loin d’être anodine, leur présence semble s’ancrer dans la même stratégie que l’extrême droite et notamment du collectif fémonationaliste Nemesis en France : venir en manifestation dans le but de susciter des réactions, et utiliser ces dernières pour créer la polémique. Comme de fait, le MR s’est emparé de cet événement pour se positionner en victime, alors même que les vidéos montrent des violences physiques de leur part à l’égard de jeunes manifestants, parfois mineurs. Notons enfin la faiblesse de la réponse des partis institutionnels vis-à-vis de cet évènement : si Sophie Rohonyi (DéFI) a reconnu que la présence du MR était une provocation, elle s’est empressée de “condamner la violence”, tandis que Marie Lecoq (Ecolo) n’a pas eu un mot pour dénoncer la présence des libéraux francophones, et que les autres formations politiques n’ont même pas réagi. Pour nous le message est pourtant clair : le MR n’a rien à faire dans une manifestation féministe !

Si la manifestation de Bruxelles était le point d’orgue de la mobilisation, d’autres actions ont aussi été organisées ailleurs dans le pays les 7 et 8 mars. A Liège, après un rassemblement avec prises de paroles organisé le vendredi par le cercle féministe de l’université, le secteur féministe associatif et syndical organisait cette année encore un village associatif et une cycloparade le samedi qui a rassemblé environ 500 personnes. Commune Colère, qui organisait un bloc dans la cycloparade, a poursuivi avec un rassemblement d’une cinquantaine de personnes devant les bureaux du MR pour dénoncer le programme anti droits des femmes de l’Arizona. A Namur, le Collecti.e.f 8 maars a aussi mobilisé environ 500 personnes le samedi dans un cortège assez jeune, notamment autour des enjeux de solidarité internationale (Palestine, Congo). A Mons, une manifestation rassemblant environ 250 personnes étaient organisée le 7 mars par le tissu féministe local. L’action était précédée d’un village associatif sur le campus de l’université de Mons. D’autres mobilisations importantes ont eu lieu dans les autres villes, notamment en Flandre avec 1.000 personnes à Anvers, 2.300 à Gand et 200 à Leuven, témoignant de la décentralisation du mouvement et de son potentiel de mobilisation au-delà de la capitale.

Les féministes aux prises avec le nouveau désordre mondial

Le 8 mars 2025 a lieu dans un contexte politique international alarmant, marqué par la montée des forces d’extrême droite dans de nombreux pays, y compris dans le centre capitaliste. Quand elle ne parviennent pas (encore) à prendre le pouvoir par les urnes, ces organisations incarnent souvent la principale force d’opposition face aux partis traditionnels, en perte croissante de légitimité en raison d’une interminable crise du néolibéralisme dont les effets néfastes se font particulièrement ressentir sur les classes populaires depuis la crise de 2008 ; une crise qu’aucune formation politique ne semble en mesure d’enrayer aujourd’hui avec les vieilles recettes austéritaire. Se présentant comme une solution pour sortir de ces turbulences, l’extrême droite est pourtant évidemment un danger mortel pour les femmes, les minorités de genre, et l’ensemble de notre camp social, et il est important que le mouvement féministe assume un rôle d’opposition majeur vis-à-vis de ces forces.

Face au mouvement féministe, l’extrême droite déploie deux types de stratégie : d’un côté, l’opposition franche et assumée, marquée par une dénonciation radicale du “wokisme” ou du “néoféminisme”. Ceux-ci déstabiliseraient les rôles traditionnels de genre et constitueraient un danger pour notre modèle social. Cette stratégie s’appuie souvent sur un discours masculiniste, qui exalte des valeurs masculines supposément en danger, et qu’on retrouve de façon presque chimiquement pure dans les discours de Trump, Musk, Javier Milei et leur cour. D’un autre côté, dans les pays où le mouvement féministe est parvenu à stabiliser une certaine assise insitutionnelle et à gagner une légitimité profonde dans le débat public, l’extrême droite emprunte des chemins de traverse, adoptant un discours volontiers fémonationaliste, qui postule une égalité déjà réalisée dans les société occidentales, et qui serait à défendre face à des populations immigrant d’autres régions du monde (souvent de “tradition musulmanes” ou assimilées telles), dans lequel le patriarcat existerait encore. Notons également, au sein d’une droite qui se radicalise, une autre tentative, complémentaire à la précédente, de récupération du féminisme, qui tente de fondre les luttes féministes dans un discours libéral et méritocrate : l’objectif du féminisme serait dès lors que les femmes deviennent des capitalistes comme les hommes (un discours qu’on entend fréquemment de la bouche des élues du MR, par exemple). Le mouvement féministe devrait aujourd’hui pouvoir se mobiliser, en lien avec toutes les franges de la société attaquées par ces forces politiques (les personnes racisées, les syndicats, …), pour constituer une force sociale capable de renvoyer l’extrême droite dans la poubelle de l’histoire.

Si la progression de l’extrême droite est l’un des phénomènes les plus marquants de la période, il n’est pas le seul. La crise d’accumulation structurelle du capitalisme est l’arrière-fond économique sur laquelle se déploie une instabilité (géo)politique profonde. Outre les désastres écologiques de plus en plus tangibles, la mise en place de régimes autoritaires qui s’en prennent aux droits démocratiques et sociaux, c’est bien sûr la question de la guerre qui surdétermine la conjoncture actuelle. La reconfiguration des rapports de force internationaux laisse place à un nouveau partage de sphères d’influences entre empires. Dans le cadre d’un essoufflement des taux de profits, propice à l’aiguisement des conflictualités entre grandes puissances, Etats-Unis, Russie et Chine adoptent une stratégie qui vise à vassaliser les pays avoisinants, avec pour objectif d’obtenir par la force des ressources nécessaires à la relance de l’accumulation, ainsi qu’une certaine grandeur militaire, qui renforcerait leur position internationale dans une époque marquée par la fin de la “mondialisation heureuse”. Dans cette perspective, la guerre est un moyen parmi d’autres d’assurer un expansionnisme impérialiste, au détriment des populations des pays voisins, et en particulier des femmes et des enfants, souvent les premières victimes des conflits armés.

Dans cette situation, il est crucial que le mouvement féministe puisse aujourd’hui porter sa voix en défense des peuples en lutte contre tous les impérialismes, et réaffirmer la nécessité d’une solidarité internationale concrète, qui ne passe pas seulement par une posture antimilitariste, mais par la mise en relation avec les organisations féministes sur le terrain, qui luttent contre les invasions militaires. Le féminisme anti-guerre que nous appelons de nos vœux ne doit pas fermer les yeux sur la nécessité de se donner les moyens matériels de se défendre face aux invasions impérialistes, tout en refusant de céder aux sirènes militaristes néolibérales qui n’offrent aucune perspective pour notre camp social. Les lignes directrices d’une politique indépendante sur la question militaire, véritablement anticapitaliste et internationaliste, doivent urgemment être discutées au sein du mouvement féministe aujourd’hui.

Prochaine étape : réussir et féminiser la grève interprofessionnelle du 31 mars

Le succès de la manifestation du 8 mars à Bruxelles démontre que le potentiel de mobilisation du mouvement féministe est intact. La motivation et la force sont toujours là. Mais les perspectives stratégiques et politiques du mouvement féministe en Belgique restent faibles. Les attaques de la droite et de l’extrême droite sont pourtant l’occasion de souligner une nouvelle fois que les droits des femmes et des minorités de genre sont menacés en première ligne et qu’une riposte féministe est nécessaire pour inverser la vapeur. Si ce sentiment semble être plutôt largement partagé dans les rangs féministes, les conclusions qui pourraient en découler, en faveur de la construction d’un message politique et d’une stratégie de rupture, peinent à se concrétiser. La chute de l’Arizona est pourtant la seule perspective viable pour défendre les droits des femmes* et stopper la casse sociale et écologique. Il est essentiel d’élaborer, dès aujourd’hui, un programme de rupture alimenté par toutes les composantes des mouvements sociaux et syndicaux qui puisse servir de base à la construction d’une alternative politique capable de battre la droite et l’extrême droite.

La grève interprofessionnelle du 31 mars est la prochaine étape pour construire la résistance et avancer dans ce sens. S’il est, à l’heure d’écrire ces lignes, difficile de présager l’ampleur de la mobilisation, il est certain que tous les secteurs seront touchés par des actions syndicales. Investir cette journée dans une approche féministe permettrait de ratrapper l’occasion manquée de ce 8 mars, en démontrant l’impact particulier des mesures des gouvernements de droite sur les droits des femmes*, au travail et au-delà, et en appuyant la nécessité d’investir dans les biens communs, les secteurs publics et non marchands, la prévention de toutes les formes de violences et la solidarité internationale. C’est dans cet esprit que le C8M Bruxelles envisage d’organiser un nouveau “grévibus” féministe pour rallier les piquets de différents secteurs féminisés ce 31 mars, une initiative que nous soutenons et que nous appelons à multiplier dans d’autres villes. Pour qu’elle porte ses fruits durablement, cette initiative doit s’articuler avec la construction de fronts de résistance et peser sur le mouvement syndical en faveur de la construction d’un plan d’action déterminé à faire tomber l’Arizona le plus vite possible. Pour opérer le saut qualitatif qui lui fait défaut, le mouvement féministe gagnerait certainement à investir un cadre unitaire comme le propose aujourd’hui Commune Colère. Et, pour battre la droite et l’extrême droite, la résistance à construire se renforcerait sérieusement de l’apport du mouvement féministe.

Crédit photo : Manifestation du 8 mars 2025 à Bruxelles. Crédit photo : Gauche anticapitaliste / CC BY-NC-SA 4.0

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