Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 17 mars 2020

Une crise peut en cacher une ou plusieurs autres

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Cette semaine dans Presse-toi à gauche, la pandémie de coronavirus domine notre édition. Tout d’abord Christophe Aguiton voit un lien entre les crises économique, écologique, migratoire et sanitaire, Yves Bergeron commente le travail de Québec solidaire dans la crise actuelle et Yvan Perrier analyse le plus récent budget du Québec sous l’angle des négociations des salarié.e.s du secteur public.

Christophe Aguiton considère que les crises que nous vivons révèlent les points faibles de la mondialisation néolibérale. Elle « permet aussi de mettre en avant ce que pourraient en être les alternatives. » Elle fait également la démonstration « qu’en cas de nécessité, des mesures « radicales » pouvaient être mises en place. » Une telle analyse confirme que les politiques nécessaires à combattre les effets de la crise peuvent être prises et que la volonté politique est souvent le seul problème pour mettre en branle de telles mesures.

Yves Bergeron constate que Québec solidaire s’efface devant la CAQ dans la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus. Alors que cette crise est salutaire pour la CAQ qui verra grossir son appuis dans la population grâce à une couverture médiatique aveugle à toute contestation, la direction de QS se range derrière la droite néolibérale. Le but de la CAQ est de sauver ce qui peut l’être de l’économie capitaliste qui voit ses point faibles révélés dans cette crise. QS n’a pas à collaborer à cette mission mais doit plutôt être les yeux, les oreilles et la voix de ceux et celles qui en seront les victimes. La formation de gauche a la responsabilité de voir au-delà de l’horizon capitaliste et de profiter de toutes les occasions pour développer une intervention citoyenne en défense des intérêts des classes populaires.

Yvan Perrier montre que la notion « d’anges gardiens » si chère à François Legault pour désigner les travailleurs et travailleuses du secteur de la santé ne pèse pas lourd dans la balance lorsque vient le temps de négocier leurs conditions de travail. Le gouvernement de la CAQ offre une entente une peu plus généreuse que celle qui a été annoncée récemment. Or, c’est à prendre ou à laisser car si cette proposition n’est pas accepté d’ici le 19 mars, il y aura décret.

De plus, nous vous invitons à lire les articles de Pascale Cormier sur la droite nationaliste qui carbure au racisme, Amadou Sadjo Barry dénonce les pratiques autoritaires du service de police de la Ville de Montréal, un groupe de citoyen.ne.s de Ste-Sophie dans les Laurentides se mobilise contre un projet de site d’enfouissement de la multinationale Waste Management et l’R des centres de femmes du Québec lance une vidéo en appui à une campagne contre le harcèlement de rue.

Sur la scène interntionale

La pandémie de coronavirus éclipse tous les sujets d’actualité. Même si nous avons centré notre attention sur cette épidémie, nous avons tenté de faire ressortir des aspects peu diffusés de cette maladie.

D’abord l’aspect patriarcal, celui du marché des médicaments et celui des fake news. Dans la deuxième partie, nous abordons un exemple de plan d’urgence contre le virus et soulignons des appels à la solidarité pour les femmes syriennes et palestiniennes.

Concernant le patriarcat

Coronavirus, capitalisme et patriarcat

L’extension du coronavirus en Europe a clairement mis en évidence l’aspect genré de l’épidémie en le liant à la notion de classe sociale. « L’imbrication du genre et de la classe sociale fait que les conséquences de cette crise se répercutent d’autant plus sur les familles de travailleurs, et en particulier sur les femmes. »

L’aspect des femmes au travail y est étudié « En France, 67,1% des femmes travaillent. Autrement dit, presque 7 femmes sur 10 en âge de travailler (entre 15 et 64 ans) occupent un emploi, tandis que ce sont 75,4% des hommes de la même fourchette d’âge. Cela signifie que, dans la plupart des ménages bi-parentaux, bien que les femmes représentent un tiers des emplois partiels, les deux parents travaillent. » Mais qui va assumer la charge familiale et garder les enfants ?

Le droit au travail des femmes est loin d’être garantie et leur précarité va encore plus les précarisée Quant à la prise en charge des enfants surtout pour les femmes monoparentales cela devient une préoccupation importante pour les femmes d’autant plus si elles sont immigrantes.

Et l’auteur de conclure : « L’épidémie du coronavirus a aggravé cette crise du care, de la santé, en exposant les secteurs les plus vulnérables. Le virus est le déclencheur, mais le capitalisme patriarcal est la maladie originelle »

Concernant le marché des médicaments

 L’épidémie a instantanément mis en évidence le fossé entre les classes sociales dans le domaine des soins de santé 

L’article insiste sur deux aspects du système de santé américain : la non gratuité des soins et le marché des médicaments. La non gratuité des soins est un élément essentiel qui va empêcher la diminution de la maladie aux États-Unis : « Même si Washington résout finalement le fiasco des tests et fournit un nombre suffisant de kits, les personnes non assurées devront toujours payer les médecins ou les hôpitaux pour subir un test. »

Payer pour les soins de santé dans le contexte économique actuel est une très lourde charge pour les travailleurs et travailleuses américain-e-s « La facture médicale des familles va s’envoler en même temps que des millions de travailleurs vont perdre leur emploi et l’assurance maladie fournie par leur employeur. Pourrait-il y avoir un argument plus fort et plus urgent en faveur de l’assurance maladie pour tous [Medicare for all] ? »

En plus des soins payant, il y a aussi les médicaments. Et là nous abordons l’aspect marché des pharmaceutiques « Même Trump peut opportunément se plaindre des coûts absurdes des prescriptions, mais nous avons besoin d’une vision plus audacieuse qui cherche à briser les monopoles pharmaceutiques et à assurer la production publique de médicaments vitaux. »

En conclusion « L’accès aux médicaments vitaux, notamment les vaccins, les antibiotiques et les antiviraux, devrait relever des droits humains. Ils devraient être universellement disponibles et gratuits…... La survie des pauvres doit à tout moment être considérée comme une priorité plus importante que les profits des grandes entreprises pharmaceutiques. »

Concernant les médias

Coronavirus et fake news : l’assemblage catastrophique

Partout sur les réseaux sociaux apparaissent des infos sur le coronavirus malheureusement souvent fausses et qui peuvent avoir de graves conséquences à preuve « Lundi, 27 personnes sont mortes en Iran parce qu’elles ont cru les « rumeurs selon lesquelles la consommation d’alcool à friction peut être efficace dans le traitement des maladies liées au coronavirus »

Faut dire que le président Trump participe activement à la création de fausses nouvelles y compris sur le coronavirus. et on l’a vu u Québec avec la vente de papier de toilette, de farine et de pain dans les épiceries.

L’auteur se pose la question : que faire face à ce déferlement d’informations fausses : « En réalité, il n’y a guère d’alternative dans un État de droit : ou bien on laisse les lois du marché agir, ce qui amène les plates-formes telles Facebook, Instagram et Twitter faire le ménage dans leurs rangs ; ou bien on fait pression pour que les gouvernements instaurent des lois pour contrer cette désinformation »

Partout dans le monde, les gouvernements interviennent peu ou pas sur cette désinformation. Pas de loi que des vides juridiques.Pourtant « les infox peuvent être un réal danger pour la santé publique. Le réveille-matin sonne ! »

Concernant les actions et la solidarité

État espagnol : Pour un plan d’urgence social et politique face à l’épidémie de Covid-19

Voici un plan d’actions pour les organisations militantes et progressistesprenant comme cadre l’État espagnol. Ce plan d’actions vise à permettre à ces organisations de jouer leur rôle d’information et d’intervention auprès de leur pouvoirs publics.
Il est structuré en cinq axes.

1. « Pour un système de santé à la hauteur de l’épidémie »
Dans cet axe, plusieurs revendications mais entre autre l’importance de la « réouverture de lits d’hôpital dans le service public de santé »
2. « Un effort de toute la société pour contenir de façon efficace l’épidémie dans la totalité de l’Etat espagnol ». Cet axe insiste sur les besoins des travailleurs et travailleuses « Que les travailleurs touchés par le coronavirus perçoivent l’intégralité de leur salaire et que soit interdit leur licenciement. »
3. « Un effort en I+D+i (Recherche-Développement-Innovation) »
Cette partie concerne la recherche en science « une augmentation de 200% de l’actuel montant consacré au travail de recherche dans les Universités et les Centres spécialisés publics »
4. « La collaboration internationale »
Dans cet aspect, c’est la notion d’échange et de collaboration qui est mise en évidence « d’impulser la coopération scientifique et industrielle ainsi que les échanges transparents d’information avec le reste des pays industriels »
5. « Le financement de la guerre contre l’épidémie »
Le problème du financement est résolu par une fiscalité plus juste « mise en place, pour appuyer l’effort contre le coronavirus, d’une imposition extraordinaire sur les grandes entreprises faisant des bénéfices et sur les revenus supérieurs à 150 000 euros annuels »

Ces cinq thèmes de revendications sont intéressants à réfléchir pour nos propres plans dans nos organismes. Mais il reste que « L’objectif de ces mesures est de gagner la guerre contre le coronavirus, de renforcer le pouvoir et les droits du peuple et des classes travailleuses, de faire peser l’effort financier sur ceux qui ont le plus, de commencer à mettre en œuvre la mobilisation et la colère populaire et à lui donner un débouché politique tout en court-circuitant la démagogie populiste des partis de droite. »

Nous vous invitons à lire les deux articles suivants qui sont en fait des appels à la solidarité avec les femmes palestiniennes qui tentent de s’organiser malgré la répression d’Israël et avec les femmes syriennes souvent en situation de migration.

Palestine : Tal’at, un mouvement féministe qui réinvente la lutte
https://www.pressegauche.org/Palestine-Tal-at-un-mouvement-feministe-qui-reinvente-la-lutte

« Pas patrie libre sans femmes libres », c’est ce qui a résonné dans les communautés palestiniennes en septembre dernier, lorsque des milliers de femmes palestiniennes sont descendues dans les rues dans des villages et villes à travers le monde dans ce qui a été le lancement de Tal’at, un mouvement féministe palestinien. Tal’at signifie sortir en arabe. »

Pour une solidarité effective envers nos sœurs syriennes

« Les signataires et nombreux cosignataires de cette carte blanche appellent à un féminisme transcendant les différences culturelles pour soutenir les femmes victimes de la guerre en Syrie. Appel est également lancé aux citoyens afin d’exiger le respect des droits fondamentaux en faveur des migrants ainsi que des instruments juridiques visant à protéger les femmes migrantes. »

Bonne lecture !

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