La CREPUQ et les droits de scolarité
La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) propose de hausser les droits de scolarité de 1 500 $ par année afin de refléter, en dollars constants, leur coût de 1968-1969. La CREPUQ omet deux éléments importants. Premièrement, elle oublie de calculer les frais afférents, qui se chiffrent en moyenne à 800 $ cette année, alors qu’ils étaient pratiquement inexistants à l’époque (15 $ en 1968 !). Deuxièmement, comme la fréquentation universitaire était deux fois moins importante en 1968 qu’elle ne l’est aujourd’hui, la composition de la population étudiante universitaire est aujourd’hui fort différente.
L’IEDM et les droits de scolarité
L’Institut économique de Montréal (IEDM) affirme sans rire que les droits de scolarité n’ont aucun impact sur l’accessibilité aux études supérieures et qu’il n’y a eu aucune conséquence de la hausse des droits au début des années 1990. Pourtant, les travaux de Pierre Doray nous démontrent noir sur blanc que la hausse importante des droits de scolarité au début des années 1990 a eu un effet à la baisse sur la fréquentation universitaire. Sachant que 70 % des nouveaux emplois d’ici 2015 nécessiteront un diplôme d’études postsecondaires, veut-on vraiment moins de diplômés au Québec ?
Notons que le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC), qu’on ne peut qualifier de repère de gauchistes, arrivait à la même conclusion en 2007. La même année, le MELS a commandé une étude à l’économiste Valérie Vierstraete, de l’Université de Sherbrooke. On pouvait y lire : « […] une hausse des droits de scolarité au Québec pour parvenir à la moyenne observée dans le reste du Canada aurait des effets sur l’accessibilité, c’est-à-dire une baisse de la fréquentation, du même ordre que lors de la hausse des droits qu’a connue le Québec au début des années 90 ».
Les étudiants font-ils leur juste part ?
On entend souvent que les étudiantes et les étudiants ne font pas leur juste part. Pourtant, ils subissent une hausse des droits de scolarité de 100 $ par année depuis 2007. En 2012, soit la fin du cycle actuel de hausses, celles-ci représenteront une augmentation de 30 % des droits de scolarité. De même, prétendre que les étudiants ne font pas leur part c’est faire abstraction que ceux parmi eux qui auront de meilleurs revenus rembourseront amplement le coût de leurs études avec l’impôt progressif en vigueur au Québec.
Avant d’administrer un remède de cheval, pourrait-on évaluer précisément l’état de santé du patient ? L’importance névralgique de nos universités nous oblige à plus d’analyse et de réflexion. C’est pourquoi nous continuerons d’appuyer les étudiants dans leur lutte et de promouvoir la tenue d’états généraux.