Édition du 19 novembre 2024

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Logement

Une commission populaire à Gatineau pour enquêter sur le respect du droit au logement (FRAPRU)

GATINEAU, le 30 oct. 2012 - À sa deuxième journée en Outaouais, la Commission populaire sur le droit au logement s’est arrêtée à Gatineau pour une journée d’audience au cours de laquelle elle a pu entendre les témoignages de personnes aux prises avec des problèmes de logement, dont des familles sans logis. Des organismes soucieux du respect du droit au logement ont également pris la parole. Partie de Nunavik, le 12 octobre, la Commission, initiée par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), poursuivra son périple jusqu’au 23 novembre. Elle rédigera par la suite un rapport contenant des observations et des recommandations. Il sera remis aux gouvernements fédéral et québécois avant leurs budgets prévus pour mars 2013.

Les commissaires ont pu prendre connaissance des spécificités de la situation de l’habitation en Outaouais québécois et particulièrement à Gatineau. Sa proximité avec Ottawa influe notamment sur le coût moyen des loyers qui, à 705 $ par mois, est plus élevé qu’ailleurs au Québec. Selon François Roy, coordonnateur de Logemen’occupe, qui a organisé l’audience de Gatineau, « déjà, en 2006, le coût élevé des loyers forçait 5 690 ménages locataires de Gatineau à dépenser une moyenne de 81 % de leur revenu en loyer ».

Selon Logemen’occupe, la proximité de la capitale canadienne alimente aussi la rareté persistante de logements locatifs qui est continue depuis le début des années 2000, surtout dans les logements à bas loyer. « Tous ces facteurs contribuent à ce que des familles avec enfants se retrouvent, année après année, sans logis en Outaouais », rappelle M. Roy.

Il précise qu’ « avec la mise en chantier de 405 logements locatifs à Gatineau durant les six premiers mois de 2012, la construction de logements locatifs est plus forte qu’au cours des trois années antérieures, alors qu’à peine 1000 appartements à loyer avaient au total été construits, mais ce ne sera pas suffisant pour rattraper le retard accumulé ». Il ajoute que « ces logements locatifs privés sont par ailleurs hors de prix pour une large partie des ménages de Gatineau, ce qui ne règle pas leurs problèmes ».

Les logements sociaux

François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, espère que les travaux de la Commission populaire itinérante relanceront le débat sur la situation du logement en Outaouais et à l’échelle du Québec. Il estime que l’opinion publique pourrait forcer la main des gouvernements à Gatineau pour qu’ils prennent davantage leurs responsabilités à l’égard du droit au logement : « En adhérant au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, nos gouvernements se sont engagés à y consacrer le maximum de leurs ressources disponibles. Ce n’est certainement pas ce qu’ils font en ne finançant conjointement que 2 500 logements sociaux en 2012-2013 dont 160 à Gatineau. Ce n’est pas à un tel rythme qu’ils vont répondre aux besoins urgents des 261 000 ménages locataires québécois qui sont, aux dires mêmes des gouvernements, éligibles à un logement subventionné dont 9 000 dans la RMR de Gatineau où ils représentent le quart des locataires ».

Le FRAPRU estime que le gouvernement péquiste de Pauline Marois doit aller au-delà des 3 000 logements sociaux par année qu’il s’est engagé à financer pendant cinq ans, lors de la dernière campagne électorale. Quant au gouvernement fédéral dirigé par Stephen Harper, le FRAPRU considère qu’il a une double responsabilité.

La première est d’augmenter considérablement les sommes annuelles de 250 millions $ qu’il attribue, d’ici la fin mars 2014, à l’ensemble des provinces et territoires pour tous leurs programmes de construction et de rénovation de logements. De cette somme, moins de 58 millions $ sont versés annuellement au Québec.

La seconde est de s’engager immédiatement à poursuivre les subventions à long terme versées aux logements sociaux existants au Canada. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) prévoit que, d’ici cinq ans, ces subventions auront pris fin dans 81 200 logements, ce nombre continuant d’augmenter par la suite. À terme, 606 000 logements sociaux auront perdu leurs subventions au Canada, dont 127 000 au Québec. En Outaouais, la fin de subventions affectera plus de 4 500 logements dont 2 525 en HLM, 1 000 en coopératives d’habitation et 650 gérés par des organismes sans but lucratif. Le FRAPRU craint que ce ne soit l’accessibilité financière de ces logements qui souffre le plus de la fin de ces subventions, ce qui pourrait nuire non seulement aux locataires qui demeurent présentement dans ces logements, mais à tous les ménages qui en auront besoin par la suite.

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