Casinos, hôtels et yachts, banqueroutes et empire immobilier, mondanités new-yorkaises... l’ascension de ce produit certes monstrueux mais enfant naturel de l’establishment de la société du fric a connu un épisode décisif pour construire sa popularité, celui de la télé-réalité, qui préparait sa marche vers la Maison-Blanche. Élu, Trump combine son ancien job – qu’il continue pour de vrai – en même temps que la présidence des USA. Le tout promet d’étranges rebondissements, étranges et inquiétants... À la Maison-Blanche, la télé-réalité en est au stade du casting pour mettre en scène le scénario du nouvel épisode : « Make America great again ».
Un casting de milliardaires et de généraux...
« Je suis le seul à savoir qui sont les finalistes ! », s’amuse Trump en mettant en compétition celles et ceux qui se bousculent pour accéder aux places et sinécures. Après Mike Pence, le vice-président, évangéliste pourfendeur de l’avortement et des droits des homosexuels, Stephen Bannon a été choisi comme « conseiller spécial du président ». Ex-banquier chez Goldman Sachs, proche du Tea Party, conseiller de l’ex-colistière de John McCain, Sarah Palin, il affiche ses liens avec l’« alt-right », l’extrême droite américaine. Steve Mnuchin, ancien dirigeant de Goldman Sachs, a été nommé secrétaire au Trésor. Le nouveau secrétaire à la Défense sera James Mattis, général à la retraite surnommé « mad dog » (le chien fou) pour son sale boulot en Afghanistan et en Irak. Il sera le patron du Pentagone... et un des trois généraux de l’équipe Trump.
Le secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, Tom Price, est un farouche opposant à l’avortement et à l’Obamacare. Elisabeth DeVos, richissime philanthrope conservatrice, est une partisane du droit à choisir entre école publique, privée ou enseignement à la maison. Elle est mariée à Dick DeVos, l’un des héritiers de Richard DeVos, la 88e fortune américaine avec ses 5,4 milliards de dollars. Andrew Puzder, un patron de fast-food, sera ministre du Travail, et Scott Pruitt, propulsé à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), est l’un des architectes de la bataille juridique menée contre les quelques réformes engagées par Obama pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est l’homme des compagnies pétrolières.
Pour les travailleurs, un scénario à écrire
Les banques se frottent les mains depuis l’élection de Trump. L’action Goldman Sachs a gagné 26 %, et JPMorgan Chase 19 %. Leurs dirigeants ont bien compris que le baratin de Trump contre la finance n’était qu’un jeu de dupes. Toute sa politique, comme le fut celle d’Obama, sera à leur service pour tenter d’éviter un nouveau krach financier, dans la continuité mais en pire.
Celles et ceux qui ont pris au sérieux les promesses de Trump sur l’emploi en seront pour leur frais. La démagogie protectionniste et anti-immigréEs comme l’offensive réactionnaire à venir n’ont qu’un but : faire baisser le coût du travail pour renflouer les profits.
Reste à la classe ouvrière, à tous les exploitéEs, à écrire leur propre scénario.
Yvan Lemaitre