Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Trahison syndicale

Nos leaders syndicaux nous laissent tomber en pleine lutte syndicale du Front Commun et en pleine lutte sociale contre les mesures d’austérité du gouvernement Couillard. La contre-offre qu’il ont présenté au gouvernement sans même nous consulter est totalement inacceptable. Ils ont réduit nos demandes salariales de moitié, soit à 7% sur 3 ans après nous avoir dit pendant des mois que 15% sur trois ans serait raisonnable pour combler le rattrapage salarial face au privé, avoir une indexation au coût de la vie, et une augmentation de salaire. Si nous acceptons cette contre-offre nous continuerons à nous appauvrir au cours des prochaines années.

En plus ils ne parlent même plus de nos conditions se travail. Je parierais ma chemise que ce sera le statu quo et que nos conditions de travail continueront à se détériorer en plus des coupures liées à la lutte contre l’austérité dont nous sommes victimes comme l’ensemble de la population. Ils trahissent notre confiance et mijotent derrière des portes closes avec le gouvernement une entente à rabais qu’ils vont tenter de nous faire avaler très bientôt en prétextant que ce n’est pas possible d’obtenir plus et qu’une loi spéciale pointe à l’horizon. Les conséquences d’accepter une telle offre à rabais seront catastrophiques. De plus en plus de travailleurs(euses) du secteur public s’épuiseront au travail et tomberons malades. Les gens d’expérience partiront à la retraite plus tôt et les jeunes hésiteront à venir travailler dans de telles conditions.

Nous devons maintenant prendre conscience que nous faisons face à deux ennemis à la fois, soit notre boss le gouvernement et nos boss syndicaux, main dans la main et soupant dans les mêmes restaurants de la Grande-Allée à Québec. Ces derniers en plus de saboter notre rapport de force en annulant le débrayage prévu les 1-2-3 décembre nous démobilisent au moment où nous avons l’appui d’une majorité de la population et coupent également l’herbe sous le pied du mouvement social contre l’austérité, mouvement social dont il n’a jamais voulu. Tout comme le gouvernement il nous divise plutôt que de nous unir.

Face à la trahison de nos ‘’ leaders ‘’ il nous faut d’abord les démasquer auprès de nos collègues de travail et demander au plus tôt la tenue d’assemblées générales dans tous les milieux de travail et les syndicats. Il faut voter sur la contre-offre faite au gouvernement et la rejeter. Il faut également leur imposer de céder leur place à la table de négociation pour les remplacer par des gens qui ont véritablement à coeur les intérêts de leurs membres et le bien commun comme valeur fondamentale avant leurs intérêts personnels. Il faut donner suite au plus tôt au trois jours de grève déjà votés le plus tôt possible. Il faut surtout élargir nos solidarités tant localement qu’au plan national, unir plus que jamais le mouvement syndical et social et nous opposer à toute entente à rabais, et créer un rapport de force pour faire reculer le gouvernement Couillard sur toutes les facettes de ses mesures d’austérité. Ou nous nous résignons et acceptons notre sort ou nous nous tenons debout faisant preuve de courage et de dignité en faisant les sacrifices nécessaires de temps et d’argent, et allant même jusqu’à défier une éventuelle loi spéciale. L’heure des choix est arrivée.

Yves Chartrand
Surveillant de dîner à l’Ecole Maisonneuve
Délégué syndical APPA/CSN

Yves Chartrand

Intervenant social
Montréal

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