Plusieurs mesures connues
La nouvelle stratégie intègre plusieurs mesures annoncées dans les derniers mois, concrétisant un grand nombre de recommandations du rapport Rebâtir la confiance : bracelets anti-rapprochement, augmentation des effectifs policiers, meilleure intégration des services d’accompagnement des victimes, projets-pilotes du tribunal spécialisé, augmentation du financement des services aux victimes. « Ce sont là des mesures qui doivent se poursuivre et dont on pourra mesurer les effets dans les prochaines années » affirme Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement.
Des mesures à préciser
Au plan de la prévention, la stratégie prévoit une campagne et des activités de sensibilisation. Ces activités qui feront l’objet d’appel de projets demandent à être précisées. « Si on veut un jour éliminer la violence conjugale, il faut intervenir auprès des jeunes pour qu’aucune fille et aucun garçon ne croie que la jalousie est une preuve d’amour et pour qu’aucun garçon ne se sente légitime de contrôler son amoureuse » rappelle Annick Brazeau. De même, si la stratégie contient 11 actions pour contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, il faudra développer davantage les mesures pour mieux rejoindre et soutenir certaines victimes comme les femmes issues de l’immigration, les femmes vivant avec une limitation fonctionnelle ou encore les femmes âgées.
Notons par ailleurs l’annonce de l’encadrement des pratiques d’intervention auprès des hommes auteurs de violence conjugale, par le biais d’un cadre de référence axé sur la responsabilisation. « Le rapport Rebâtir la confiance recommandait d’évaluer, d’encadrer et de développer une accréditation pour les programmes pour conjoints violents. La mesure annoncée aujourd’hui ira-t-elle jusque-là ? » s’interroge Annick Brazeau qui souhaite par ailleurs que les groupes venant en aide aux victimes puissent être consultés également.
Se donner les moyens d’aller plus loin par la concertation
La stratégie est annoncée comme évolutive, mettant à l’avant-plan la concertation avec les groupes sur le terrain. Le gouvernement indique que de nouvelles mesures et de nouveaux crédits pourront s’ajouter au fil des ans, en fonction des besoins et des problèmes émergents. « En pérennisant les rencontres mises en place, pendant la pandémie, entre les associations de ressources spécialisées en violence conjugale, le Secrétariat et d’autres ministères concernés, le gouvernement officialise un mécanisme de discussion d’où pourront émerger de nouvelles mesures, c’est une excellente nouvelle » soutient Louise Riendeau. Ce nouveau canal de communication s’ajoute à la mise sur pied d’un comité visant à mieux accompagner le développement de nouvelles ressources : les besoins de services pour les victimes y seront discutés entre les organismes du terrain et les différentes instances concernées (ministère de la Santé et des Services sociaux, Société d’habitation du Québec, ministère des Finances, Secrétariat à la condition féminine). Le Regroupement espère que ce chantier permettra d’aller au-delà des 4 nouvelles maisons annoncées dans la présente stratégie, loin de combler l’ensemble des besoins sur le territoire.
Le Regroupement salue par ailleurs l’initiative du Secrétariat à la condition féminine d’élaborer des balises pour que les contenus de formation sur la violence sexuelle et la violence conjugale soient cohérents et permettent aux différents acteurs de partager une vision commune et des actions de soutien cohérentes. Il s’agit là d’une condition sine qua non pour que les différentes mesures prises par le gouvernement et par les différents acteurs atteignent les objectifs d’élimination de ces violences envers les femmes. « La volonté d’offrir des formations au personnel de la DPJ - entre autres acteurs - constitue un premier pas essentiel vers une meilleure intervention en protection de la jeunesse » conclut Annick Brazeau.
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