Madame Marois s’est donné une caution environnementale en nommant Daniel Breton, mais ne serait-ce pas pour mieux ouvrir le Québec aux sables bitumineux de l’Alberta, au pétrole du gisement Old Harry dans le Golf du St-Laurent et probablement aussi à celui du pétrole de schiste d’Anticosti et de la Gaspésie ? En somme, on se lance à fond dans l’exploitation des énergies fossiles les plus controversées, tout en prétendant que cela devra se faire dans le plus grand respect de l’environnement.
C’est tout simplement impossible en considérant simplement les émissions de GES supplémentaires qui en découleront. Alors que le Québec s’est donné un objectif de réduction de 20 % d’ici 2020, que le PQ a d’ailleurs bonifié à 25 %. Ce n’est surement pas en ajoutant le raffinage du pétrole des sables bitumineux et l’exploitation du pétrole de schistes qu’on atteindra ces objectifs, qui ne seront déjà pas faciles à rencontrer sans investissement massif dans le transport collectif électrifié.
Tout cela, alors que la Banque mondiale, dans un récent rapport, redoute une hausse de la température du globe de 4 °C d’ici 2060 et s’alarme du « cataclysme » qui frapperait alors les pays pauvres, rapporté dans Le Devoir du 19 novembre. Ce n’est pas nouveau, mais lorsque la Banque mondiale le confirme, ça fait plus sérieux. D’ailleurs, Louis-Gilles Francoeur, le nouveau vice-président du BAPE, dans Le Devoir 25 mai 2012, mentionnait que « l’écart qui sépare l’humanité de son objectif officiel de réduction des émissions de GES d’ici 2020 s’agrandit... »
Le réchauffement climatique est bien en cours et sa cause principale est l’utilisation massive des combustibles fossiles. C’est une des plus graves menaces qui pèsent sur l’humanité, particulièrement sur les plus démunis. C’est ce qu’on devrait considérer en priorité lors des évaluations environnementales, avant d’ouvrir de nouvelles vannes. Il n’y a vraiment pas de place pour de nouvelles émissions de GES et le gouvernement du Québec devrait plutôt tout mettre en oeuvre pour nous libérer de notre dépendance aux hydrocarbures.
Une évaluation environnementale devrait aussi prendre en compte les autres risques environnementaux. L’exploitation du pétrole d’Anticosti et de la Gaspésie nécessitera probablement d’avoir recours à la fracturation hydraulique, alors que le débat autour des gaz de schiste en a signifié les multiples dangers. Le golfe du Saint-Laurent et les îles de La Madeleine sont des milieux fragiles où une marée noire pourrait être catastrophique.
Bien sûr, de nombreux arguments économiques appuyés par les lobbys pétroliers vont dans le sens de l’exploitation des hydrocarbures :la consommation de pétrole coûte environ 14 milliards $ par année au Québec et cela risque d’aller en augmentant, ça va créer de l’emploi, rapporter en taxes... Mais, on évite de mentionner que chaque dollar épargné en diminuant notre consommation de pétrole peut servir à créer de la richesse et des emplois autrement, tout en réduisant nos émissions de GES.
À l’opposé, Québec solidaire propose un Plan vert qui tourne résolument le dos aux énergies fossiles, tout en créant 109 000 emplois. Brièvement, en profitant du vaste potentiel en énergie renouvelable du Québec, en lançant un vaste chantier d’efficacité énergétique et en investissant dans le transport collectif électrique.
C’est un projet ambitieux de société écologique résolument tourné vers l’avenir et qui pourra devenir un modèle inspirant de par le monde. Ni plus ni moins qu’un bien-vivre pour toutes et tous, respectueux de l’environnement. Tout le contraire du pétrole facile, passéiste et non durable du gouvernement Marois.
Jean-Claude Balu