L’IRIS a tout d’abord démontré que le Québec vivait bel et bien une période d’austérité. « Malgré ce que dit le gouvernement, nous sommes actuellement en période d’austérité. En prenant compte de l’inflation, les dépenses ont été négatives en 2011-2012 et 2012-2013 et le seront probablement en 2015-2016 », explique Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude.
Pour sortir de la crise économique de 2008, le gouvernement du Québec a d’abord mis en place des mesures de relance : l’accélération de son plan d’infrastructures et le démarrage du Plan Nord représentent à eux seuls 38% des sommes investies. « Les mesures de relance économique ont surtout favorisé les hommes, car elles étaient axées sur le secteur de la construction. Ceux-ci ont bénéficié de 7,2 G $, contre 3,5 G$ chez les femmes, ce qui signifie que sur toute la période, ils ont profité de 3,7 milliards $ de plus, soit le double de ce que les femmes ont obtenu », affirme Eve-Lyne Couturier, également chercheure à l’IRIS et auteure de l’étude.
En plus, depuis 2010, le gouvernement adopte des mesures d’austérité pour atteindre l’équilibre budgétaire : coupes générales, hausses de taxes et de tarifs, réductions ou gels des salaires, etc. L’IRIS en a identifié pour 23 G $. « Encore une fois, le portrait est clairement au désavantage des femmes. Collectivement, celles-ci assument 3,1 milliards de compressions de plus que les hommes. Quand le gouvernement coupe dans le secteur public - le plus grand employeur féminin -, ce sont les femmes qui sont plus durement pénalisées », explique Eve-Lyne Couturier
Bien que le ministre des Finances, Carlos Leitao, ait affirmé en commission parlementaire que les mesures imposées étaient « neutres » et « technocratiques », une analyse différenciée selon les sexes permet de dresser un portrait plus clair de l’effet de l’austérité sur les femmes. « La stratégie de sortie de crise, tant avec ses mesures de relance qu’avec ses budgets austères, aura approfondi les inégalités entre les hommes et les femmes de près de 7 milliards de dollars », conclut la chercheure.
Les mesures d’austérité et les femmes : analyse des documents budgétaires depuis novembre 2008 est disponible gratuitement sur : www.iris-recherche.qc.ca. L’Intersyndicale des femmes et Relais-femmes ont participé au financement de cette étude.