Hebdo L’Anticapitaliste - 720 (12/09/2024)
Par Meron Rapoport
Crédit Photo
Itai Ron/Flash90
La libération des otages avant tout
Dans l’ensemble, l’opposition à la poursuite de la guerre n’est pas motivée par des préoccupations morales : les actions génocidaires d’Israël à Gaza n’ont pas été mentionnées, et aucun appel à la réconciliation ou à la paix avec les PalestinienNEs n’a été lancé. Les manifestantEs se préoccupent avant tout de leurs concitoyenNEs détenuEs à Gaza et réclament un « Deal Now » qui aboutirait à leur libération. Néanmoins, ces appels ont une portée considérable.
Même dans l’éventualité d’un cessez-le-feu temporaire qui faciliterait un premier échange d’otages et de prisonnierEs, tel que celui envisagé par l’accord actuellement sur la table, il semble que Netanyahou craigne la difficulté à renouveler l’effort de guerre, une fois l’armée retirée des corridors de Philadelphie et de Netzarim, et après que des centaines de milliers de PalestinienNEs auront été autorisés à retourner dans le nord de la bande de Gaza. […]
Les manifestantEs ne croient pas que l’arrêt de la guerre, du moins à ce stade, constitue une menace pour leur existence, contrairement à ce que prétendent Netanyahou et ses porte-parole depuis les premiers jours des combats. Bien au contraire, ils et elles perçoivent la poursuite de la guerre comme une menace directe pour la vie des otages et, dans une certaine mesure, pour la leur. C’est le sens subversif de l’appel au « Deal Now », même si toutes celles et ceux qui l’ont lancé n’en ont pas compris l’implication.
Un choix entre « Deal Now » et « Sacrifice Now »
La droite israélienne continue d’affirmer que ce n’est pas le corridor Philadelphie qui fait obstacle à un accord, mais plutôt le chef du Hamas Yahya Sinwar et ses conditions impossibles. La plupart des analystes israélienNEs de haut niveau en matière de sécurité rejettent désormais cet argument, insistant plutôt sur le fait que ce sont les conditions fixées par Netanyahou, sous la pression de Bezalel Smotrich et d’autres membres de l’extrême droite de son gouvernement, qui sabotent l’accord — même après que le Hamas a surpris Israël en acceptant une proposition qu’Israël avait lui-même soumise. […]
Le choix est maintenant, quoique tardivement, clair pour tous et toutes : poursuivre la guerre indéfiniment en mettant en danger la vie des otages ou mettre fin à la guerre pour les libérer. La droite israélienne choisit la première solution, tandis que les centaines de milliers de personnes qui descendent dans la rue estiment qu’aucun objectif de guerre ne vaut le sang des otages. […]
Il est difficile de prévoir si cette large mobilisation débouchera sur un changement politique ; cela dépendra de nombreux éléments sans rapport avec le mouvement de protestation, y compris la pression américaine. Le défi est énorme : non seulement renverser un gouvernement et contrecarrer son projet législatif, mais aussi arrêter la guerre la plus longue et la plus sanglante de l’histoire du conflit israélo-palestinien. Mais un refus massif d’accepter le récit qui vient d’en haut est un premier pas important — et c’est exactement ce à quoi nous assistons aujourd’hui.
Meron Rapoport, le 4 septembre 2024, traduction JB pour l’Agence Media Palestine
À lire en intégralité : « Sacrifier ou libérer les otages ? Les manifestantEs israéliens ont choisi leur camp » https://agencemediapales…
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