« La présence au bureau devrait être une expérience agréable, mais le sondage complété par 45 % de nos quelque 5 500 professionnels à RQ fait teinter un tout autre son de cloche. Outre l’absence d’équipement adéquat empêchant l’employé de donner une prestation efficace et satisfaisante, les journées au bureau se déroulent généralement sur la plateforme Teams avec des collègues (et parfois le gestionnaire) en télétravail. Certaines rencontres par Teams se tiennent même avec d’autres collègues en présentiel ! C’est à se demander quelle est la valeur ajoutée d’une présence dans les bureaux de l’employeur », indique Guillaume Bouvrette, troisième vice-président du SPGQ.
Cette situation surréaliste vient à nouveau mettre en lumière l’insatisfaction liée au manque d’autonomie professionnelle des membres du SPGQ à l’emploi de RQ. Elle fait d’ailleurs partie des pierres d’achoppement dans le contexte des négociations pour le renouvellement de la convention collective de son personnel professionnel, sans contrat de travail depuis plus de 15 mois. Les conditions de travail et la rémunération globale, selon le syndicat, sont nettement inférieures à ce qui est offert au personnel de l’Agence du revenu du Canada (ARC), malgré des taches similaires.
« Le manque d’autonomie professionnelle de nos membres se conjugue de plus en plus avec la perte d’expertise flagrante du fisc québécois. Un bel exemple nous a été fourni cette semaine, car RQ a perdu cinq ans de travail et 34 millions $ en essayant de faire fonctionner un logiciel implanté en sous-traitance qui devait accélérer l’analyse des dossiers des contribuables. Qu’une agence gouvernementale sous-traite sa mission principale plutôt que de former ses employés pour l’effectuer, ce n’est pas seulement démotivant, c’est scandaleux ! » exprime M. Bouvrette.
Or, malgré ce cuisant revers, RQ envisage aussi de sous-traiter un autre pan important de sa mission, celle du recouvrement des créances fiscales. À cet égard, le fisc québécois a lancé ce printemps un appel d’intention sur le système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec. Il souhaite ainsi identifier une firme pouvant migrer son système de recouvrement dans l’infonuagique.
« Encore une fois, RQ se déleste de sa mission au profit de firmes privées, car l’agence ne parvient pas à retenir ses professionnels en technologies de l’information (TI), faute d’offrir une rémunération concurrentielle. Pour contourner cet écueil, le fisc québécois nourrit le projet d’embaucher à bas salaire des sous-traitants en TI, provenant de pays comme le Maroc ou la Tunisie qui, eux, pourront évidemment offrir leur prestation en télétravail, contrairement à nos membres. Aussi, des rumeurs circulent voulant que RQ ait communiqué avec l’ARC pour exiger que le fisc canadien - dont les salaires peuvent être jusqu’à 30 % plus élevés pour des postes identiques - cesse de recruter les professionnels de RQ. Si RQ voulait provoquer la démobilisation et le départ de nos membres, elle ne pourrait mieux s’y prendre », conclut Guillaume Bouvrette.
Les professionnelles et professionnels de Revenu Québec occupent principalement des emplois dans les domaines suivants : administration, communications, comptabilité, vérification, recouvrement et enquêtes, droit, évaluation et bâtiment, fiscalité, gestion, recherche et stratégie, ressources humaines et technologies de l’information.
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