Il y a six ans, l’accord de Paris a reconnu la nécessité que les questions de genres et les inégalités soient sérieusement examinées dans la planification des actions climatiques.
Les solutions proposées par votre gouvernement laissent de côté les personnes de plusieurs communautés vivant sur ce territoire qui non seulement jouent un rôle essentiel dans la transition écologique, mais sont aussi les premières touchées par les extrêmes climatiques et la perte de biodiversité. Les inégalités sociales et le respect ders droits doivent être au coeur de la réflexion et de l’action, tout comme doit l’être la participation citoyenne.
Nous attendons mieux qu’un troisième lien polluant, qu’un plan vert ancré dans le béton, qu’un étalement urbain aux dépens des milieux naturels et que des cibles climatique qui ne répondent pas au cri d’alarme des scientifiques. Non seulement ces projets peu ambitieux sont déconnectés des enjeux actuels, mais encore une fois, vous laissez plusieurs personnes de côté. Vous oubliez qu’il est nécessaire d’analyser la crise en prenant compte les inégalités (de genre, économiques, raciales et celles liées aux situations de handicap) pour que les solutions soient porteuses de justice sociale et respectueuses des droits de la personne.
Vous omettez qu’agir pour le climat exige de prendre des décisions en cohérence avec les faits : les changements climatiques et les inégalités sociales touchent particulièrement, et depuis des décennies, les femmes et les populations marginalisées.
À l’heure où nous parlons de plus en plus de la fin du monde tel que nous le connaissons, rappelons que les communautés autochtones et les communautés racisées ont souvent vu le monde s’effondrer sous les effets du colonialisme et du racisme. En dehors des calculs d’experts, des rapports scientifiques, des mouvements écologistes et des rencontres des dirigeants sur ces questions, ces femmes et leurs communautés n’ont jamais cessé de s’organiser, de résister et de lutter au quotidien pour un environnement sain.
Pensons par exemple, aux luttes menées par les femmes innues, par le groupe Uapashkuss ou par le mouvement Idle no more pour la protection des milieux naturels et des sites sacrés ainsi que leur importantes réflexions qui condamnent nos modèles économiques destructeurs. Pensons à des organisations nouvelles et pertinentes comme BE initiative qui travaille activement à dénoncer et trouver des solutions au racisme environnemental. Pensons aux nombreuses femmes qui ont joué un rôle actif dans la lutte contre le projet GNL Québec ou au Mur des femmes contre les oléoducs et les sables bitumineux. De même, le mouvement Mères au front et le Réseau des femmes en environnement rassemblent des femmes de tous les horizons qui se battent afin de protéger l’avenir des enfants contre l’inaction climatique. Nommons aussi le travail des centres de femmes qui, depuis des décennies, créent des solidarités en travaillant à sortir les femmes de la pauvreté, à soutenir celles vivant différentes formes de violence.
M.Legault, les femmes et leurs communautés sont encore les grandes oubliées dans votre plan pour affronter la crise climatique. Il est grand temps d’arriver avec de vraies solutions qui tiennent compte des enjeux de genres.
Cosignataires : Gabrielle Spenard-Bernier, Mères au front ; Alexandra Pierre, Ligue des droits et libertés ; Catherine Voyer, Réseau des femmes en environnement.
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