Déjà, le 1% lui envoie des messages, notamment par l’entremise de Paul Ryan (président de la chambre des représentants). Pas question, disent-elles, d’augmenter les impôts des riches. Ni de remettre en question les traités de libre-échange. Les débats entre Trump et Ryan s’annoncent houleux.
En parallèle, Trump s’aligne sur des positions en matière d’environnement qui plaisent aux grands opérateurs économiques : oui aux pipelines (Keystone XL). Oui aux mines de charbon au Tennessee, en Virginie occidentale, et dans l’ouest de la Pennsylvanie. Oui à la poursuite de l’exploration et de l’exploitation pétrolière dans le nord de l’Alaska. En somme un retour au charbon et au bitume. Au diable les changements climatiques, les écologistes et la COP-21 ! Également, Trump déchirera Obamacare pour le remplacer par un plan médical privé et entièrement contrôlé par les compagnies d’assurances. Il nommera des conservateurs à la Cour suprême (trois possiblement) et il ne touchera pas à Wall Street.
Que pourrait-il faire sur la question de l’immigration ? Pourrait-il fermer la porte aux musulmans ? Pourrait-il ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique ? S’il allait jusqu’au bout de ces idées qui sont tellement populaires dans les secteurs de l’ultra-droite, cela pourrait créer des problèmes à l’économie. Il est probable qu’il se contentera d’imposer de nouveaux contrôles à la frontière sud et qu’il accélèrera les déportations des soi-disant illégaux. Il donnera de nouveaux pouvoirs et de nouveaux moyens aux services de sécurité et à la CIA pour « filtrer » les immigrants et réfugiés du Moyen-Orient.
Sur les questions militaires, Trump promettra d’augmenter le budget de la défense, ce qui devrait plaire aux conservateurs. Mais en même temps il veut revenir à la vieille idée, qui a toujours existé aux États-Unis, de l’isolationnisme. Cette politique, pour l’instant, se résume à faire payer les alliés pour les ambitions impériales des États-Unis. Selon plusieurs sondages, une majorité des gens pense que les alliés « profitent » de la trop grande « générosité » des alliés.
En fin de compte, la politique de Trump sera un amalgame des positions de la droite républicaine et celles du populisme de l’extrême-droite. Avec sa grande gueule, il doit apprendre à manœuvrer s’il veut, d’une part, satisfaire la colère qui alimente ce populisme d’extrême droite et, d’autre part, exercer une « realpolitik » en phase avec Wall Street et avec les Républicains de droite, mais pas nécessairement d’extrême-droite, qui dominent le Congrès.