Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet

Qui veut cacher l’apartheid israélien ?

L’organisation israélienne de défense des droits B’Tselem vient de produire un rapport exhaustif sur le système d’apartheid que l’État israélien tente d’établir contre les Palestiniens. Pour ceux et celles qui avaient encore des hésitations à employer les termes d’apartheid, de racisme systémique et de colonisation dans le cas israélien, le verdict est sans appel.

C’est ce qui explique sans doute que la campagne BDS ne cesse de progresser un peu partout dans le monde, en dehors des cercles traditionnels où était niché le mouvement de solidarité avec les Palestiniens. Des municipalités, des syndicats, des associations professionnelles un peu partout s’activent. Les entreprises qui transigent avec l’apartheid israélien sont particulièrement visées. Le produits qui proviennent des territoires illégalement occupés par les colonies de peuplement sont identifiés, fichés et boycottés.

Cela préoccupe beaucoup l’État israélien et ses partenaires comme le Canada. Tant les conservateurs que les libéraux s’entendent pour proclamer leur « solidarité éternelle » avec l’état israélien, quitte, de temps en temps, à pleurer sur les terribles exactions subies par les Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et en Israël même, où plus de 20% sont des Palestiniens qu’on traite comme des citoyens de seconde zone.

Depuis quelques mois, la nouvelle tactique pensée par l’État israélien a été de porter le débat sur l’antisémitisme d’une manière qui occulte l’apartheid israélien. Certes l’antisémitisme est un fléau qu’il faut combattre sans relâche. Cependant, s’opposer au racisme antisémite n’a rien à voir avec la défense des pratiques coloniales et prédatrices d’Israël.

Le gouvernement canadien fait partie de cette campagne, après avoir endossé les principes de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) en juin 2019 et qui, quand on la lit attentivement, est moins intéressée à la lutte contre l’antisémitisme qu’à la défense inconditionnelle de l’État israélien.

Parallèlement, sous l’égide d’Irwin Cotler, un ancien député libéral que ses collèges appelaient le député de Tel-Aviv, on cherche à convaincre des municipalités et des institutions d’adopter une motion proposée par l’IHRA, en amalgamant l’antisémitisme à toute critique d’Israël et faisant passer ceux et celles qui combattent cet apartheid, notamment par la campagne de BDS, comme de vulgaires nazis. Les divers partisans ouverts et cachés de l’apartheid israélien, tel le chef de l’opposition à Montréal, Lionel Perez, sont dans le coup.

Devant cela, une vaste coalition animée par le groupe Voix juives indépendantes et appuyée par un grand nombre de profs du Québec et Canada, a réussi à empêcher l’adoption de l’IHRA par les villes de Montréal, Toronto et Vancouver. Cette défaite n’a pas empêché les ennemis de la paix comme B’nai Brith de continuer en focussant récemment sur les universités où des profs ont été purgés parce qu’ils n’étaient pas dans la « ligne », ou autrement dit, parce qu’ils-elles se permettaient de critiquer les pratiques israéliennes. Aussi, les personnes concernées sont mobilisées pour bloquer cela, tant pour la défense de la liberté académique que pour le respect des droits universellement reconnues :

  • L’antisémitisme est une menace concrète et de plus en plus mortelle pour les Juifs et les Juives. La définition de l’IHRA, que le gouvernement canadien a récemment fait sienne, est formulée de manière à délibérément assimiler à de l’antisémitisme les critiques légitimes à l’endroit d’Israël et la défense des droits des Palestiniens. Cette confusion nuit à la fois à la lutte des Palestinien·ne·s pour la liberté, la justice et l’égalité et à la lutte mondiale contre l’antisémitisme. Elle sert aussi à protéger Israël de toute obligation de rendre des comptes à l’aune des normes internationales en matière de droits de la personne et au regard des prescriptions du droit international. Nous demandons à tous ceux et celles qui valorisent les débats francs et ouverts et la liberté de penser et d’enseigner de rejeter cette définition qui mettrait en péril la recherche de la vérité et l’expression légitime de la dissidence.

Dans les prochaines semaines, plusieurs syndicats et associations dans les institutions post secondaires seront appelées à se prononcer. Lionel Perez entretemps s’est replié sur son patelin à Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce pour rallier le conseil d’arrondissement à l’hypocrite IHRA. La bataille sera certainement longue et difficile.

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