En ce sens, la CSN croit que la conjoncture économique mondiale devrait amener le gouvernement fédéral à mettre fin à son plan de démolition et à reconsidérer ses coupes de 5,2 milliards de dollars ainsi que ses intentions relatives à un retour à l’équilibre budgétaire, trop rapide. « Le gouvernement doit éviter toute manœuvre qui pourrait précipiter le Canada dans une récession qu’il devrait plutôt chercher à éviter. L’exemple européen est éloquent. Accélérer l’application de politiques d’austérité n’a fait que plonger encore plus les économies et les finances publiques de certains pays. Ce ne sont certainement pas des modèles à suivre. Au contraire, nous invitons le gouvernement fédéral à assurer convenablement les services qui relèvent de son champ de compétence et à soutenir le développement industriel. Il dispose de l’espace budgétaire pour le faire, il faut qu’il agisse sans plus tarder », d’affirmer Pierre Patry.
Appuyer les provinces
Les dernières annonces du gouvernement fédéral, dont celles concernant la réduction des transferts en matière de santé et la modification de l’âge pour bénéficier de la pension de la sécurité de la vieillesse, auront pour effet d’alourdir considérablement les charges budgétaires des provinces. « Le gouvernement fédéral ne peut rester insensible aux impacts que ces choix auront sur les populations dans chacune de leur province », d’expliquer Pierre Patry.
Corriger le tir
Pour la CSN, le gouvernement fédéral se doit de corriger le tir immédiatement à l’égard du programme d’assurance-emploi ainsi que sur sa décision de couper les vivres à la Société Radio-Canada.
Rappelons que les changements prévus à l’assurance-emploi visent à forcer les travailleuses et les travailleurs les plus vulnérables à sortir très rapidement du programme d’assurance-emploi et à les obliger à occuper un emploi moins bien rémunéré qui ne répond ni à leur expérience ni à leur compétence. Une personne sans emploi pourrait ne pas obtenir d’assurance-emploi si elle refuse quelque travail que ce soit, dans un rayon de 100 kilomètres de sa résidence et dont le salaire horaire atteindrait 70 % de celui de son ancien travail, et ce, peu importe les autres conditions de travail, dont l’horaire. Ce changement touche de plein fouet les travailleuses et les travailleurs saisonniers, notamment ceux et celles qui œuvrent dans les secteurs des pêcheries, de l’agriculture, de la foresterie et du tourisme ainsi que les salarié-es de l’industrie de la construction.
« Ce projet de contre-réforme crée énormément de mécontentement et produira de toute évidence des situations invivables pour plusieurs de nos concitoyens et concitoyennes. De plus, avec si peu de perspectives de croissance économique, il est incompréhensible que le gouvernement attaque ce programme qui se veut un outil de stabilisation économique », de clamer Pierre Patry.
Quant aux coupes sombres effectuées dans les budgets de Radio-Canada, il est à craindre que la mission de ce diffuseur public sera profondément dénaturée. « Que ce soit au chapitre de l’information ou de ses autres mandats, la société d’État pancanadienne doit obtenir le financement adéquat pour les réaliser. Elle a toujours jouer un rôle considérable en matière d’information et de culture qu’il nous faut préserver », de dire le trésorier de la CSN.
Soutenir la démocratie
Pour la CSN, le choix du gouvernement fédéral de déposer des projets de loi dits mammouths, tel son projet de loi C-38, et l’annonce récente du projet de loi C-45, va tout simplement à l’encontre des principes démocratiques. « Si déposer de tels projets de loi n’est pas illégal, c’est certainement troublant pour quiconque se prétend démocrate. Nous invitons le gouvernement à respecter l’esprit démocratique que les Canadiennes et les Canadiens souhaitent voir véhiculé par leurs représentants et à cesser de mépriser nos institutions parlementaires. Il doit nous garantir dès maintenant qu’il ne nous refera pas le coup du C-38 avec le prochain budget. Il est plus que souhaitable qu’il se comporte pour permettre réellement aux parlementaires de débattre de chacun des projets de loi selon les règles de l’art et pour ouvrir de véritables lieux de consultation pour entendre la société civile. La démocratie ne peut se résumer qu’à aller voter aux cinq ans », de conclure Pierre Patry.