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Comment la CLASSE perçoit-elle les résultats des récentes élections [du 4 septembre] au Québec ?
Le Parti libéral, qui a œuvré sans relâche pour une augmentation des taxes d’études et imposé la Loi répressive 12 [1] afin de tenter d’arrêter notre grève, a connu l’une de ces plus importantes défaites. En un jour, le Premier ministre Charest a perdu son siège, la direction du Parti libéral et son poste de premier ministre.
Le Parti Québécois (PQ), qui a remporté les élections et qui gouverne actuellement le Québec, a réalisé ses promesses d’annulation des hausses des taxes d’inscription pour les études universitaires et rapporté des parties de la Loi 12. Il s’agit de deux victoires importantes pour le mouvement étudiant.
Pourquoi dis-je qu’il s’agit de victoires qui nous appartiennent plutôt que d’une victoire du processus électoral ou du PQ ? C’est parce que ces partis politiques réagissent à la pression. C’est là leur nature propre. Le Parti Libéral de Charest a très bien répondu aux pressions tout au long de la grève. Celles-ci provenaient des conseils d’administration des grandes entreprises, des administrations universitaires, de la police ou encore du grand capital. En retour, il a répondu à la grève en défendant ces intérêts.
Le PQ agit un peu différemment. Il répond bien entendu aux mêmes groupes de pression que je viens de mentionner mais, historiquement, il a aussi dû faire face aux pressions de forts mouvements sociaux. En 1996, par exemple, Pauline Marois, alors ministre de l’éducation, a provoqué une grève générale lorsqu’elle a déclaré son intention d’augmenter les taxes d’études. La grève a duré deux semaines. Face à cette pression, elle a dû reculer.
Le PQ se targue de maintenir la paix sociale par la conciliation. Il a donc donné suite à l’immense pression politique, économique et populaire qui a crû au cours de ce printemps, notre « printemps érable », en entrant en ligne de compte sur nos revendications principales – ce qui a abouti à une annulation de l’augmentation des taxes d’études. Le PQ espère, en faisant cette concession, que notre mobilisation cessera.
Ils font cela non pas parce qu’ils sont généreux, ou parce qu’ils sont naturellement en favorables à la défense des services publics. Ils le font parce qu’ils ont peur. Ils craignent d’autres mobilisations. Ils craignent que les milliers d’étudiant·e·s qui ont placé leur confiance dans le système électoral ne voient pas d’un bon œil que le PQ rompt avec ses promesses. En faisant des concessions à notre lutte, ils ont supprimé la hausse des taxes d’études. Cela ne signifie toutefois pas que les hausses sont derrière nous.
Il faut relever que nous ne nous sommes jamais battus pour le maintien du statu quo. Nous n’acceptons pas le statu quo actuel. Nous payons toujours pour accéder à l’éducation supérieure. Au lieu d’accepter cela, la CLASSE, dès sa fondation et tout au long de la grève, a mis en avant la revendication d’une éducation supérieure libre et gratuite : libre des taxes aux études et libre de l’influence des entreprises.
Le nouveau gouvernement n’est pas seulement opposé à ce modèle. Il entend passer à travers ses promesses en indexant les frais de scolarité sur le taux d’inflation. Nous nous engageons par conséquent à poursuivre la mobilisation afin d’obliger le gouvernement à fournir une éducation qui soit gratuite et qui relève d’un droit social.
Nous allons poursuivre la mobilisation dans la perspective du Sommet de l’éducation que le PQ a promis d’organiser au cours de ces 100 premiers jours de gouvernement. Nous devons nous assurer avant toute chose que ce sommet ne soit pas bidon, qu’il ne soit pas façonné par les administrations universitaires et le secteur privé. C’est justement pour cela que Pierre Duchesne, le ministre de l’éducation, sera invité à ce sommet. Nous devons également nous ouvrir à d’autres groupes qui sont partie prenante de ce sommet afin de discuter de leurs propres projets et essayer vigoureusement de les réunir sous une seule bannière : celle d’une éducation gratuite.
Les assemblées générales des syndicats des étudiant·e·s devront débattre de ce sommet. Nous aurons à répondre à de nombreuses questions. Le sommet sera-t-il manipulé ? Serons-nous capables de faire avancer nos revendications ? Comment devons-nous envisager notre participation ? Si le sommet est manipulé, devons-nous tenir un sommet alternatif ou protester ?
Quoique nous décidions lors des assemblées générales, nous savons que nous devrons disposer d’atouts pour nous présenter au sommet. Ces atouts se construisent à travers la mobilisation, les manifestations et d’autres grèves. C’est la raison pour laquelle nous avons fait ce que nous avons fait jusqu’ici.
Quel a été l’impact de la victoire du PQ et de son annulation des hausses et de la Loi 12 ? Cela a-t-il affaibli l’énergie du mouvement ?
La plupart des étudiant·e·s et la plupart des membres de la CLASSE ont vu les résultats électoraux comme une victoire du mouvement étudiant plutôt qu’une victoire du PQ. Je ne pense pas que cela va entraver de prochaines luttes. Elles ne seront pas aussi importantes qu’auparavant, mais dans nos assemblées générales, de nombreuses motions soutenant l’idée de nouveaux moments de mobilisation, d’autres manifestations en vue du Sommet de l’éducation, ont été présentées.
Les membres de la CLASSE se sont engagés à avancer notre revendication d’une éducation gratuite dans la perspective du sommet. Il est clair, en tant que tel, qu’un secteur important d’étudiant·e·s souhaite poursuivre l’incroyable mobilisation qui a débuté ce printemps. C’est la raison pour laquelle d’importants segments du mouvement partagent l’objectif de transformer la nature même de nos institutions du post-secondaire.
Nous considérons nos réalisations comme une première étape. Cette conception se reflète dans les assemblées générales qui sont en train de débattre sur la meilleure manière de continuer à présenter une vision progressiste de l’éducation. Personne ne dit vraiment : « Ok. Le PQ a été élu. Nous pouvons retourner à notre traditionnelle humeur conciliatrice. » Ce n’est pas ce que la CLASSE fait.
Les autres fédérations syndicales étudiantes sont toutefois revenues à leur mode habituel d’action politique : être poliment consulté. C’est une honte. Je suis cependant très confiant sur le fait que nous serons capables de réunir de nombreux syndicats d’étudiant·e·s autour de l’idée d’une éducation gratuite. La CLASSE peut seulement espérer être renforcée en vue du sommet et, d’une manière plus générale, dans la perspective de la prochaine grande lutte.
Comment ces autres fédérations syndicales ont-elles réagi à la victoire du PQ ?
Les fédérations étudiantes sont déjà retournées à la conciliation avec le gouvernement. Cela s’explique par le fait que les fédérations, historiquement, ont été extrêmement proches du PQ. Le PQ a aidé à les financer au début des années 1990, leurs relations sont donc très fortes. Le PQ va donc, en retour, les considérer comme les principales représentantes du mouvement étudiant.
Nous devons démontrer que ce n’est pas le cas. La CLASSE a été, en réalité, la force motrice de la grève étudiante. Les fédérations vont perdre beaucoup d’allant dans les prochains mois et les prochaines années lorsque les étudiant·e·s réaliseront que les relations de conciliation avec le gouvernement ne vont pas aboutir à des changements radicaux dans le système universitaire. Le lobbying ne peut aboutir à des résultats concrets. Ainsi que nous l’avons prouvé au cours de ce printemps, la mobilisation de masse – nos manifestations et, en particulier, nos grèves – est la stratégie gagnante.
La CLASSE entend être catégorique face au nouveau gouvernement. Nous avons demandé une réunion entre nos négociateurs et le gouvernement afin d’en savoir plus au sujet du sommet. Sur la base de ce que nous apprendrons, nous serons alors plus en mesure de prendre position. Nous savons que la représentation sera la suivante : un tiers des sièges sera accordé aux étudiant·e·s – ce qui signifie aux quatre syndicats étudiants nationaux – ; un autre tiers sera accordé au gouvernement et, enfin, le dernier tiers sera accordé à ce qu’ils nomment la « société civile ».
Nous sommes particulièrement préoccupé par ce terme fourre-tout de « société civile ». C’est un excellent moyen par lequel le gouvernement qualifie les alliés de l’élite qu’il souhaite inviter. Le gouvernement préfère de loin inviter les administrations [universitaires] et le secteur privé.
A l’opposé, la CLASSE a revendiqué la tenue d’Etats généraux de l’éducation, réunissant l’ensemble de la communauté universitaire. Les étudiant·e·s et les travailleurs et travailleuses devraient se prononcer sur les orientations fondamentales de notre système éducatif.
Que disent les autres fédérations syndicales au sujet de la proposition du PQ d’indexer les frais de scolarité au taux de l’inflation ?
Léo Bureau-Blouin, ancien président de la FECQ [Fédération étudiante collégiale du Québec] s’est présenté sous les couleurs du PQ et a été élu. Il est désormais un membre du parlement fraîchement élu et il déclare aux médias que l’indexation est la position de consensus. Le gel des taxes est subitement devenu une idée radicale.
L’indexation n’a toutefois jamais été présentée en tant que telle. Nous devons considérer le printemps érable comme une étape d’un mouvement durable pour l’éducation gratuite. Nous avons opté pour un compromis : nous demanderons pour le moment un gel des taxes. Une position de consensus, certainement.
L’indexation des frais de scolarité sur l’inflation est, en réalité, une hausse déguisée. La CLASSE rejette totalement un recul par rapport aux revendications élémentaires de centaines de milliers d’étudiant·e·s. Nous sommes, en fait, en faveur de l’annulation de toutes les taxes dans l’éducation supérieure.
La CLASSE a été lancée par le syndicat étudiant radical Association pour une solidarité étudiante (ASSÉ) comme une coalition pour la durée de la grève étudiante. Alors que la grève est arrêtée pour le moment, la CLASSE va-t-elle être dissoute ?
C’est une question à laquelle je n’ai pas encore de réponse. Nombreux parmi nous s’attendaient à ce que la CLASSE soit dissoute dans la mesure où il s’agissait d’une coalition établie pour la durée de la grève et la grève est actuellement terminée. De nombreux syndicats ont toutefois, lors de leurs assemblées générales, discuté du maintien de la CLASSE jusqu’au sommet de l’éducation de telle sorte que nous puissions réunir autant de syndicats que possible autour du projet politique que la CLASSE mettra en avant lors du sommet. Nous déciderons ensemble si nous maintenons la CLASSE lors de notre Congrès [lors de son Congrès des 29-30 septembre, l’ASSÉ a débattu de cette question et a décidé de « mettre en dormeuse » cette structure « le temps d’une réflexion sur l’avenir de la lutte, réflexion qui doit se tenir dans les assemblées générales » ; ce Congrès a proposé la tenue d’un deuxième Rassemblement national étudiant au cours de l’automne « en vue de préparer des bases de travail et des revendications communes pour le mouvement étudiant lors du sommet » - source : communiqué du 30 septembre issu du Congrès, réd.]
Dans le même temps, l’ASSÉ s’est considérablement renforcée. Plus de 20’000 nouveaux membres nous ont rejoints au cours de la grève et nous continuons à croître. Dans les prochains jours, nous espérons qu’au moins deux importants syndicats d’étudiant·e·s rejoignent l’ASSÉ de façon permanente. En outre, de nombreux votes d’affiliation se tiendront au cours de l’année.
Il est crucial de renforcer l’ASSÉ parce qu’elle a joué un rôle central au sein de la CLASSE en défendant la démocratie directe et des positions radicales au sujet de l’éducation. L’ASSÉ jouera un rôle important dans toutes les luttes étudiantes contre de nouvelles attaques dans le secteur de l’éducation. Nous devons être prêts à lancer une riposte encore plus forte la prochaine fois, en particulier dans la perspective du sommet dans la mesure où nous voulons réunir les étudiant·e·s autour d’un projet politique qui dépasse le statu quo.
Quels sont les projets de la CLASSE et de l’ASSÉ au-delà du sommet de l’éducation ?
Nous devons, tout d’abord, nous assurer que soient tenues les améliorations annoncées des prêts étatiques et des programmes de bourse (AFE – Aide financière aux études), initialement prévues pour « compenser » les hausses des frais. L’annulation de la hausse et le maintien de ces programmes ne s’excluent pas.
Nous avons également eu des discussions concernant nos relations en direction du reste du Canada [anglophone] au cours de la prochaine année et au-delà, afin de travailler ensemble contre les politiques néolibérales du gouvernement de Stephen Harper. Nous avons reçu le mandat pour lancer une telle coalition. Le gouvernement fédéral, de manière encore plus forte que le gouvernement du Québec, a imposé des politiques néolibérales qui affectent l’ensemble de la société. Ces atteintes vont de questions liées à l’éducation à celles de l’environnement en passant par les questions démocratiques.
Nous espérons continuer à nous organiser avec nos camarades anglo-canadiens. Ce n’est pas quelque chose que nous avions l’habitude de faire car il y avait peu de liens entre la gauche canadienne et le mouvement étudiant québécois. Au cours de la grève, nous avons mis en place de nouveaux rapports car les étudiant·e·s canadiens sont très intéressé·e·s à ce que nous faisions.
Ils commencent à se dire : « Pourquoi payons-nous plus de taxes aux études au Canada qu’ils n’en payent au Québec ? » Nous leur répondons simplement :« les étudiant·e·s du Québec ont lutté pendant des années et on réussit, à tout le moins, à maintenir un gel des taxes ». Ils commencent aujourd’hui à discuter des leçons de notre expérience de lutte et à faire le même type de choses que nous faisons. Beaucoup de sensibilisation est réalisée en ce moment et j’espère que cela sera une de nos priorités au cours de la prochaine année.
Comment a été l’expérience d’organiser des tournées de discussions afin de raconter ce qu’a été le « printemps érable » ?
Cela a été tout à fait étonnant. Je suis chargé d’aider à l’organisation de telles tournées. Laisse-moi te dire à quel point est ahurissant le nombre de demandes que nous recevons pour venir parler : dans le reste du Canada, aux Etats-Unis et internationalement. Nous espérons que rassembler 20, 30, 50 ou 100 personnes dans une salle et de pouvoir parler en détail et en profondeur sur cette expérience, sur la manière dont elle s’est déroulée, sur les principes organisationnels qui la sous-tendent contribuera à l’établissement d’une gauche forte dans d’autres pays, à des mouvements sociaux forts ainsi qu’à la création de liens organisationnels avec les étudiant·e·s que nous rencontrons.
La solidarité est une première étape, importante, mais elle doit être suivie par l’action. Si nous sommes en mesure de répandre quelque chose en faisant ces tournées, nous en faisons quelque chose d’autant plus important. C’est notre mission. Aller vers les étudiant·e·s, leur racontant ce que nous avons appris à la dure au cours du mouvement mais aussi apprendre d’eux et de leurs expériences.
Il y a de nombreux mouvements sociaux qui sont en train de rassembler leurs forces dans le reste du monde. Il est important pour la CLASSE de continuer à relier ces mouvements sociaux avec le nôtre. Nous faisons partie d’une lutte internationale contre les politiques qui sont imposées par chaque gouvernement, qu’il soit social-démocrate ou conservateur.
Ils soutiennent tous les mêmes politiques. Nous devons donc lancer une riposte globale. En ce sens, ces tournées de discussions peuvent allumer des étincelles dans des contextes où il est peut-être plus difficile pour la gauche de s’organiser.
La CLASSE a avancé, au sommet de la lutte, l’idée d’une grève sociale, c’est-à-dire d’étendre le mouvement au-delà des étudiant·e·s et en direction de la classe laborieuse. Quelles sont les discussions que vous avez au sujet de la poursuite de ce projet ?
Je suis convaincu de la nécessité d’aller au-delà de nos revendications centrales, orientées sur les questions étudiantes. Si nous ne sommes préoccupés que par les menaces matérielles immédiates contre la condition des étudiant·e·s, nous ne parviendrons pas alors à réaliser cette mobilisation large qui sera nécessaire pour atteindre un changement social réel.
Notre grève s’est concentrée sur la hausse, elle a pourtant représenté une résistance plus large contre les politiques du gouvernement Charest. Elle s’est réellement transformée en cela en avril et mai lorsque les organisations et les groupes d’affinités ont en fait perdu le contrôle des priorités du mouvement. Cela s’est révélé être une excellente chose.
Le mouvement a été mis entre les mains de la population, laquelle s’est rendue dans les rues chaque soir pour frapper sur des casseroles afin de marquer son opposition à la Loi 12, parmi de nombreux autres griefs contre le gouvernement. C’était sans doute le moment le plus impressionnant de la grève.
Ils se sont lentement regroupés dans des assemblées de quartier. Ces groupes à l’organisation souple fonctionnent encore. Ils tiennent encore des réunions. Avec de la chance, ils se renforceront au cours des prochaines années, réunissant des couches plus larges de la population et discuteront peut-être d’objectifs politiques destinés à des mobilisations prochaines autour de nombreuses questions.
Les assemblées devront aborder l’ensemble des questions politiques. Parce que les attaques néolibérales ne sont pas terminées, nous devons aller au-delà de la simple réaction. Nous devons avancer un projet alternatif de société. Ces assemblées de quartier – populaires, qui sont des espaces démocratiques alternatifs – sont essentielles dans la réalisation de ce projet.
Nous devons accorder une attention particulière aux syndicats. Ils sont certainement en train de changer. Ils ont été changés par la grève [le mouvement étudiant]. Ces grandes fédérations syndicales n’ont auparavant jamais même discuté l’idée de partir en grève de solidarité politique illégale avec le mouvement étudiant. C’est un pas en avant fantastique pour des syndicats qui suivaient traditionnellement un modèle de « syndicalisme d’affaire » [qui ne défend que les intérêts des membres du syndicat, basé sur l’entreprise, et négocient des avantages pour ses seuls membres].
Les directions de certains de ces syndicats nationaux sont, parallèlement, menacés par notre vision militante du syndicalisme. Nous devons par conséquent approfondir notre relation avec la base des syndicats afin de faire pression sur leurs directions de manière à ce qu’ils agissent de façon combative s’ils veulent arrêter une néolibéralisation accrue du Québec.
Nous devons maintenir des contacts autant avec les assemblées de quartier qu’avec les syndicats. Nous avons déjà discuté de la manière dont nous pouvons les intégrer dans certaines de nos structures. Nous voulons réunir, par exemple, autant de groupes que possible au sein de nos conseils régionaux dont tout groupe peut devenir membre.
Notre conseil régional de la ville de Québec, par exemple, est très fort et représente tous les types d’organisations, des organisations communautaires aux syndicats étudiants en passant par les assemblées de quartier. Nous travaillons donc sur des mobilisations autour d’objectifs politiques communs. La grève peut être – pour l’instant – terminée mais ces structures seront maintenues au fil du temps. C’est l’un des grands succès du printemps érable : il a conduit à la création de ce type de structures durables, sur lesquels nous pourrons compter lors de la prochaine lutte.
Quels sont les projets de la CLASSE pour poursuivre ses grèves et manifestations mensuelles le 22 de chaque mois ?
Plusieurs syndicats ont, jusqu’ici, décidé qu’ils partiraient en grève le 22 de chaque mois. C’est une chose assez ironique pour être mentionnée : il semble que l’une des principales victoires du mouvement étudiant est d’avoir imposé 12 nouveaux jours de grève statutaire chaque année ! La manifestation que nous venons d’avoir le 22 septembre s’est centrée sur la présentation de notre revendication pour une éducation supérieure gratuite.
Nous avons été en mesure d’aller au-delà du blocage de la hausse des taxes. Nous pouvons désormais nous concentrer sur la revendication centrale que le mouvement étudiant a défendue depuis ses débuts dans les années 1960 : c’est-à-dire une éducation gratuite.
La manifestation du 22 n’est pas parvenue à réunir le même nombre de participant·e·s que les précédentes manifestations. Elle a été violemment réprimée. Notre mouvement ne repose pas uniquement sur des nombres.
Il est question du maintien la mobilisation autour d’une vision progressiste, radicalement différente : aller au-delà d’une culture malsaine du consensus en politique ; s’adresser à la population dans son ensemble afin de gagner son soutien à une idée forte ; et agir de façon combative à la construction de bras de levier permettant la réalisation de cette idée.
Nous sommes au tout début d’une longue lutte pour la transformation de l’éducation au Québec, au Canada et dans le reste du monde. (Traduction Cercle la brèche)
[1] Anciennement Loi 78. Pour plus de détails sur cette loi répressive et le contexte dans laquelle elle a été adoptée, voir notre article : Québec : un mouvement étudiant qui met en question le néolibéralisme
https://cerclelabreche.wordpress.com/?s=qu%C3%A9bec