Il est primordial de souligner que tous les professionnels travaillant dans le domaine de la santé mentale (travailleurs sociaux, ergothérapeutes, psychoéducateurs, intervenants communautaires, etc.) ont un rôle essentiel. Toutefois, on note un déclin de la profession dans les écoles, les hôpitaux, les CLSC, les centres de réadaptation, à la protection de la jeunesse, etc. Par exemple, dans le réseau de la santé, la profession de psychologue est la seule du domaine psychosocial dont le nombre de professionnels est en déclin constant depuis une dizaine d’années. Tant que rien ne sera fait, elle continuera d’être en voie d’extinction.
Une décision obligée par les conditions de travail difficiles
Devant les départs répétés de leurs collègues vers le secteur privé où les conditions de travail sont bien meilleures, les psychologues qui restent dans le réseau sont épuisés, découragés et croulent sous la pression liée à l’augmentation des demandes et de la souffrance de la population. Pour cette raison, plusieurs centaines de psychologues/neuropsychologues ont pris la décision de ne pas prendre de nouveaux stagiaires/internes en psychologie en 2023-2024. En effet, la tâche de supervision est très exigeante et devant l’importante surcharge de travail, les quelques psychologues qui restent ne sont plus en mesure de la faire sans mettre en péril leur propre santé et/ou leurs services déjà offerts à la population. Par ailleurs, plusieurs psychologues/neuropsychologues songent à quitter le réseau public dans la prochaine année si rien ne change, et donc, ne peuvent prendre un tel engagement auprès des doctorants en psychologie puisqu’ils ne sont pas certains de pouvoir l’honorer.
D’ailleurs, malgré les conditions actuelles, les psychologues/neuropsychologues maintiendront leurs engagements de supervision pour l’année académique en cours (2022-2023). Il est important de souligner que la majorité des doctorants en psychologie et la Fédération interuniversitaire des doctorant.e.s en psychologie (FIDEP) soutiennent les psychologues malgré les impacts possibles sur leur cheminement. En effet, 85 % d’entre eux iraient travailler dans le réseau public si les conditions étaient comparables à celles du privé, mais très peu le feront en raison des conditions de travail actuelles. Notons qu’il y a plus de 330 nouveaux psychologues par année au Québec, en les recrutant, cela permettrait d’améliorer significativement l’accès aux services pour la population.
Un syndicat dédié aux psychologues, ça presse !
Les sondages sont clairs : les psychologues quittent le réseau public principalement en raison du manque de reconnaissance salariale et des limites reliées à l’autonomie professionnelle qui affectent la qualité des soins offerts à la population. La CPRPQ demande la création d’un syndicat dédié aux psychologues afin de pouvoir être entendu et travailler sur ces enjeux. Cette solution est endossée par 95 % des psychologues du réseau public et par 95 % des doctorants en psychologie sondés.
Depuis février 2019, la CPRPQ a fait plusieurs démarches auprès du cabinet du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant. Malheureusement, ce dernier a fermé la porte à la solution proposée par les psychologues sur le terrain. Malgré les mises en garde et les recommandations offertes par la CPRPQ, M. Carmant s’est entêté à mettre en place des solutions aussi coûteuses qu’inefficaces (autosoins, sous-traitance au privé, etc.) qui n’ont fait qu’entacher les actions de ce gouvernement dans le domaine de la santé.
Une solution nécessaire pour améliorer l’accès aux services
La Coalition des psychologues du réseau public québécois sera heureuse de collaborer avec le prochain gouvernement pour mettre en place la solution identifiée par les psychologues sur le terrain, c’est-à-dire la formation d’un syndicat de psychologues. Cela permettra d’améliorer l’accès à leurs services dans le réseau public et d’être assez nombreux pour former la relève tout en maintenant des services de qualité pour la population. Unissons nos forces pour la santé mentale des Québécois et des Québécoises.
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