Dans un billet du mois de mars dernier, je traitais de la campagne « L’injuste prix » de Médecins sans frontières (MSF) contre Pfizer et GlaxoSmithKline (GSK). Cette campagne dénonce les prix exorbitants qu’exigent ces compagnies pharmaceutiques pour les vaccins contre la pneumonie, privant ainsi près d’un tiers des pays de la planète du vaccin contre cette maladie, principale cause de mortalité infantile. Une bonne nouvelle est tombée récemment : cet automne, les prix ont baissé[1].
Les efforts de MSF conjugués à ceux de nombreux acteurs semblent donc avoir porté fruit. Depuis plusieurs années, tant la Access to Medicine Foundation que le ministère néerlandais des Affaires étrangères et le département britannique du Développement international notamment, ainsi que les 193 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – qui ont adopté à l’unanimité en assemblée une résolution en ce sens, en mai 2015 –, ont fait pression sur les pharmaceutiques pour qu’elles réduisent les prix des vaccins et fassent preuve de plus de transparence en la matière. Il faut dire que l’enjeu est de taille, puisqu’un million d’enfants meurent de la pneumonie chaque année, soit un toutes les 35 secondes. Aussi, selon un rapport de MSF, il en coûtait 68 fois plus en 2016 qu’en 2001 pour vacciner un enfant dans la plupart des pays les plus pauvres, notamment en raison du prix très élevé du vaccin contre la pneumonie. Rappelons que Pfizer et GSK ont le monopole de la fabrication du vaccin contre cette maladie. Jusqu’à aujourd’hui et dans le monde, elles ont vendu pour quelque 30 milliards de dollars en vaccins contre la pneumonie.
Selon Joanne Liu, présidente internationale de MSF, « la réduction du prix des vaccins de Pfizer et de GSK permettra aux organisations humanitaires de protéger les enfants plus efficacement contre cette maladie mortelle ». Mais les responsables de MSF affirment du même souffle que tout n’est pas gagné et que les compagnies pharmaceutiques devront consentir davantage d’efforts. En effet, la baisse annoncée des prix ne s’applique qu’aux situations d’urgence humanitaire et qu’aux organisations de la société civile telles que MSF.
En terminant, une autre lueur d’espoir : notons que depuis 2014, d’autres compagnies pharmaceutiques se font moins voraces dans les pays en développement, certaines allant jusqu’à renoncer à leurs droits de brevets dans le cas de médicaments contre le sida, par exemple.
[1] Voir La Note, Bulletin du Groupe investissement responsable inc., vol. 10, no 45, 24 novembre 2016.