Les régimes de retraite à prestations déterminées connaissent une crise de financement. En ce moment, cette crise est en train de se résorber naturellement puisque les rendements en bourse sont très bons. Par le projet de loi 3, le gouvernement cherche donc à régler aujourd’hui un problème qui n’existera peut-être plus dans un an ou deux. Cette crise des régimes de retraite a été causée par la crise économique de 2008 qui a débutée parce que le secteur financier créait (et crée encore) des produits financiers toxiques.
Aujourd’hui, le gouvernement libéral veut donc faire payer aux travailleurs municipaux, puis à ceux des universités et des entreprises privées, pour l’insouciance et l’avidité du secteur financier. Si les travailleurs ne doivent pas, à mon avis, payer la note de la crise économique de 2008, je ne crois pas non plus que les municipalités ou le gouvernement doivent le faire.
Il ne faut pas oublier que les employeurs et les travailleurs ne sont pas les seuls acteurs de notre système de retraite. Un acteur qu’on a tendance à oublier dans le débat, c’est le secteur financier qui investit l’argent des régimes de retraite dans les marchés. Les entreprises financières sont payées grassement avec les frais de gestion et n’assument aucun risque et aucune responsabilité s’ils font mal leur travail et entraînent des déficits dans les régimes de retraite.
Le gouvernement préfère attaquer les conditions de retraite des travailleurs pour protéger les acteurs du secteur financier. Plutôt que d’attaquer les travailleurs qui ne sont aucunement responsable de la crise économique de 2008, le gouvernement devrait forcer le secteur financier à prendre ses responsabilités dans la santé financière des régimes de retraite.
Le gouvernement a abolit en 2006 la taxe sur le capital des entreprises financières qui rapporterait aujourd’hui plus de 1 milliard de $ par année. Le gouvernement devrait rétablir cette taxe pour financer un fond de stabilisation des régimes de retraite. Une telle solution règlerait facilement le problème des régimes de retraite à court et à long terme. Plutôt que de faire payer des innocents, le gouvernement devrait forcer les responsables de la crise économique de 2008 à réparer les pots qu’ils ont cassés.