Contexte
Ce que vous voyez au grand jour aujourd’hui est le résultat de deux années de travail. La consultation que les syndicats ont faite auprès de leurs membres a débuté à l’automne 2013. Nous leur avons demandé ce qui améliorerait les conditions d’exercices de leur profession. La plupart des demandes des enseignantes et des enseignants visaient une amélioration de la qualité des services pour les élèves. Je donnerai un exemple très simple, s’il y a moins d’élèves dans ma classe, je vais assurément avoir plus de temps pour chacun d’entre eux. Un autre exemple, si j’ai une personne (technicienne en éducation spécialisée) qui accompagne un élève ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) dans ma classe. L’ensemble de la classe en plus de l’élève pourra en bénéficier.
Nous avons débuté en remettant notre cahier de demandes au gouvernement le 30 octobre 2014. Des demandes voulant une augmentation des services aux élèves entre autres et un allègement de la tâche. Le 15 décembre dernier, le Comité patronal de négociation (CPNCF) nous a envoyé une brique dans le visage. Nous sommes exténués, plusieurs prennent un congé de 20 % pour être capables de faire l’emploi à 100 %. Et là, le gouvernement nous demande d’augmenter notre tâche de 8 heures par semaine en nous donnant 3 % d’augmentation sur 5 ans. Déjà que la moyenne des profs en fait 43 par semaines en étant payé pour 32 !
Moyens d’action
C’est alors que nous avons commencé à faire des moyens d’action. Nous en avons fait plus de 23 ponctuelles ou continues entre mars et juin. Par exemple, nous avons porté un T-shirt. Nous avons fait des sorties médiatiques. Nous sommes allés rencontrer les commissaires. Nous avons fait du piquetage sur l’heure du midi. Juste de la visibilité et des profs qui se rendent compte à quel point le gouvernement les méprises.
À la rentrée, nous avons augmenté la charge, nous avons commencé à perturber les activités. Et là, oui, les élèves commençaient à en sentir les soubresauts. Plusieurs des demandes patronales auront des impacts dans le parcours scolaire, donc dans la vie future de ces enfants. Mais, l’Halloween que l’élève a manquée cette année, c’est bien pire !
Le degré de perturbation a donc augmenté. Les signaux que nous avions venant de Québec nous indiquaient que la négociation ne s’éterniserait pas. Donc nous avons commencé à demander des mandats de grève aux membres. Les patrons, de leur côté, ont fait de nouvelles offres globales aux profs et aux infirmières. Elles étaient pires que lors du dépôt initial de décembre 2014. On met à la poubelle les 55 rencontres de négociation qu’il y avait eu et on repart à neuf !
La grève
Pourquoi la grève ? Parce que nous avons essayé plusieurs autres choses sans succès. C’est la population au complet qui le ressentira, les grévistes autant que les usagers de nos services publics. Il faut se rappeler que cette grève ne touchera pas seulement les profs, mais aussi les infirmières, les bureaux de la SAAQ, les inspecteurs du MAPAQ, etc. Ces 430 000 citoyennes et citoyens du Québec, ayant comme employeur notre gouvernement, ont perdu environ 15 % de leur pouvoir d’achat dans les 10 dernières années. Des consommateurs qui font rouler l’économie, qui paient leurs impôts et leurs taxes. Des contribuables qui voient la qualité de leurs services se détériorer.
Dans mon cas, si les 6 journées de grève sont faites, ce sera l’équivalent de 12 journées de salaire que ma famille perdra. En plus, de devoir aller faire du piquetage, je devrai aussi trouver des gardiens pour mes enfants. Ce ne sera pas un party, ce sera une bataille que je mènerai pour moi, pour mes enfants et pour mes parents, mais aussi une bataille que nous ferons pour vous, pour vos enfants et pour vos parents. Vous me dites qu’il y a surement d’autres moyens.
Malheureusement, il a fallu que les dates de grève sortent pour que le gouvernement bouge. Il faut se rappeler que Couillard a dit que d’avoir 150 000 personnes dans la rue à Montréal un samedi après-midi ne veut rien dire. Il faut prendre les moyens qu’il faut, au détriment de beaucoup trop de monde. À qui la faute ? Certainement pas aux travailleurs !