« Si madame Jérôme-Forget veut faire la promotion de sa firme au Québec, qu’elle le fasse à livre ouvert et non sournoisement en tentant encore de nous faire avaler que les PPP sont un excellent mode de financement. L’expérience nous prouve le contraire. », souligne Régine Laurent, porte-parole du SISP.
Quand madame Jérôme-Forget prétend qu’il n’y a plus de PPP à l’heure actuelle, on se demande si elle a été absente du Québec depuis longtemps, car le gouvernement Charest n’a pas cessé d’avoir recours à ce mode de réalisation de projet lorsqu’il a remplacé l’Agence des partenariats public-privé par Infrastructure Québec en mars 2010. Parmi les projets en cours, pensons aux nombreux projets de CHSLD en Montérégie, au CHUM, à l’Adresse symphonique, à la construction du pont de l’A25, au parachèvement de l’autoroute 30, à la construction des haltes routières et à l’établissement du centre de détention de Sorel-Tracy. L’industrie des PPP nous semble donc bien en santé !
Dans presque tous les cas de projets en PPP, on assiste à des délais de réalisation et des dépassements de coûts. Dans le cas de l’autoroute 30, le coût du projet a augmenté de 15 % en six mois, le projet initial de l’Adresse symphonique en PPP devait coûter 105 M$ au lieu de 259 M$, sans oublier la saga du CHUM dont on ne calcule plus l’augmentation des dépenses. Sans être des « extras » aux yeux de madame Jérôme-Forget, ces dépassements coûtent chers aux contribuables.
Diminution de la qualité des services publics
À bout du compte, nous pouvons constater que non seulement il n’y a aucune économie pour l’État, mais qu’il y a une diminution flagrante de la qualité de nos services publics. En CHSLD, les heures de soins aux patients ne suffisent pas aux besoins. Le pont de l’A25 rapportera davantage au consortium pendant les 30 ans où il sera le principal bénéficiaire des droits de passage. Quant aux haltes routières, le gouvernement a dû verser 3,1 M$ à Immostar inc à titre de compensation pour des délais encourus en vue de l’obtention de permis environnementaux.
Que Monique Jérôme-Forget affirme que les ingénieurs n’aiment pas les PPP parce que ça sauve de la fraude tient carrément de la mauvaise foi. Au lieu d’être un rempart pour contrer la fraude comme elle le déclare, l’augmentation du nombre d’intervenants dans les PPP complexifie le processus et le rend moins démocratique. En effet, les règles qui régissent les contrats consacrent l’opacité du système et rendent l’accès à l’information de plus en plus difficile. La proximité entre les firmes qui se regroupent en consortium et le gouvernement du Québec pourrait même nous faire craindre l’émergence de conflits d’intérêts.
« Nous avons été très surpris d’entendre madame Jérôme-Forget dire à la radio que les gens ne comprennent pas bien le principe des PPP alors que cette dernière ne semble avoir aucune idée des répercussions directes sur la population et de la diminution de la qualité des services publics que les partenariats publics-privé provoquent. C’est d’ailleurs le mouvement syndical qui, dès le départ, a sonné l’alarme sur les dérives des PPP. Pour en connaître davantage sur les PPP, nous l’invitons à visiter notre site internet (http://www.sisp.qc.net/vigie-infrastructure-quebec/quest-ce-quun-ppp/index.html) sur le sujet », ajoute Régine Laurent.