Les différents paliers de gouvernements attribuent chaque année pour environ 25 milliards de dollars de contrats publics au Québec auxquels environ 24 000 entreprises sont susceptibles de soumissionner. Selon nos calculs cela ne comprend pas les quelques 11 projets effectués en partenariat public-privé qui comptent pour environ 8 milliards de dollars répartis sur une trentaine d’années, sans compter les ajouts.
Avec le projet de loi 1 le gouvernement du Parti québécois veut tenter de s’attaquer au problème de l’intégrité en matière de contrats publics mais sans remettre en question la privatisation des services publics.
Le projet de surveillance des entreprises par l’entremise de l’Autorité des marchés financiers (AMF) est complexe parce qu’il laisse en place les forces qui tenteront toujours de déjouer le système. D’autant plus que les principaux acteurs politiques s’appuient sur ces forces. N’est-il pas de notoriété publique que le parti libéral et la CAQ en sont le bras politique. Plusieurs députés se sont fait prendre la main dans le sac et ont dû démissionner, dont l’ex ministre libéral Tony Tomassi. Au niveau municipal, la situation est encore plus flagrante. Le gouvernement du parti québécois lui-même a fait l’objet de réprimandes dans le cadre du rapport Moisan concernant le financement sectoriel, c’est à dire le financement illégal provenant de firmes privées sous forme de prête-noms. Les nouvelles règles de financement des partis politiques pourront permettre de régler une partie du problème, mais comme l’a démontré la commission Charbonneau, les livres comptables sont parfois opaques.
Les emplois dans le secteur public sont donc fortement à privilégier. Ils sont non corruptibles, parce qu’il n’y a pas de soumission, les normes de prévention en matière de santé et sécurité sont généralement mieux appliquées. Le président des Cols bleus regroupés de Montréal, Michel Parent affirmait qu’il reste seulement le tiers du nombre de cols bleus qu’il y avait à la fin des années 70 soit 4250 sur plus de 12 000. Toute la job est donnée à des sous-traitants, comme ceux qui font le système de collusion et d’enveloppes brunes. Il conclut que ça coûte bien plus cher de donner ça au privé que de le faire à l’interne.
La lutte contre la privatisation des services publics prend donc une nouvelle dimension. Elle peut maintenant être portée comme réponse à la corruption, aux évasions fiscales et aux abus de pouvoir. Le gouvernement doit maintenant établir un plan de reconversion du secteur privé vers le secteur public s’il veut poser des gestes sérieux et à long terme.