À l’occasion des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes et à la veille de la 26e commémoration de la tuerie de Polytechnique, le conseil d’administration rappelle que le 6 décembre 1989 quatorze femmes ont été la cible d’un tireur parce qu’elles étaient des femmes, et que depuis 20 ans, 1 186 femmes autochtones ont été déclarées disparues et assassinées parce qu’elles sont des femmes et qu’elles sont autochtones.
La FFQ joint sa voix à celle de FAQ pour exiger une enquête indépendante sur les gestes posés par les policiers de la Sureté du Québec à Val d’or. Pour que les femmes qui ont eu le courage de dévoiler ces agressions puissent avoir confiance dans le processus, il nous semble indispensable que cette enquête soit transparente et neutre. Quand d’autres femmes autochtones ajoutent leurs voix pour dénoncer les violences dont elles ont été la cible, nous voyons la persistance de pratiques racistes et colonialistes au sein des institutions policières.
Nous faisons également écho à leur demande pour que les survivantes et leurs familles aient accès à des services de soutien. Nous appuyons la demande pour que l’enquête soit suivie par un plan d’actions élaboré en collaboration avec les femmes autochtones et les familles et accompagné d’un financement adéquat pour les groupes qui soutiennent les personnes autochtones, que ce soit dans les communautés ou dans les milieux urbains.
En joignant notre voix à celle de FAQ, nous réitérons notre engagement à agir en solidarité pour transformer les rapports coloniaux qui marquent notre histoire et qui sont à la racine de la violence vécue, encore aujourd’hui, par les femmes autochtones.
Notre visée de justice et d’égalité pour toutes les femmes nous engage à éliminer les attitudes et les pratiques racistes et coloniales. Pour nous, les féministes et les femmes non-autochtones ont un rôle à jouer dans ce travail de responsabilisation et de prise de conscience collective pour transformer les lois, les institutions et les pratiques qui continuent de produire et de reproduire des rapports coloniaux.
Nous devons nous engager comme société à poser de véritables gestes de réparation, en engageant un dialogue de nation à nation, en écoutant ce que ces peuples revendiquent et expriment comme besoins pour leurs communautés, et en agissant en conséquence.
L’engagement à se reconnaître de nation à nation exige des femmes non-autochtones de faire des enjeux portés par les femmes autochtones des enjeux portés par toutes. Notre solidarité envers les femmes autochtones témoigne de notre engagement féministe envers l’égalité et la justice sociale.
Ces enjeux sont les nôtres également car ils exigent des personnes non-autochtones une véritable réflexion sur le rôle qu’elles peuvent et doivent jouer afin de déconstruire les inégalités et les préjugés.
Comme féministes, nous connaissons bien l’importance de reconnaître les connaissances développées par les femmes depuis longtemps. Des luttes continuent pour transformer l’histoire, la culture, l’éducation pour que les femmes y deviennent visibles. Notre lutte féministe nous engage également à écrire différemment l’histoire, notre histoire, pour la décoloniser. Décoloniser les savoirs est une façon concrète de lutter contre les préjugés et les stéréotypes colonialistes.
Décoloniser nos esprits c’est apprendre à être sur le terrain des femmes autochtones, à travailler avec elles à partir de leur façon de faire, de leur vision du monde. Cela exige de nous d’accepter de nous laisser bousculer dans nos idées et dans nos façons de voir le monde et de nous engager à transformer les rapports de pouvoir.
Nous invitons nos membres et plus largement les féministes, les femmes, nos alliés, à s’engager dans leurs milieux et leurs communautés pour participer activement à ce processus de décolonisation de nos esprits, et des territoires sur lesquels nous vivons.
Cette année la campagne des 12 jours nous invite à « Agir pour que cessent les violences envers les femmes », profitons de l’occasion pour nous interroger sur les connaissances que nous avons, celles que nous devons acquérir et celles que nous voulons transmettre aux générations futures pour que cessent les violences sexistes, racistes et colonialistes envers les femmes autochtones.
Le Conseil d’administration de la FFQ : Mélanie Sarazin, France Lavigne, Élisabeth Germain, Julie Gingras, Chantal Locat, Louise Desmarais, Marie-Éve Ross, Anahi Morales Hudon, Sandra Wesley, Diane Courchesne, Blanche Paradis, Denise Couture, Viviane Doré-Nadeau, Dolores Chew, Silvia Martinez, Sissi de la Côte, Imane Mawassi, Cybel Richer-Boivin