2 avril, début de la grève des cheminots contre le projet de réforme du gouvernement visant la transformation radicale de la SNCF et le statut de ses employés. Ce mouvement est toujours en cours.
9 avril, expulsion des 200 à 300 occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes par 25 compagnies de gendarmerie mobile. Plus de 3 000 forces de l’ordre (militaires et policiers), soit un peu moins de quinze fois plus que les militants, en comptant les sept compagnies de CRS déployées à Rennes et à Nantes, ont été mobilisées. Coût : 300 000 euros par jour d’intervention (indemnités, hébergement, soins des personnels et matériel). Résultat : opération de maintien de l’ordre en France métropolitaine la plus importante depuis mai 1968.
10 avril, réception à l’Elysée du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman (MBS). À l’issue de ses trois jours de visite, des accords commerciaux entre entreprises françaises et saoudiennes ont été signés pour environ 14,8 milliards d’euros. Hormis Total, les industriels de l’armement Dassault et Nexter se sont faits la part belle : vente de patrouilleurs, fourniture de canons Caesar, pour ce qu’on en sait. Rappelons que, depuis les dix dernières années, l’Arabie saoudite est le deuxième plus gros client de l’industrie française de l’armement, juste derrière l’Inde, avec près de 12 milliards d’euros de contrats signés entre 2007 et 2016. Par exemple, en août 2013, les industriels ont signé avec ce pays et dans le cadre du programme Life Expansion Sawari 1 (LEX) des contrats à hauteur d’un milliard d’euros comprenant la rénovation de quatre frégates et de deux pétroliers-ravitailleurs.
Nuit du 13 au 14 avril, intervention militaire en Syrie, aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni. 12 missiles français ont été tirés depuis des Rafale et une frégate : 9 Scalp et 3 Missiles de Croisière Navale (MdCN), utilisés pour la première fois. Coût global de l’opération : 33,6 millions d’euros (2,8 par unité). Ces MdCN devraient équiper les sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda qui seront mis en service à partir de 2020.
20 avril, évacuation par au moins une centaine de CRS de cent étudiants occupant Tolbiac (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) dans le but de s’opposer à la loi ORE. Au même moment, des forces de l’ordre intervenaient à Sciences Po Lille et la même opération avait eu lieu la veille à la fac de Strasbourg.
21 avril, blocage du col de l’Echelle (Hautes-Alpes), point de passage de migrants entre l’Italie et la France, par une centaine de militants du mouvement d’extrême droite Génération identitaire (GI). Aucune intervention policière n’a été constatée alors que le lendemain des gendarmes et CRS ont été mobilisés et ont mis en garde à vue six hommes participant à une contre-manifestation franco-italienne.
22 avril, adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi « Asile-Immigration » qui s’inscrit dans une politique de dissuasion migratoire, de réduction du droit d’asile et de renforcement du contrôle des frontières.
23 avril, annonce par le gouvernement de l’allongement d’un mois, sur dérogation, de la chasse à l’oie cendrée, de l’autorisation faite aux chasseurs à utiliser un « silencieux »sur leur fusil (pratique interdite depuis plus de 30 ans) et de l’abaissement du permis national de chasse de 400 euros à 200 euros par an (mesures à venir dans la loi de finance de l’automne 2018). Manque à gagner pour les caisses de l’État : 18 millions d’euros. À titre de comparaison, le budget alloué à l’Égalité entre les femmes (51% de la population) et les hommes en juillet 2017 s’élève pour l’année à 7,5 millions d’euros. En outre, le pays compte un million de chasseurs réguliers (1,7% de la population), réunis en 80 000 fédérations, et, depuis 2000, plus de 350 personnes tuées au cours d’« accident de chasse » dont 10 à 20% de non-chasseurs.
Le mois n’est pas fini…
Ce planning impressionnant est l’expression de jeux de va-et-vient budgétaires en matière de dépenses et recettes liées au commerce des armes et de répression policière – à deux vitesses, lourde et brutale pour les opposants au gouvernement et inexistante pour ses alliés. Cette démonstration magistrale, accélérée et en surenchère, obéit aux lois d’une course historique à la militarisation de la société française.
Elle se caractérise par un renforcement des inégalités des rapports sociaux et le développement de la culture de guerre. S’accompagnant de l’augmentation de la restructuration du travail, ce processus s’exprime entre autres par la généralisation de la violence, l’extension pour les personnes armées (militaires ou civiles) du droit de vie et de mort sur autrui, l’exportation de systèmes répressifs, le contrôle social brutal de la population civile, la course aux conflits militaires et la valorisation d’une morale virile, respectueuse de l’ordre, hiérarchisée et hégémonique.
Ce processus dépend d’un système qui vise la banalisation des opérations militaires et policières (sécuritaires), la tolérance de l’idée de « menace à l’intégrité nationale », l’invisibilité/impunité des crimes xénophobes, sexistes et homophobes, l’instauration de la peur comme mode de pensée. Il recherche l’éradication de la contestation en instituant la force, comme seule relation sociale possible.
On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas… En France, la banalité du mal est aujourd’hui telle que je m’associe à tous les résistants à ce système pour lancer un « Plus jamais ! » #plusjamais à ce gouvernement élitiste, raciste et sexiste. N’attendons pas de le qualifier de totalitaire. Désobéissons !
Joelle Palmieri, 27 avril 2018
https://joellepalmieri.wordpress.com/2018/04/27/plus-jamais/
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