Selon les dires du ministre lui-même, le plan 2005-2010 n’a pas atteint ses objectifs. Le rapport de la Protectrice du citoyen, déposé tout récemment, critiquait sévèrement la négligence du ministère en matière de santé mentale. Pour preuve : le dernier budget du gouvernement libéral table sur une hausse du budget consacré au programme-service Santé mentale de… 0.99%. Dans ces conditions et malgré l’ajout de 70 millions de dollars, l’APTS craint que le nouveau plan n’ait pas les résultats escomptés.
Le presto va sauter
D’une part, le plan insiste sur de nobles objectifs : respect de la personne, partenariats avec l’entourage et responsabilités partagées dans l’objectif d’assurer le rétablissement de la personne. D’autre part, on mise sur un accroissement de la performance, sur une augmentation de la reddition de compte et sur l’optimisation des ressources pour y arriver. « Ce vocabulaire, omniprésent depuis plusieurs années dans le réseau, cache une sombre réalité, se désole Carolle Dubé. Pour les psychologues, les travailleuses sociales, les techniciennes en travail social, ça signifie encore une fois faire plus avec moins. Les professionnelles croulent déjà sous la paperasse, les dossiers s’accumulent sur leur bureau et l’on voudrait leur en demander davantage ? C’est totalement irréaliste et, je dirais, dangereux pour la santé mentale des intervenantes. Nos membres sont épuisées et subissent des pressions pour performer toujours davantage. Le presto va sauter. » Par conséquent, l’APTS surveillera attentivement la mise en place de la mesure 8 contenue dans le document, qui imposera à chaque établissement l’obligation de se doter d’un PASM pour promouvoir la santé mentale au travail de ses propres employés.
L’APTS a récemment dénoncé la gestion des listes d’attente, notamment en santé mentale. Pour se débarrasser des listes d’attente officielles, de plus en plus de gestionnaires refilent directement aux intervenantes tous les nouveaux patients, au plus grand mépris de leur autonomie professionnelle. « Laissons aux travailleuses sociales le temps de soutenir le réseau et les proches aidants, aux psychologues le temps nécessaire pour développer une relation thérapeutique qui permettra à la personne de reprendre le contrôle sur sa vie et à l’organisateur communautaire les moyens de développer des liens durables avec le réseau communautaire. « Faire ensemble autrement » c’est permettre à toutes ces personnes de se concerter pour proposer le meilleur plan d’intervention sans subir une pression excessive à la performance. Cette pseudo-performance ne résout en rien le problème des listes d’attente. Ce camouflage ne sert pas la population, qui a droit à des services dans des délais raisonnables. En santé mentale, il est primordial de s’attaquer aux problèmes rapidement. Autrement, l’état des personnes se dégrade rapidement. »
L’APTS souhaite toujours rencontrer le ministre pour lui faire part de la réalité concrète vécue par ses membres. En attendant, nous l’invitons à consulter le site leprestovasauter.org pour en apprendre davantage.