Premier ouvrage de synthèse à être publié sur ce qui peine encore à être identifié comme un objet d’étude, le livre de Bélanger avait la qualité d’être accessible, bien illustré, et d’offrir une analyse critique des bons et moins bons coups de ce mouvement social maintenant incontournable du paysage politique.
Il a réussi le tour de force de rédiger l’imposant ouvrage durant ses études en enseignement, et ce principalement à titre bénévole. Il désirait combler la principale lacune du mouvement étudiant : la mémoire institutionnelle. En effet, par définition, les acteurs du mouvement étudiant y sont en moyenne actifs que quelques années. Comment, alors, transmettre une mémoire historique sur la longue durée et ainsi construire une conscience collective suffisamment forte pour être en mesure d’atteindre les buts et objectifs que le mouvement s’est donnés ? Une synthèse historique était l’outil qu’il manquait.
Nos parcours académiques et militants ne nous ont pas fait connaître beaucoup l’homme que fût Pierre Bélanger, et nous voyons là un regret. Cependant, nous avions été fort heureux de rencontrer Pierre à la Nuit de la Philosophie, édition 2008, où nous présentions une conférence intitulée : « Un nouveau champ d’études : le mouvement étudiant ». D’un naturel sympathique, il nous avait encouragé dans notre volonté de développer la recherche dans ce domaine qui peine à légitimer son véritable caractère académique, c’est-à-dire en dehors des seuls cercles militants.
Notre regret est donc de ne pas l’avoir interrogé davantage sur sa démarche intellectuelle l’ayant mené à la rédaction de son ouvrage. Comment était-il perçu au sein du mouvement dont il était à la fois acteur, témoin et en quelque sorte juge ? Comment son livre a-t-il été reçu lors de sa publication ? Pourquoi n’en avoir jamais fait une réédition ? Plusieurs questions qui seront dorénavant entourées d’une plus grande part de mystère.
Pierre Bélanger aura donc été pour nous une inspiration en ce sens que, d’acteur d’un mouvement social dynamique, il en est devenu un historien engagé. Si son œuvre contenait des imperfections et demeure à être parachevée encore aujourd’hui, il faut souligner le caractère avant-gardiste de l’initiative et son impact sur plusieurs générations de militants et militantes. À son tour, donc, il devra figurer dans les prochains livres d’histoire.
Alexandre Leduc MA Histoire
« UGEQ : centrale étudiante » : l’idéologie syndicale et le mouvement étudiant québécois des années 1960
Benoît Lacoursière MA Science politique
« Le mouvement étudiant au Québec de 1983 à 2000 »
Arnaud Theurillat-Cloutier
Étudiant à la maîtrise en philosophie qui travaille à la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire du mouvement étudiant québécois.