En conséquence, plaident les tenants de la droite québécoise, il serait urgent de couper dans le gras (privatiser des services publics) avant que notre embonpoint financier entraîne des complications irréversibles.
Pourtant, ce n’est pas parce que ce discours nous est servi sur une base quotidienne qu’il est fondé pour autant. Lors de notre dernier congrès, M. Damien Contandriopoulos a démontré, nombreux chiffres à l’appui, que si les dépenses de santé augmentent, c’est en grande partie dû à l’augmentation du recours au secteur privé, pas à cause des services publics. Notamment, le fait que la proportion des dépenses publiques en santé soit passée de 80 % à 70 % des dépenses totales a créé un lucratif marché de 3 milliards de dollars. C’est là qu’il faut identifier le responsable de la hausse des coûts.
Par ailleurs, le récipiendaire du prix Nobel de l’économie en 2008, M. Paul Krugman, est venu renforcer de tel propos dans sa chronique du New York Times (http://www.nytimes.com/2011/06/13/opinion/13krugman.html?_r=2&ref=paulkrugman). Citant des études récentes sur le sujet, M. Krugman démontre avec éloquence la supériorité économique du secteur public sur le secteur privé en santé.
Entre autres, il cite le fait que si les dépenses publiques de santé ont augmenté de 400 % entre 1969 et 2009, les primes d’assurance ont quant à elles augmenté de 700 % ! Il en arrive donc à la conclusion que quiconque ayant à cœur la pérennité des finances publiques devrait militer en faveur d’une diminution du rôle du secteur privé, au profit du secteur public.
Voilà de bons arguments qui viennent, encore une fois, souligner la nécessité d’élaborer des solutions et des modèles publics, parce qu’ils sont plus efficaces et plus économiques. Voilà de bons arguments qui devraient refroidir les ardeurs de ceux qui invoquent la canicule pour vendre des tuques et des mitaines…