On se rappellera qu’à la suite de la conclusion d’une entente de principe, intervenue entre les membres des comités de négociation syndical et patronal en juillet 2019, les membres du syndicat avaient rejeté cette entente en raison du fait qu’elle ne comportait aucune amélioration véritable et substantielle au chapitre des salaires.
En vue de venir à bout du différend qui oppose toujours les deux parties, il a été convenu de poursuivre la négociation en présence d’un conciliateur. Le hic ici c’est que « (l)es négociations sont au point mort entre la Sépaq et le syndicat ». Pourquoi en est-il ainsi ? Peut-être à cause du fameux « Cadre financier » du gouvernement Legault. Les salariéEs syndiquées de la Sépaq, des personnes nettement sous-payées, s’attendent à obtenir enfin de véritables hausses salariales, alors que le gouvernement lui ne veut pas d’un règlement qui irait au-delà de son « Cadre financier ».
Résultat, les parties en présence restent sur leur position et la négociation traîne en longueur. En l’absence de la conclusion d’une nouvelle convention collective, le Code du travail prévoit la possibilité d’une période dite de « maraudage ». Qu’est-ce à dire ? Étant donné que la convention collective est échue, depuis plus de neuf mois, et qu’il n’y a ni grève ou ni lock-out en cours présentement, s’offre alors la possibilité pour un syndicat rival ou concurrent de ravir le droit de représenter les salariéEs de l’entreprise où la convention collective n’a pas encore été renouvelée (voir à ce sujet l’article 22 du Code du travail du Québec).
Comment en sommes-nous arrivés dans cette situation de lutte fratricide entre deux organisations syndicales ?
Nous y voyons le résultat d’une seule chose : la volonté du gouvernement du Québec, dans le cadre de la présente négociation avec les salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic (voire même péripublic) d’imposer, coûte que coûte, son rigide « Cadre financier » qui contient des augmentations salariales nettement en dessous de l’indice des prix à la consommation pour les cinq prochaines années.
Dès septembre dernier, il était possible de prévoir que les négociations en lien avec le renouvellement de la convention collective à la Sepaq étaient susceptibles de s’éterniser.
Et pour être en mesure de prévoir une telle chose, il n’était nul besoin d’être « grand clerc ». Il fallait juste observer que nous sommes devant un gouvernement de droite, qui fait dans le populisme et qu’il est prêt à imposer sa vision des choses, même de manière autoritaire, peu importe que cela alimente tristement les divisions et les rivalités, chez les salariéEs syndiquéEs. C’est exactement la situation devant laquelle nous nous retrouvons présentement.
Se pose maintenant une question lourde de conséquences : comment la situation qui prévaut en ce moment à la Sépaq se répercutera-t-elle pour les 580 000 salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic ? Tout dépend de la lecture critique que les dirigeantEs des organisations syndicales font et feront de la présente conjoncture et tout sera en lien également avec le plan d’action qu’elles et qu’ils seront en mesure de mettre en oeuvre !
C’est donc toujours à suivre !
Yvan Perrier
25 janvier 2020
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