Valorisée tout au long de ce qu’on a appelé la « guerre froide », l’OTAN a été présentée comme la gardienne militaire des libertés. Que voyons-nous maintenant dans l’évolution de cette institution ? Un objectif, étonnement partagé par l’ONU, d’un « maintien de la paix robuste ». Sans crainte des contradictions l’organisation, mise à la disposition des États dominants du monde, passe dans le camp de la violence institutionnelle.
Si le virage s’est fait avec le consentement de tous les gouvernements occidentaux, il reste une opinion publique à faire pencher du côté de la militarisation des rapports internationaux. Parmi ces populations, on voit bien que les engagements financiers, en étant transférés vers le militaire, créent des vides budgétaires que l’on comble au moyen du resserrement des dépenses de service et des coupures dans les salaires et les conditions de travail de fonctionnaires aigris et frustrés qu’on les prennent comme bouc-émissaires.
« La paix robuste » n’a de résultat immédiat que d’inciter davantage à « la haine de l’Occident » parmi les populations démunies. De plus en plus les illusions tombent que le développement et l’élargissement progressif des droits viendraient du modèle des pays dominants. La riposte du Sud se dessine de plus en plus dans des alliances, des traités, des engagements économiques ou autres qui font une promotion bien articulée de l’indépendance des peuples.
Mais pour maintenir son emprise sur une Afrique dévastée, par exemple, l’OTAN participe à une agression de la Libye sous le faux prétexte de « protection des civils ». Ce pays a la réputation, du point de vue africain entre autre, d’avoir développé tout un arsenal de moyens pour favoriser un développement indépendant du continent africain à partir des ressources pétrolières.
Une explication encore très peu répandue, mais qui a l’avantage de s’appuyer sur une analyse réaliste de la géopolitique du monde contemporain, est que l’OTAN manifeste une volonté brutale de préserver une hégémonie mondiale qui se nourrit du sang et de la sueur des peuples. Ceux-ci sont cependant loin de se résigner au destin de subalternes que leur réservent les anciennes puissances coloniales.
Cette conjoncture, et la façon originale d’y répondre pour la dénoncer ou en tirer des leçons politiques, peuvent apporter une contribution non négligeable au processus d’accession ou de consolidation de l’indépendance pacifique et uni par de plus en plus de peuples, y compris le nôtre. L’appel de plusieurs à l’unification des forces indépendantistes, dans un processus encore mal défini, montre qu’on peut répondre aux besoins de notre nation et de sa trajectoire vers son émancipation.
Il n’y a pas de meilleur et de plus urgent moyen connu, pour participer à cette tâche, que de se proposer dès maintenant pour contribuer à construire un processus innovateur qui remettra en cause un pouvoir canadien de plus en plus agressif et qui annonce, de son côté, bien des désastres pour les peuples.
Guy Roy