Tiré de L’Humanité
5 septembre 2024
Des personnalités comme Le Pen, Meloni, Trump et d’autres, ainsi que leurs mouvements, ne sont que la partie émergée de l’iceberg de ce « nouveau bloc bourgeois ».
La situation politique actuelle est marquée par la montée de mouvements et de figures politiques que l’on peut qualifier de fascisantes, telles que Marine Le Pen en France, Giorgia Meloni en Italie ou Donald Trump aux États-Unis, parmi d’autres. Mais, pour comprendre ce phénomène, il importe d’analyser la dynamique de fascisation des droites néolibérales et sociales-libérales à l’échelle nationale et internationale, ainsi que ce
que cela implique pour les forces de gauche, les mouvements sociaux et
les problématiques écologiques.
Il serait naïf ou contre-productif de se concentrer uniquement sur les figures de l’extrême droite sans examiner le phénomène plus large de fascisation qui touche toutes les droites néolibérales et sociales-libérales, dont la Macronie et ses équivalents occidentaux sont parmi les principaux protagonistes.
Ce processus, théorisé par von Hayek et Milton Friedman au cours de la grande dépression des années 1930, et que l’on peut qualifier de néolibéralisme factieux, n’a d’autre but que de renflouer le capitalisme.
Des personnalités comme Le Pen, Meloni, Trump et d’autres, ainsi que leurs mouvements, ne sont que la partie émergée de l’iceberg de ce « nouveau bloc bourgeois » qui œuvre à sortir le capital décadent de sa crise systémique et environnementale.
En effet, derrière ces figures fascisantes se cache, notamment depuis la prétendue crise pétrolière des années 1970, ce bloc bourgeois incarné par les droites classiques et les courants sociaux-libéraux qui cherchent à protéger le capitalisme à tout prix, tout en faisant mine de combattre certains mouvements ouvertement fascistes. Ce soutien implicite entre l’extrême droite, la droite classique et certaines branches du social-libéralisme se manifeste principalement dans la défense du « soldat
Capital ».
Leurs objectifs communs, parfois dissimulés, sont d’autant plus importants qu’ils sont soutenus par des institutions supranationales telles que le FMI, l’OMC, l’Union européenne et l’Otan, dont le rôle crucial dans le maintien de l’ordre néolibéral factieux mondial est à souligner.
Par conséquent, attaquer les figures politiques de l’extrême droite et leurs mouvements, sans analyser l’ensemble des objectifs capitalistes qui les sous-tendent, peut conduire à une compréhension superficielle des enjeux idéologiques et géopolitiques en cours. Pour construire une riposte politique et écologique efficace, il importe de distinguer entre le bloc
électoral et le bloc social. Bien que l’importance du premier ne doive pas être négligée, la priorité doit être donnée à la construction d’un bloc social capable de mener des luttes sociales et écologiques de grande envergure, tout en travaillant à construire des solidarités de classe et des pratiques relevant de ce que nous pourrions qualifier de « quotidienneté
écomuniste ». C’est particulièrement pertinent face à une social-démocratie qui, tout en se réclamant de la gauche, est loin d’être une force de transformation et agit avant tout comme un accompagnateur du néolibéralisme.
La question centrale consiste donc à savoir comment contenir et renverser ce « nouveau bloc bourgeois fascisant », notamment avec la faiblesse des forces qui prétendent incarner un bloc électoral de rupture.
La construction d’un bloc social solide et organisé est indispensable pour contrer efficacement les dynamiques fascisantes. Cela nécessite une mobilisation intense, une éducation politique approfondie et la formation d’alliances stratégiques au sein des mouvements de gauche et progressistes, des forces syndicales, associatives, écologiques et citoyennes, sur de véritables positions de classe. Voilà pourquoi l’analyse
politique de la situation actuelle doit se situer au-delà des figures individuelles et examiner les dynamiques systémiques et idéologiques qui sous-tendent la montée des droites fascisantes.
Quant à la riposte, elle nécessite une claire distinction entre le bloc électoral et le bloc social, capable de porter une véritable transformation politique, sociale, culturelle et écologique. Le rôle du Nord global dans ce processus doit également être pris en compte, car les pays qui le composent jouent un rôle de premier plan dans la perpétuation des
politiques néolibérales factieuses du nouveau front bourgeois à l’échelle
nationale et internationale.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?