Le projet de TransCanada acheminera du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta dont l’extraction émet de 3 à 4 fois plus d’émissions de GES que le pétrole conventionnel du Canada ou des États-Unis.
Pour sa part, le WWF déplore de voir qu’un autre projet de pipeline soit annoncé de façon isolée, en l’absence d’une stratégie énergétique nationale qui tienne compte des changements climatiques. « Nous savons que pour éviter les pires effets du réchauffement, nous devons parvenir à nous sevrer éventuellement des énergies fossiles. Or tous ces projets auront pour effet de nous enfermer encore longtemps dans une économie axée sur le pétrole », affirme Marie-Claude Lemieux, directrice pour le Québec du WWF-Canada.
Le transport par pipeline n’est pas non plus sans danger. Même si les incidents sont plus nombreux avec le transport de pétrole par rail, les volumes de déversements issus de pipelines sont trois fois plus importants selon l’Agence internationale de l’énergie. « Peu importe le moyen de transport, les risques ne sont jamais nuls. Il faut plutôt sortir de notre dépendance aux énergies fossiles et repenser nos villes et nos déplacements » déclare Steven Guilbeault, directeur principal chez Équiterre.
Un pétrole destiné à l’exportation
Initialement prévu pour 850 000 barils par jour (b/j), TransCanada annonce maintenant une capacité de 1,1 million b/j, soit un tiers de plus que le controversé projet Keystone XL aux États-Unis de la même compagnie. Or, le Québec n’importe que 400 000 b/j. « Il est évident que ce pétrole est destiné à des marchés d’exportations », dénonce M. Guilbeault.
TransCanada dit miser en priorité sur la sécurité énergétique de l’est du pays, mais a toutefois confirmé que des investisseurs des États-Unis, d’Europe et d’Inde se sont montrés intéressés. Irving Oil a déjà annoncé la construction d’un terminal maritime à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick pour accéder au marché international et TransCanada a confirmé qu’un autre terminal d’exportation serait construit au Québec.
Si le projet concurrent d’Enbridge va de l’avant, l’inversion de la ligne 9 pourrait aussi acheminer 300 000 barils supplémentaires par jour au Québec d’ici 2014. Les audiences publiques de ce projet sont en cours à l’Office national de l’énergie.
À l’aube de la consultation publique sur la vision énergétique de cet automne, Équiterre et le WWF tiennent à rappeler au gouvernement Marois que le Québec a tous les atouts nécessaires pour agir à titre de chef de file dans la lutte au changement climatique.