Nous proposons notamment à Ottawa et à Québec de créer un volet important pour l’assainissement des eaux usées dans le nouveau programme d’infrastructures. D’ailleurs, dans la dernière campagne électorale, les libéraux de Justin Trudeau se sont engagés à collaborer avec les autres ordres de gouvernement pour " protéger les eaux douces du Canada ", grâce notamment à " des investissements en matière d’infrastructures dans les meilleures technologies de traitement des eaux usées ". Ce programme devrait permettre de finaliser le réseau et de mettre à jour les équipements de manière à les rendre plus efficaces et aptes à traiter de nouvelles formes de contaminants (virus, résidus de médicaments, perturbateurs endocriniens...)
Nature Québec est déçu de la faiblesse des conditions d’autorisation posées par Environnement Canada entourant le déversement massif d’eaux usées par la Ville de Montréal. On n’a pas retenu la principale recommandation du comité d’experts pour limiter l’impact, soit l’utilisation d’un navire dont les cales auraient agi comme réservoirs de décantation permettant de limiter les impacts.
Aujourd’hui c’est un jour triste quant à notre capacité de lutter de façon efficace contre la pollution. Nous allons maintenant relever les manches et faire en sorte que ce déversement massif et les dizaines de milliers d’autres surverses qui surviennent chaque année dans les réseaux d’assainissement du Québec ne puissent plus se produire comme si de rien n’était !
Nature Québec offre sa collaboration et celle de ses experts pour la conception et la réalisation d’un plan d’action dont les principaux objectifs seraient :
– Investir de façon accélérée pour réduire la fréquence et l’ampleur des débordements (surverses) en créant un volet " infrastructures d’assainissement " dans le nouveau programme d’infrastructures du gouvernement fédéral.
– Accélérer l’implantation du traitement à l’ozone à l’usine d’épuration de Montréal et dans les principales municipalités du Québec. En aval de Montréal, plus du tiers des poissons d’une espèce (le Queue à tache noire) sont hermaphrodites (ont les caractéristiques des deux sexes) en raison des perturbateurs endocriniens présents dans les effluents. Ces substances ont aussi des effets hautement préoccupants sur la santé humaine.
– Accélérer les travaux de restauration de certains cours d’eau de l’île de Montréal encore fortement contaminés par des effluents non interceptés, de mauvais raccordements et le ruissèlement : les ruisseaux Bouchard, Bertrand et de Montigny, ainsi que la rivière à l’Orme.
– Réduire le ruissèlement en augmentant la capacité du sol à absorber les eaux de pluie et de fonte : repenser les stationnements et les saillies de trottoir ; augmenter les espaces verts.
– Que les villes, dont Montréal, contribuent financièrement à la réduction des charges polluantes dont elles sont responsables notamment dans le lac St-Pierre.
Nous vous sommes reconnaissants, cher(e)s sympathisant(e)s, pour votre mobilisation et votre soutien autour de cet enjeu crucial. Nous remercions aussi Pierre Dumont, biologiste et spécialiste reconnu des habitats aquatiques et collaborateur à Nature Québec, pour son appui. Nous proposons une approche rassembleuse, efficace et durable qui s’attaque aux sources du problème. Puissions-nous être écoutés pour éviter d’autres situations comme ce que nous vivons aujourd’hui à Montréal...
Le problème n’est pas que montréalais !
Au Québec, pas moins de 100 municipalités continuent de déverser leurs égouts dans le fleuve et son bassin versant. Tadoussac, Ste-Monique sur la Péribonka, Saint-Michel de Bellechasse et Grande-Vallée font partie du lot.
Plusieurs problèmes environnementaux et de santé provoqués par des effluents d’eaux usées contaminés ont été identifiés. Parmi ceux-ci figurent les répercussions sur les populations de poissons et la faune, l’épuisement d’oxygène, les restrictions liées à la consommation de l’eau potable, la fermeture de plages et autres restrictions en matière d’utilisation récréative de l’eau, les restrictions liées à la pêche, à la cueillette et à la consommation de poissons, de mollusques et de crustacés.
En 2013 seulement, les systèmes d’épuration ont connu 45 512 évènements de surverse pour toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons. Les impacts cumulatifs sur l’environnement sont majeurs et touchent aussi la santé humaine. Il faut que cela cesse. Le fleuve est au cœur de la vie d’une vaste majorité de Québécois. Cette contamination en menace les acquis.