Suite aux soirées d’information sur le nucléaire et la distribution de comprimés d’iode dans un périmètre de 8 km, Le Nouvelliste révélait que les autorités évaluent la possibilité d’élargir ce périmètre. On nous dit d’une part que la zone de 8 km fut déterminée en étudiant le pire scénario possible à G-2 et, d’autre part, qu’il existe une réserve de comprimés pour couvrir une zone de 50 km. Ne serait-il pas logique de distribuer dès maintenant ces comprimés afin que les citoyens les aient immédiatement à leur disposition, puisque seule la rapidité de la prise de ce médicament est garante de son efficacité ? Il aura donc fallu la catastrophe de Fukushima pour réévaluer les estimations, comme il a fallu les pressions des citoyens il y a quelques années pour décider de la distribution d’iode.
Dans l’évaluation des risques du nucléaire, pense-t-on une petite chose à la fois jusqu’à ce que se produise la grosse chose qui, elle, n’arrive qu’une fois…et tout est fini !!! Fini pour l’agriculture, la faune, la flore, l’eau de nos régions ; fini pour les milliers d’emploi non seulement du nucléaire mais aussi dans toutes les autres activités, dans les commerces, les fermes, les entreprises, les écoles ; finies la valeur des propriétés privées et la vie familiale paisible de citoyens qui se croient en sécurité. N’avons-nous pas le devoir de réfléchir sur ce que vivent les gens de Tchernobyl et de Fukushima suite à ces catastrophes ?
En cas de catastrophe, malgré leurs bonnes intentions, les services d’alerte et de secours pourront-ils joindre tous les citoyens, sur la rue, dans les lieux publics non commerciaux (voies publiques urbaines et rurales, stationnements, parcs, boisés, cours d’eau, champs, etc.), dans leur habitation sans télé ou radio en marche, en train de dormir de jour ou de nuit ? On a posé la question lors des rencontres d’information et la réponse fut : le porte-à-porte et autres idées vagues. Et comment mettre en branle ce type d’intervention de façon efficace, alors que les secouristes eux-mêmes devront se protéger des radiations ? Devront-ils risquer leur santé et même leur propre vie pour alerter et secourir les citoyens ? Et qu’en serait-il si de plus l’accident était causé par une secousse sismique d’ampleur inattendue et pourtant possible dans la Vallée du Saint-Laurent ? Ou par un acte terroriste de moins en moins hypothétique dans le contexte politique actuel ?
Les membres des Chambres de Commerce de la région appuient fortement la réfection de G-2. Je les comprends de penser économie et emplois. Mais se posent-ils les bonnes questions ? Les pro-nucléaires déclarent que le risque est minime, mais sont-ils conscients de tout le sens profond évoqué par le mot minime lorsqu’il est question du nucléaire ? Imaginons Gentilly, Bécancour, Nicolet, Trois-Rivières, Champlain et d’autres municipalités de Mauricie-Centre du Québec devant être évacués : que resterait-il ? Une catastrophe à maîtriser et des milliers de tonnes de déchets radioactifs à contrôler dans une zone contaminée.
Lors des audiences publiques sur la réfection de G2, les commissaires m’ont demandé pourquoi je trouve le nucléaire dangereux. Ma réponse : si l’on doit installer un système de sécurité et d’alerte aussi sophistiqué et dispendieux, n’est-ce pas parce que c’est extrêmement dangereux ! A-t-on besoin d’un tel système pour les énergies renouvelables ? On dit que plus de la moitié des accidents nucléaires sont causés par une erreur humaine, en dépit de tous les systèmes de sécurité. Les employés d’Hydro-Québec seraient-ils exempts de toute erreur humaine ? Face à une telle possibilité, si minime soit-elle mais pourtant bien réelle, ne serait-il pas préférable de développer et exporter l’expertise du démantèlement, puisque plusieurs pays abandonnent le nucléaire et que toutes les centrales devront tôt ou tard être déclassées et démantelées ?
Mon opinion est que nous devons profiter des années du démantèlement pour instaurer des mesures équitables de relance économique régionale.
Hélène Lamothe, Infirmière retraitée, Trois-Rivières