Tiré de Adéquations
Samedi 19 octobre 2024, par Yveline Nicolas
Introduction : la Convention pour la lutte contre la désertification
La notion de "désertification" fait l’objet de débats et de différentes définitions. Le processus en cours de désertification dû aux activités humaines ne doit pas être confondu avec l’existence des déserts, qui sont des écosystèmes spécifiques. Selon l’ONU, entre 2015 et 2019, 100 millions d’hectares de terres saines et productives, dont la formation nécessite des centaines d’années, ont été dégradées chaque année par les activités humaines. 40% des terres de la planète sont actuellement dégradées [1], entrainant une perte de la productivité parfois irréversible.Trois personnes sur quatre dans le monde devraient être confrontées à une pénurie d’eau d’ici à 2050. Un rapport coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) indique que les cours d’eau ont atteint en 2023 un niveau de sécheresse sans précédent depuis plus de trois décennies, annonçant "des perturbations inquiétantes des ressources en eau, alors que la demande ne cesse d’augmenter". [2]
Réchauffement climatique, érosion de la biodiversité et désertification entrent en interaction. Les sécheresses en sont un exemple, elles ont augmenté de près de 30 % depuis 2000, sous l’effet à la fois du réchauffement climatique et de l’érosion des sols. Si l ’Afrique est le continent le plus touché, la désertification ne concerne pas que les pays pauvres ou "désertiques" : le Sud de l’Europe (Espagne, Italie...), l’Australie, les Etats-Unis, etc. sont également directement touchés. Au moins 170 pays dans le monde sont concernés par la dégradation des terres et/ou la sécheresse.
En 2024, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), moins connue que les deux autres conventions internationales issues du Sommet de la Terre en 1992 (climat, diversité biologique) fête son trentième anniversaire. (2024 est aussi l’année de la COP16 sur la Biodiversitéet de la COP29 sur le climat).
La Convention des Nations unies sur la Lutte contre la désertification (CNULCD) donne la définition suivante : « la dégradation désigne des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines. » [3]
Les pays parties à la CNULCD qui se déclarent affectés par la désertification élaborent des Plans d’action nationaux (des indicateurs d’évaluation et de suivi ont été définis) et des objectifs volontaires pour restaurer les terres dégradées. La France ne s’est pas déclarée "affectée par la désertification" selon les termes de la Convention, mais les impacts très forts des changements climatiques, dont l’aridification de certains sols, pourraient l’amener à reconsidérer sa position à l’avenir.
Une "Décennie des Nations unies pour les déserts et la lutte contre la désertification" (2010-2020) visait à prévenir, inverser les processus de dégradation des sols et restaurer les écosystèmes. L’Objectif de développement durable n°15 "Vie terrestre" vise à protéger et restaurer les écosystèmes terrestres, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, stopper et d’inverser la dégradation des sols et enrayer la perte de biodiversité. Une cible 15.3 est notamment de restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030.
Lancée lors de la COP27 climat, l’Alliance Internationale pour la résilience face à la sécheresse, coprésidée par l’Espagne et le Sénégal rassemble 35 Etats et 28 organisations internationales (comme la Commission du climat pourla région du Sahel (CCRS), la Commission centraméricaine pour le climat et l’environnement (CCAD), l’Institut international de gestion de l’eau (IWMI), etc.)
La Journée mondiale contre la désertificationet la sécheresse a lieu chaque année le 17 juin.
Femmes, genre et désertification
Dans les pays pauvres, la désertification aggrave la situation de précarité des paysan-nes et la surcharge de travail des femmes et les filles, d’autant qu’elles subissent des violences et des discriminations sur leurs droits fonciers (au niveau mondial, elles constituent moins de 20% des propriétaires de terres). Or une grande partie d’entre elles aux Suds et notamment en Afrique vivent d’activités agricoles, pastorales et forestières et sont particulièrement dépendantes des ressources naturelles (eau, bois énergie, plantes, etc.).
Mais les femmes sont également vectrices du changement, porteuses de connaissances spécifiques et jouent un rôle central dans l’utilisation et l’entretien des ressources en terres.
C’est pourquoi la Convention sur la désertification reconnaît l’importance des femmes dans la mise en œuvre de la CNULCD, identifiant trois domaines stratégiques de leur engagement : (i) la sensibilisation et la participation à la conception et à la mise en œuvre des programmes ; (ii) les processus de prise de décision que les hommes et les femmes adoptent au niveau local dans la gouvernance du développement, la mise en œuvre et l’examen des programmes d’action régionaux et nationaux (PAR et PAN) ; (iii) le renforcement des capacités, l’éducation et la sensibilisation du public, en particulier au niveau local grâce au soutien d’organisations locales.
Les enjeux de genre sont à l’agenda depuis 1998, à commencer par la demande d’une représentation équitable des femmes et des hommes dans les processus de la Convention. Puis à partir de 2011, les Etats parties à la Convention ont convenu d’un cadre politique pour la promotion du genre, et demandé l’intégration des questions d’égalités entre les sexes dans tous les travaux de la Convention et à tous les niveaux.
Un Plan d’action genre a été adopté en septembre 2017 pour accompagner la mise en œuvre du cadre stratégique 2018-2030 de la Convention Désertification. Télécharger en français
Un travail est en cours à la CNULCD, en partenariat avec le réseau international World Overview of Conservation Approaches and Technologies (WOCAT), sur les méthodologies et pratiques sensibles au genre de gestion soutenable des terres (Sustainable Land Management).
La COP 16 du 2 au 13 décembre 2024
Selon l’ONU, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) est "une convention axée sur les personnes, où la société civile et les peuples autochtones, les agriculteurs et les scientifiques, les femmes et les jeunes, les autorités locales et le secteur privé peuvent s’unir pour soutenir une gestion durable des terres".
Lors de la COP16 de la CNULCD), les Etats devraient décider des actions collectives pour :
– Accélérer la remise en état des terres dégradées d’ici 2030,
– Renforcer la préparation, la réaction et la résilience face à la sécheresse,
– Veiller à ce que les terres continuent d’apporter des solutions en matière de climat et de biodiversité,
– Renforcer la résilience face à la recrudescence de tempêtes de sable et de poussière,
– Développer la production alimentaire en respect avec la nature,
– Renforcer les droits fonciers des femmes pour faire progresser la restauration des terres,
– Promouvoir l’engagement de la jeunesse, y compris en matière d’emplois jeune décents basés sur la terre.
Ressources documentaires
– Document de présentation de la COP16 sur la Lutte contre la déserfication, ONU Télécharger
– Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
– Rubrique CNULCD de la COP 16
– [Site web de la présidence COP 16 Ryad [https://www.unccdcop16.org/]->https://www.unccdcop16.org/]
– Cadre stratégique CNULCD 2018-2030. Télécharger
– Suivi de l’évaluation à mi-parcours du Cadre stratégique de la Convention (2018-2030), ONU juillet 2024 Télécharger
– Décennie des Nations unies pour les déserts et la lutte contre la désertification
– Alliance Internationale pour la résilience face à la sécheresse. Site web
Ressources documentaires genre et désertification
– [ Plan d’action genre CNULCD. Télécharger en français ; >https://www.unccd.int/sites/default/files/documents/2018-01/GAP%20FRE%20%20low%20res_0.pdf]
– Actualités et bonnes pratiques genre et désertification
– Processus Gender-responsive Sustainable Land Management, WOCAT et UNCCD. Questionnaire sur les Technologies GDT Sensible au Genre En différentes langues
P.-S.
– 16e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, 21 octobre à 1er novembre 2024 à Cali, Colombie
– 29ème Conférence des Parties à la Convention sur les changements climatiques, 11 au 22 novembre 2024 à Baku, Azerbaïdjan
Notes
[1] soit 5,2 milliards d’hectares sur 13 milliards.
[2] Communiqué https://wmo.int/fr/news/media-centre/un-rapport-de-lomm-signale-une-aggravation-lechelle-planetaire-de-linsuffisance-des-ressources-en
[3] La définition de ces zones bioclimatiques est basée sur la valeur du rapport entre le total annuel des précipitations (P) et la valeur annuelle de l’évapotranspiration potentielle (ETP). Le programme des Nations unies pour l’Environnement définit les zones sèches ayant des valeurs comprises entre 0,05 < P/ETP < 0,65. Les zones hyper-arides (P/ETP < 0,05) considérées comme désertiques ne sont pas prises en compte.
titre documents joints
Plan d’action Genre Convention Désertification (PDF - 110.1 ko)
Convention désertification Rapport sur mise en oeuvre 2024 (PDF - 294.8 ko)
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.
Un message, un commentaire ?