tiré de : Entre les lignes et les mots
Publié le 2 septembre 2021
2° Introduction. Les caractéristiques de l’économie nicaraguayenne montrent que le secteur agro-pastoral est le plus important générateur d’emplois, représentant 43,6% de l’emploi national. Les exportations primaires représentent 29,3% d’un bassin d’emplois d’environ 652 000 emplois. Seuls 12,5% des emplois permanents du secteur de l’exportation agricole sont couverts par l’INSS-Institut nicaraguayen de la sécurité sociale (71 700 travailleurs).
3° Le déclin de l’économie nicaraguayenne entre 2018 et 2020 a été asymétrique, avec un impact plus important sur les secteurs sociaux les plus vulnérables et touchant de manière disproportionnée les ménages à faible revenu, les travailleurs informels, les chômeurs, les femmes et les jeunes.
4° Selon la CEPALC (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes), en 2008, le PIB de l’Amérique centrale, y compris le Panama, était de 134 489,1 millions de dollars et celui du Nicaragua de 6365,3 millions de dollars. En d’autres termes, le Nicaragua, qui possède plus de ressources naturelles, plus d’eau potable, plus de terres arables, etc., ne représentait que 4,73% du PIB de l’Amérique centrale.
5° En 2017, selon The World Fact Book de la CIA, l’économie nicaraguayenne représentait à peine 5,42% de l’économie centraméricaine. En 2019, selon le FMI, elle représentait 4,55% de l’économie de la région. En d’autres termes, treize ans après le pacte d’Ortega avec le grand capital, le Nicaragua reste le pays le plus arriéré de la région d’Amérique centrale.
6° Selon le rapport Doing Business 2020 de la Banque mondiale, Nicaragua se classe comme le troisième pire pays d’Amérique latine pour « faire des affaires », occupant la 142e position (sur 190 économies évaluées dans le monde).
7° Le produit intérieur brut (PIB) réel du Nicaragua estimé par la Banque centrale du Nicaragua (BCN), au cours de la période triennale 2018-2020, après trois années continues de récession économique, la production de biens et services du pays a chuté de -8,75% par rapport au niveau enregistré en 2015.
8° Le PIB a diminué de -2,0% en 2020, soit la troisième année consécutive de contraction, cette fois en raison de la pandémie de Covid-19 et des dégâts causés par les ouragans Eta et Iota en novembre dernier. Le PIB a diminué de -3,7% en 2019, et de -3,4% en 2018.
9° En 2020, le PIB nominal par personne en moyenne annuelle évalué en dollars, publié par le BCN, était égal à 1 914 dollars, très similaire à sa valeur de 1917 dollars enregistrée en 2014. Cet indicateur macroéconomique permet de conclure que l’économie du Nicaragua a régressé de 6 ans à fin 2020.
10° Nonobstant, la faible couverture de la vaccination contre le Covid-19 dans la population et l’effet récessif de la politique monétaire et de la politique fiscale, en 2021, l’économie du Nicaragua présente des performances meilleures que celles observées en 2020, en raison de :
a) Investissements publics financés principalement par des prêts de la Banque centraméricaine d’intégration économique (BCIE).
b) L’augmentation de la consommation des ménages due à l’augmentation des envois de fonds (des émigrés), et également due à la croissance de l’économie des Etats-Unis.
c) La valeur moyenne des transferts de fonds arrivant dans le pays au cours du premier semestre 2021 s’est élevée à 256,6 dollars, soit un montant supérieur de 11,9% aux 229,3 dollars du premier semestre 2020.
d) Les décaissements effectués par la Banque centraméricaine d’intégration économique (BCIE), la Banque interaméricaine de développement (BID), la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) ont dépassé 900 millions de dollars en décembre 2020 et permettent de maintenir la masse salariale du gouvernement.
11° Cependant, les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers, ont stagné ou diminué en raison du risque politique élevé et de l’incertitude des affaires ; de plus, les exportations de marchandises, malgré leur valeur plus élevée due aux prix internationaux des produits de base, ne croissent pas suffisamment pour soutenir une reprise économique significative.
12° Selon la BCN, l’indice de production IMAE (base : 2006 = 100) a atteint en mai 2021 un niveau de 154,5%, très proche des 153,8% enregistrés en mars 2017.
13° Les investissements directs étrangers. Selon le BCN, les investissements directs étrangers (IDE) au Nicaragua ont chuté de 63,8% en 2020, passant de 503 millions de dollars en 2019 à 182,3 millions de dollars en 2020.
14° En 2016, le Nicaragua a attiré 981,1 millions de dollars d’IDE, 1035,4 millions en 2017, 837,6 millions en 2018, 503 millions en 2019 et 182,3 millions en 2020, a précisé la BCN.
15° Chômage. Le problème de l’informalité (travail informel) au Nicaragua est un problème socio-syndical déchirant, présent depuis longtemps, mais encouragé sous le régime Ortega-Murillo. En 2020, seuls 24,12% de la population économiquement active (PEA) cotisaient à l’Institut nicaraguayen de sécurité sociale (INSS) et étaient donc affiliés au système de retraite et de santé ; autrement dit, 72,19% de la PEA étaient dans l’informalité, exclus des prestations et de la sécurité sociale ou au chômage.
16° La légère reprise prévue pour 2021 n’a pas permis de retrouver des emplois de qualité et persistent des niveaux élevés de sous-emploi ou de travail informel, c’est-à-dire que ces travailleurs et travailleuses ne perçoivent pas un revenu suffisant pour acheter un panier alimentaire de base. De plus, l’emploi récupéré n’a pas nécessairement la même qualité.
17° Ceux qui n’ont pas retrouvé de travail sont des sous-employés, c’est-à-dire les personnes qui n’ont pas perdu leur emploi, mais qui ne travaillent pas à plein temps, de sorte que leurs revenus sont inférieurs.
18° Avec la diminution de l’activité dans le secteur des services (hôtels, restaurants, tourisme, banques), de nombreuses personnes ayant fait des études universitaires ou du personnel qualifié, qui se trouvent principalement dans ce secteur, ont perdu leur emploi ou ont vu leurs revenus diminuer.
19° En outre, la reprise de l’emploi est très inégale selon les secteurs économiques, si le secteur primaire compte plus de personnes en emploi, le secteur tertiaire est encore très touché.
20° Tout ce qui précède a stimulé la migration des jeunes et des personnes ayant une certaine formation professionnelle vers les Etats-Unis, le Costa Rica, l’Espagne et d’autres pays de la région.
21° Salaires et pouvoir d’achat. Selon la Banque centrale du Nicaragua (BCN), en décembre 2011, le prix du panier de base de 53 produits était de 10 135,9 córdobas. En 2007, le coût du même panier de base était de 7713,9 córdobas.
22° En décembre 2017, le coût du panier de base de 53 produits était de 13 331,90 córdobas. Parallèlement, en janvier 2018, le salaire nominal moyen des affiliés de l’INSS était de 10 209,3 córdobas. En d’autres termes, le salaire nominal moyen des affiliés à la sécurité sociale était inférieur au coût du panier alimentaire de base.
23° A la fin du mois de décembre 2018, le prix du panier de base a atteint 13 564 córdobas. En juillet 2019, selon les informations de la BCN (Rapport annuel 2019), le coût du panier de base s’élevait à 14 159,76 córdobas, alors que fin 2019, le salaire nominal moyen des affiliés de l’INSS, selon l’Annuaire de statistiques macroéconomiques 2019 de la BCN, était de 11 384,3 córdobas, ce qui ne couvrait pas le coût du panier de base. Plus de la moitié des travailleurs du secteur formel cotisant à l’INSS gagnent moins que ce qui est nécessaire pour garantir les besoins de base d’un ménage, de sorte que de nombreux ménages ont dû « sauter » certains des repas de la journée et/ou se sont privés de nourriture.
A la fin de décembre 2020, le coût du panier alimentaire de base est passé à 14 526,34 córdobas et, enfin, à 15 305,34 córdobas à la fin de juin 2021. En d’autres termes, entre janvier 2018 et juin 2021, le coût du panier alimentaire de base a augmenté de 1973,38 córdobas.
24° Entre janvier 2018 et mars 2021, le salaire nominal ou le montant en córdobas par mois que les travailleurs reçoivent pour leurs services a augmenté de 3,0% cumulativement, passant de 10 685 córdobas en décembre 2017 à 11 006 córdobas par mois en mars 2021. Au cours de la même période, un taux d’inflation national cumulé de 15,1% a été enregistré. Par conséquent, le salaire réel (net d’inflation), ou pouvoir d’achat du salaire, a diminué de 10,4% au cours de la même période.
25° Entre fin décembre 2007 et juin 2021, le coût du panier alimentaire de base est passé de 7713,9 córdobas pour atteindre 15 305,34 córdobas fin juin 2021. En d’autres termes, le coût du panier alimentaire de base a doublé, augmentant la vulnérabilité de la majorité des travailleurs informels et des travailleurs formels en situation de pauvreté salariale.
26° Sortir de la pauvreté n’est pas une décision individuelle. La décision individuelle est liée à la recherche d’un emploi ou à la création de revenus, mais si le marché du travail ne génère pas d’emplois de qualité, avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail, on ne peut rien faire seul. Le marché du travail est une responsabilité partagée : les politiques économiques de la part du gouvernement, les employeurs qui imposent les conditions de travail et les syndicats indépendants, actuellement inexistants, qui doivent défendre les intérêts des travailleurs.
27° La politique de dialogue et de consensus entre le régime et le grand capital a massacré le revenu de la majorité des Nicaraguayens, en général, car l’une de ses politiques était la limitation des salaires (pour augmenter la « compétitivité du pays », disaient-ils), ce qui a précarisé l’emploi, encouragé l’informalité et la sous-traitance, ainsi que toutes sortes de violations du droit du travail. Cette politique a été si brutale que le pouvoir d’achat réel du cordoba a été réduit. L’inflation a impliqué une perte de pouvoir d’achat.
28° Ainsi, la compétitivité et la récupération du pouvoir d’achat tant vantées par le régime Ortega-Murillo, en plus d’être fausses, n’ont abouti qu’à deux choses : le renforcement spectaculaire de la concentration des revenus et des richesses et l’appauvrissement accéléré de millions de Nicaraguayens qui ne disposent pas d’un emploi apte à leur permettre de sortir de la pauvreté.
29° Ces dernières années, un phénomène particulier s’est accentué : de plus en plus de travailleurs vivent dans la pauvreté malgré un emploi et un revenu stable ou relativement stable chaque mois. En d’autres termes, il y a eu une perte cumulée du pouvoir d’achat des salaires.
30° Entre 2007 et 2021, le prix du panier alimentaire a augmenté davantage que les augmentations de salaire perçues par les travailleurs. L’ampleur du pillage est gigantesque, puisqu’il équivaut à avoir aujourd’hui un pouvoir d’achat en termes réels inférieur à un córdoba de 2007. Qui s’est retrouvé avec l’argent perdu des salariés et pourquoi ? La finalité du marché du travail ne peut être l’accumulation sans limites du capital par les employeurs.
31° Restaurer le pouvoir d’achat des salaires n’est pas seulement un bon argument économique pour stimuler la consommation et relancer l’activité économique. Il s’agit également d’une politique de respect des droits humains fondamentaux des personnes qui, même si elles contribuent au système productif, ne sont pas en mesure d’obtenir les éléments essentiels à leur survie.
32° La dette extérieure. Selon la BCN, au 31 décembre 2011, le solde total de la dette extérieure (y compris celle de l’Etat et du secteur privé) atteignait 7629,6 millions de dollars. Au premier trimestre de 2021, la dette extérieure du Nicaragua s’élevait à 12 007,2 millions de dollars, soit 95,2% du PIB.
33° La BCN a indiqué que, sur l’endettement total à la fin mars 2021, 7000,1 millions de dollars correspondent au secteur public (55,5% du PIB), et 5007,1 millions de dollars à la dette du secteur privé (39,7% du PIB).
34° Les décaissements au premier trimestre 2021 s’élèvent à 489,8 millions de dollars, dont 34,7% proviennent de créanciers officiels. Sur ce total, 363,7 millions de dollars sont allés au secteur privé et 126,1 millions au secteur public.
35° Les principales activités économiques qui ont reçu des fonds sont l’électricité, le gaz et l’eau (31,4%), l’intermédiation financière (28,6%), le commerce (14,2%) et la construction (12,9%), entre autres, selon le BCN.
36° Le service total de la dette extérieure s’est élevé à 558,3 millions de dollars, dont 502,3 millions de dollars de paiements de capital et 56 millions de dollars de paiements d’intérêts et de commissions. Sur le total des services payés, 86% correspondaient au secteur privé, et le reste au secteur public (14%).
37° Déficit commercial. En mars 2021, le déficit commercial s’est élevé à 383,4 millions de dollars, soit 19,1% de plus que celui enregistré à la même période de 2020, a indiqué le BCN.
38° Le déficit cumulé au cours du premier trimestre a été supérieur de 61,6 millions de dollars à celui enregistré au cours de la même période de 2020 (321,8 millions de dollars), principalement en raison de l’augmentation des importations (171,9 millions de dollars) qui a prévalu sur celle des exportations (110,3 millions de dollars).
39° Les exportations se sont élevées à 897 millions de dollars au cours des trois premiers mois de 2021, soit une augmentation de 14% en glissement annuel, principalement en raison de l’augmentation des volumes d’exportation (10%).
40° Pendant ce temps, les importations jusqu’en mars 2021 ont totalisé 1280,4 millions de dollars, reflétant une croissance de 15,5% en glissement annuel, en raison de l’augmentation de la facture pétrolière (29,9%), des biens d’équipement (24,2%), des biens de consommation (11,0%) et des biens intermédiaires (9,1%).
41° Envois de fonds. Les données de la BCN indiquent qu’en 2008, les envois de fonds représentaient 12% du PIB, soit l’équivalent de 1056,0 millions de dollars provenant d’une population vivant à l’étranger estimée à 691 253 personnes. Le montant moyen des transferts de fonds reçus par les particuliers était de 127 dollars.
42° En 2020, le Nicaragua a capté 1851,4 millions de dollars de transferts de fonds, soit 10% de plus qu’en 2019, représentant 14,6% du PIB du pays, qui a clôturé l’année 2020 à 12 621,5 millions de dollars.
43° Au cours du premier semestre 2021, les Nicaraguayens ont reçu 1030,2 millions de dollars en transferts de fonds familiaux, soit 19,7% de plus qu’au cours de la même période de 2020. Au cours des six premiers mois de 2021, les Nicaraguayens ont reçu 169,6 millions de dollars de plus qu’au cours des six premiers mois de 2020, où ils ont reçu 860,6 millions de dollars en transferts de fonds.
En mai 2021, sur le total des transferts de fonds reçus, 62,6% provenaient des Etats-Unis (644,7 millions de dollars), suivis par l’Espagne avec 14,8% (152,8 millions) et le Costa Rica avec 12,8% (131,5 millions). Viennent ensuite le Panama avec 3,4% (35,4 millions) et le Canada avec 14,3 millions (1,4%). Ensemble, les Etats-Unis, l’Espagne, le Costa Rica, le Panama et le Canada ont représenté 95,0% du total des transferts de fonds reçus.
44° Environ 20% de la population totale d’origine nicaraguayenne, estimée à 6,7 millions d’habitants, vit actuellement à l’étranger, principalement aux Etats-Unis et au Costa Rica, et beaucoup d’entre eux sont sans papiers.
45° Entre 2017 et 2020, les transferts de fonds ont évolué de 1390,8 millions de dollars à 1851,4 millions. En d’autres termes, l’augmentation est de 550,8 millions.
46° Les envois de fonds constituent un ballon d’oxygène pour les ménages qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour acheter un panier alimentaire de base. On estime qu’environ 670 000 familles au Nicaragua reçoivent des transferts de fonds, la plupart à faible revenu, ce qui explique pourquoi les transferts de fonds sont considérés comme un moteur de l’économie.
47° Les envois de fonds servent principalement à couvrir les dépenses de base et à soutenir les membres de leur famille qui sont au chômage et qui survivent ; avec les montants reçus des envois de fonds, ils paient l’eau, l’électricité et la nourriture, sans lesquels ils ne pourraient pas survivre. Il s’agit de ressources de survie.
48° Conclusion : le Nicaragua n’a aucune perspective de développement avec le maintien de la dictature Ortega-Murillo. Le pays doit changer de cap et pour cela un plan stratégique est nécessaire pour défaire ce qui a déjà été fait et construire des changements qui restructurent l’ordre social, politique, culturel et économique par rapport au modèle de production et de développement actuel.
49° Il existe un processus d’affaiblissement structurel interne de la base sociale de la dictature. La répression, les sanctions internationales, les décès dus au coronavirus et la récession économique réduisent, affaiblissent et érodent la base sociale du régime. Le processus d’attrition ou d’épuisement pourrait finir par faire imploser la dictature.
50° Nous vivons un processus de décomposition de l’Etat (illégitimité, délinquance, féminicide, appauvrissement, malnutrition, etc.) qui amène le Nicaragua à être considéré comme un Etat failli avec une forte probabilité d’implosion interne du régime Ortega-Murillo.
51° Pour l’instant, les tenants du régime ont assez d’argent, en réserve, pour tenir jusqu’en janvier 2022 grâce aux prêts de la BCIE et à l’aide humanitaire des trois organisations multilatérales traditionnelles (BID, BM et FMI), à travers des prêts hautement concessionnels qui ont dépassé les 400 millions de dollars en décembre 2020. Ils leur permettent de maintenir les dépenses publiques. Pour cette raison, ils ne sont pas pressés de négocier ; ils pensent avoir le temps.
52° Le régime Ortega-Murillo va devoir négocier, il ne pourra pas maintenir longtemps son isolement international. Le pays n’a pas la capacité économique de vivre dans un isolement prolongé sans ressources extérieures. Le pays a besoin de prêts, de dons, de transferts de fonds, d’exportations, d’investissements étrangers, etc. ; il est donc très fragile sur le plan économique. C’est son « talon d’Achille ».
53° Dans le même temps, Ortega constate l’ouverture de négociations au Mexique entre Maduro et l’opposition. Le voyage du conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et de son entourage, dont le secrétaire à la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, au Mexique et en Argentine, pourrait indiquer que les Etats-Unis tentent de coordonner leur politique à l’égard du Nicaragua, du Venezuela et de Cuba.
54° Juan Gonzalez, conseiller du président Biden pour l’Amérique latine, a déclaré qu’ils avaient soulevé les questions du Nicaragua, du Venezuela et de Cuba en Argentine. Les Etats-Unis voulaient profiter du leadership de l’Argentine « pour tenter de résoudre ces cas », notamment celui du Nicaragua. L’arrivée de la même délégation américaine au Mexique annoncerait-elle le même problème ? Selon les déclarations de Juan Gonzalez, les Etats-Unis souhaitent que l’Argentine et le Mexique prennent l’initiative de « résoudre le problème du Nicaragua ».
55° Si les négociations de Maduro avec l’opposition fonctionnent, il ne serait pas surprenant qu’Ortega aille dans la même direction. Pour l’instant, il ne change pas de tactique, il va continuer à réprimer, à faire barrage à l’opposition, à gagner du temps et à attendre que les événements se développent.
56° Ortega accepte l’opinion de nombreux analystes internationaux qui soulignent que l’hégémonie mondiale est tripolaire : les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Il mise donc sur le soutien politique de la Russie pour faire contrepoids aux Etats-Unis. Quoi qu’il en soit, Ortega tente de gagner du temps en constatant que le rapport des forces a changé en sa faveur au sein de l’OEA : compte tenu du changement de gouvernement au Pérou et à Sainte-Lucie, de la crise politique au Chili, en Colombie et au Brésil, et de la possible neutralité du Mexique et de l’Argentine.
57° Sur la base de l’expérience vénézuélienne, les Ortega-Murillo estiment que les sanctions internationales ne sont pas suffisantes, sans l’ingrédient interne correspondant, pour provoquer une implosion du régime, raison pour laquelle ils maintiennent la stratégie répressive « tous azimuts » pour empêcher la résurgence des mobilisations sociales internes.
58° L’implosion ne sera pas la même que le tsunami social de 2018, ni les acteurs, ni le timing politique, ni les circonstances, ni le rapport des forces ne seront les mêmes. L’effondrement du régime n’a pas de date prédéterminée, mais le processus d’implosion se poursuit.
59° Le régime Ortega-Murillo ne sait pas que les erreurs politiques quotidiennes ont le même effet que les termites. Elles rongent la structure interne du pouvoir autoritaire. Cependant, pour que l’implosion ait lieu, les termites sociaux doivent provoquer un effondrement des pouvoirs en place, notamment dans les forces armées.
60° L’objectif de la lutte d’avril 2018 continue d’être la construction d’une nouvelle hégémonie et la formation d’un nouveau bloc historique, toutes les forces politiques et sociales poussant en avant dans leur confrontation avec la dictature et ses alliés qui, installés dans le passé, présentent une sérieuse résistance au changement et nient le changement générationnel afin de continuer à monopoliser le pouvoir absolu.
61° Pendant ce temps, le régime continue de suivre la logique du « le pouvoir ou la mort ». Ils ont déjà franchi le « Rubicon », ils ne se soucient pas de sauver les apparences devant la communauté internationale. Leur seule préoccupation est de s’accrocher au pouvoir. Ils pensent que tant qu’ils ont le soutien des forces armées, l’implosion a peu de chances de se produire.
62° Tous ces éléments et variables devront nous permettre d’élaborer les scénarios possibles et probables qui se développent à partir de fin 2021 et de visualiser les possibilités de construire un Frente Único Somos Mayoría (Front unique Nous sommes la majorité).
Oscar-René Vargas
Article reçu le 11 août 202 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/ameriques/amelat/nicaragua/nicaragua-a-la-croisee-des-chemins.html
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